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De quelle vérité l'opinion est-elle capable ?

Publié le 23/03/2005

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Il doit donc y avoir déjà un rapport à la vérité. Au premier abord, l'opinion a avoir avec une vérité personnelle, qui dépend exclusivement de celui qui la pense. L'opinion de telle personne dit la vérité de cette personne. Platon dans La république caractérise l'opinion comme connaissance empirique et inférieure : empirique parce qu'elle ne s'en tient à ce que les sens ou une première approche immédiate de la réalité peuvent procurer et inférieure parce qu'elle n'est pas véritablement issue de la raison. Pourtant il admet que l'opinion puisse être droite et qu'elle est le premier degré de connaissance, même éloignée des exigences rationnelles. Cela veut donc dire que l'opinion peut contenir un début de vérité, une connaissance parcellaire. De plus, il faut bien voir qu'on ne peut chercher ce qui nous est totalement inconnu, sinon on ne saurait pas où chercher. Dès lors l'opinion nous montre un chemin à suivre, même si ce n'est pas le bon. Elle nous donne un point de départ pour notre recherche, qui peut être réfuté. Mais on peut dire que la connaissance n'est jamais immédiate et pleine.

• « L'opinion «

Dans un premier temps il faut jeter sur le papier toutes les définitions de l'opinion qui viennent à l'esprit; ensuite on pourra faire le tri. L'opinion c'est une idée non prouvée; une représentation vague; une idée que l'on tient de quelqu'un d'autre et que l'on n'a pas vérifiée; une idée dont on est convaincu sans véritable preuve mais dont on peut avoir du mal à démordre; une dimension collective: l'opinion publique comme synthèse ou somme de toutes les opinions individuelles sur la bonne façon de gouverner ou de vivre ensemble; opinions que l'on pourrait croire aussi diverses que les individus, mais qui sont largement unifiées par l'analogie des situations et les lieux communs de la conversation.

• « De quelle vérité est-elle capable ? «

La formule, qui fait de l'opinion un sujet capable de ceci ou cela, peut surprendre. Elle peut induire des formulations maladroites dans la dissertation, il faudra y veiller et se rappeler que l'opinion n'a pas une vie propre, elle est pensée par un ou des sujets. N'a-t-elle vraiment aucune vie propre ? Les opinions « circulent « de bouche à oreille et l'on n'en connaît souvent pas l'auteur; et elle acquiert une sorte d'autonomie, de réalité objective, lorsqu'elle est traduite par les « sondages d'opinion « ou par un vote. Il faudra se demander par rapport à quels critères on juge de la vérité de l'opinion : sa fidélité à l'état d'esprit des sujets ? sa valeur scientifique ? son efficacité ? Etc.

« en ce sens que l'on peut parler du début de l'expérimentation et de la rupture avec l'observation courante. Le trait de génie de Galilée consiste en l'association de la science et de la technique et en l'élaboration d'un mécanisme permettant de mesurer les rapports entre les paramètres sélectionnés.

Le dispositif permet aussi decalculer les variations réciproques de l'espace et du temps et d'établir que la distance parcourue par le mobile estproportionnelle au carré du temps de la chute. Enfin, Galilée a su négliger ce qui devait l'être.

ainsi, il n'a pas tenu compte des forces de frottement de la boule sur le plan ou de la résistance de l'air, qui, ralentissent la chute. Kant a su montrer en quoi l'expérimentation rompait avec l'observation : en quoi ici la théorie prenait le pas sur la simple réception de l'expérience première, et en quoi l'effort scientifique visait à poser une question précise à la nature, en inventant les moyens de la contraindre ànous répondre. « Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur un plan incliné avec un degré d'inclination qu'il avait lui-même choisi [...] une lumière se leva pour tous les physiciens.

Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produitelle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à sesquestions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas àune loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ».

Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein .

On ne va du premier au second en amassant des connaissances [...] Il faut au contraire un effort de nouveauté totale.

» Pour Bachelard en effet, les idées et connaissances héritées finissent par former une sorte « d'inconscient » scientifique, qui produit l'impression que tel ou tel axiome, tel ou tel concept sont évidents et vont de soi. Or, « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle malgré l'évidence immédiate. » Bachelard se sert de l'exemple de l'idée de simultanéité pour le montrer.

L'idée de simultanéité est une idée simple, évidente, immédiate. Autrement dit une question que l'on n'éprouve pas le besoin de se poser.

