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D’après votre lecture de La Princesse de Clèves et des autres textes du parcours associé, les passions sont-elles condamnables ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail s’appuiera sur l’œuvre de Mme de Lafayette, ainsi que sur les textes que vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre.

Publié le 31/01/2021

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La dissertation littéraire en classe de première Sujet sur La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette D’après votre lecture de La Princesse de Clèves et des autres textes du parcours associé, les passions sont-elles condamnables ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail s’appuiera sur l’œuvre de Mme de Lafayette, ainsi que sur les textes que vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre. Pourquoi ce sujet ? Parce les passions (et nous verrons qu’il y en a de diverses natures !) sont au cœur du roman de Mme de Lafayette. Elles sont à la source de toutes sortes de dérèglements, sur lesquels l’auteur porte manifestement un regard critique. Ce sujet permet également d’articuler au sein d’une réflexion les trois notions du parcours associé (individu, morale, société). La passion est en effet le plus souvent une expérience individuelle, qui peut conduire le sujet à entrer en conflit avec le devoir, avec certaines valeurs, notamment morales et spirituelles, qui peuvent être relayées ou non par la société. Introduction A travers leurs œuvres, les écrivains poursuivent volontiers une réflexion sur les passions humaines, notamment lorsque ces passions entrent en conflit avec les valeurs de la morale et de la religion, qui ont souvent un rôle structurant dans la société. Au XVIIe siècle notamment, les moralistes et les auteurs qui se rattachent à ce courant conduisent une analyse sans concession des passions. Ainsi, quel regard Mme de Lafayette, qui publie anonymement La Princesse de Clèves en 1678, porte-t-elle sur les passions ? Les passions font-elles dans ce roman l’objet d’une condamnation explicite ? On peut rappeler pour commencer l’étymologie du terme qui constitue le cœur du sujet : le mot passion vient du latin passio, formé sur le participe passé du verbe déponent patior qui signifie souffrir, supporter, endurer. Avec une majuscule, ce terme s’utilise également pour faire référence au supplice qui accompagne la mort du Christ. 2 Originellement, la passion est ainsi associée à la souffrance, à un tourment sur lequel il n’est pas de prise possible. Mais le mot s’utilise aussi pour faire référence à un amour exalté et souvent exclusif pour une personne, une occupation ou une chose. Cette exaltation peut contribuer à développer les énergies du sujet qui l’éprouve, et le conduire à se découvrir lui-même et à s’affirmer. Dans cette perspective, la passion peut être perçue positivement. La passion est donc une notion ambivalente, profondément liée à l’individualité du sujet, et l’on comprend aisément qu’elle se situe au cœur de nombreuses œuvres littéraires, notamment romanesques. La Princesse de Clèves se focalise ainsi sur l’analyse d’une passion brûlante entre deux personnages d’exception (par leur rang, leur beauté, leurs qualités intrinsèques…), qui doivent cependant dissimuler les sentiments qu’ils éprouvent à tous ceux qui les entourent. Si cette passion amoureuse occupe le premier plan de cette œuvre, d’autres types de passions sont également représentées (passion jalouse, passion du pouvoir, passion de la grandeur, de la gloire : comme le rappelle Jean-Michel Delacomptée dans son essai justement titré Passions, La Princesse de Clèves est « le roman de tous les amours », « des amours vécus chaque fois sur un mode intense », exalté. Le pluriel du sujet qui nous est proposé se justifie ainsi pleinement. A travers ce roman, Mme de Lafayette poursuit une analyse critique de toutes ces passions, et notamment des tourments qui assaillent le personnage éponyme, partagé entre l’amour violent qu’elle éprouve pour le duc et son attachement à un certain nombre de valeurs, au premier rang desquelles la vertu. Cependant, est-il possible de disqualifier totalement les passions, dans la mesure où celles-ci sont intimement liées à l’appréhension de l’intériorité du sujet, qui constitue à partir de Mme de Lafayette un des objectifs du romancier ? Un romancier peut-il assumer une condamnation complète des passions ?

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« !2!Originellement,! la! passion! est! ainsi! associée! à! la! souffrance,! à! un! tourment! sur! lequel! il!n’est! pas! de! prise! possible.! Mais! le! mot! s’utilise! aussi! pour! faire! référence! à! un! amour!exalté! et! souvent! exclusif! pour! une! personne,! une! occupation! ou! une! chose.! Cette!exaltation! peut! contribuer! à! développer! les! énergies! du! sujet! qui! l’éprouve,!et! le!conduire!à!se!découvrir!lui7même!et!à!s’affirmer.!Dans!cette!perspective,!la!passion!peut!être! perçue! positivement.! La! passion! est! donc! une! notion! ambivalente,! profondément!liée! à! l’individualité! du! sujet,! et!l’on! comprend! aisément! qu’elle! se! situe! au! cœur! de!nombreuses! œuvres! littéraires,! notamment! romanesques.!La# Princesse# de# Clèves!se!focalise! ainsi! sur! l’analyse! d’une! passion! brûlante! entre! deux! personnages! d’exception!(par! leur! rang,! leur! beauté,! leurs! qualités! intrinsèques…),! qui! doivent! cependant!dissimuler!les!sentiments!qu’ils!éprouvent!à!tous!ceux!qui!les!entourent.!Si!cette!passion!amoureuse! occupe! le! premier! plan!de! cette!œuvre,! d’autres! types! de! passions! sont!également!représentées!(passion!jalouse,!passion!du!pouvoir,!passion!de!la!grandeur,!de!la! gloire!:! comme! le! rappelle! Jean7Michel! Delacomptée! dans! son! essai! justement! titré!Passions,!La#Princesse#de#Clèves!est! «!le! roman! de! tous! les! amours!»,! «!des! amours! vécus!chaque! fois! sur! un! mode! intense!»,!exalté.! Le! pluriel! du! sujet! qui! nous! est! proposé! se!justifie! ainsi! pleinement.!A! travers! ce! roman,! Mme! de! Lafayette! poursuit!une! analyse!critique! de! toutes! ces! passions,! et! notamment!des! tourments! qui! assaillent! le!personnage! éponyme,! partagé!entre! l’amour! violent! qu’elle! éprouve! pour! le! duc! et!son!attachement! à! un! certain! nombre! de! valeurs,! au! premier! rang! desquelles! la! vertu.!Cependant,# estDil# possible# de# disqualifier# totalement#les# passions,# dans# la# mesure#où# cellesDci#sont#intimement# liées#à# l’appréhension# de# l’intériorité# du# sujet,# qui#constitue# à# partir# de# Mme# de# Lafayette# un# des# objectifs# du# romancier#?#Un#romancier#peutDil#assumer#une#condamnation#complète#des#passions#?!Nous! montrerons! que!La# Princesse# de# Clèves!est!indéniablement!marquée! par! une!conception!négative!des!passions,!qui!fait!écho!à!celle!que!développent!d’autres!œuvres!à!la! même! époque.! Cependant,! la! passion! ne! saurait! être! totalement! disqualifiée! ni!condamnée!dans!ce!roman,!dans!la!mesure!où!elle!s’accompagne!d’une!découverte,!voire!d’une! affirmation! de! soi.! De! sorte! que! finalement,!l’œuvre!nous! invite! à! une! réflexion!ouverte!sur!la!passion,!bien!éloignée!des!jugements!moraux!trop!tranchés.!!!I.#Une#conception#négative#des#passions#!. »

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