Dans la physique de Newton, si l'on doit, pour étudier le mêmemouvement dans deux repères différents, changer les coordonnées spatiales, il va de soi que la coordonnée temporelle reste identique.

Le mêmephénomène est pensé comme simultanéité dans les deux repères différents.

Or, c'est un fait que la mécanique d' Einstein a su montrer que cette idée prétendument simple de simultanéité était en réalité complexe, et que le temps s'écoulait différemment pour deux observateurs animés devitesses différentes.

On connaît le paradoxe des jumeaux de Langevin .

Si l'on envoie l'un des deux jumeaux dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière, il ne vieillira pas au même rythme que le jumeau resté sur la terre. Cela signifie que l'on passe d'une théorie à l'autre par une redéfinition des concepts initiaux, des notions fondamentales de la physique (ici le temps, mais la physique ondulatoire a amené à une redéfinition de la notion decause).

Il ne s'agit donc pas d'une transition d'un système à un autre, mais d'une révolution, et d'une mutation dansles méthodes et les concepts.

De ce que Bachelard nomme une déformation.

La notion de temps voit son sens radicalement renouvelé du système de Newton à celui d' Einstein . Le mérite de Bachelard est de montrer que l'esprit a toujours l'âge de ses préjugés.

Si l'obstacle premier, inhérent à l'acte même de connaître est la connaissance commune, l'opinion, reste que « l'esprit scientifique est essentiellement une rectification du savoir, un élargissement des cadres de la connaissance.

Il juge son passéhistorique en le condamnant » A une époque qui sombre volontiers dans l'apologie naïve de la science, il n'est pas inutile de rappeler que celle-ci se nourrit de révolutions, de ruptures, s'élabore contre les pensées et les théoriesantérieures.

L'audace scientifique n'a rien à voir avec l'image de calme accumulation de connaissance que le grandpublic s'en fait.

L'opinion n'est qu'apparence Si l'opinion est doxa( apparence), elle se situe à l'égard du monde sensible et mouvant.

C'est pourquoi Platonexprime une méfiance immédiate envers l'opinion.

L'opinion est connaissance des sens et le philosophe grec insistesur le fait que les sens sont trompeurs.De surcroît, l'opinion est souvent reçue et non trouvée : elle dépend du "on dit".

Elle représente ainsi une absencede recherche, une passivité de l'esprit.

Comme le rappelle Heidegger, le "on" est synonyme d'anonymat etd'irresponsabilité.

On doit donc admettre que l'opinion a toujours tort en principe, même s'il lui arrivait d'être dans levrai : c'est qu'elle n'est pas fondée sur la raison, elle ne résulte pas d'un raisonnement et elle est incapable d'êtredéfendue par une argumentation rationnelle.

"L'opinion a, en droit, toujours tort."( La formation de l'espritscientifique, Bachelard) C'est à dire que l'opinion n'a pas toujours tort, mais plutôt qu'elle ne saurait être vraie.

"S'ilarrive à la science sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondentl'opinion"Bachelard.

En d'autres termes, même lorsque l'opinion rencontre la vérité, ce n'est toujours que l'effet dupur hasard.L'opinion implique une adhésion affective.

Un conflit entre deux opinions différentes est par exemple sans issuepuisque chaque parti reste incapable de persuader l'autre en argumentant.

Or la vérité est toujours une, on ne peutpas concevoir qu'il y ait plusieurs vérités sur un même problème ou alors le concept de vérité mourrait.Il semble donc que l'opinion ne soit capable d'aucune vérité.

Bachelard affirmait qu' "on ne peut rien fonder surl'opinion : il faut d'abord la détruire." L'opinion est toujours fautive.

Pour Bachelard ainsi, l'opinion n'a aucune capacité en matière de pensée et ne peut absolument pas prétendre atteindre la vérité, puisqu'elle ne fait que « [traduire] des besoins enconnaissances ».

Il développe ce point dans La formation de l'esprit scientifique . Ce qui pose problème dans l'opinion, ce sont les conditions dans lesquelles elle apparaît : ce ne sont en effet pas des conditions où l'on recherche la vérité, mais où l'on a besoin de prendre position rapidement sans se soucier desavoir si ce que l'on va affirmer est juste ou non.

Les résultats auxquels on peut parvenir par ce biais ne sont jamais. »

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