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Expliquez le texte suivant :Hume, Enquête sur l'entendement humain.

Publié le 11/02/2019

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hume

Expliquez le texte suivant :

 

Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L’inexistence d’un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu’il n’existe pas. même si elle est fausse, ne se conçoit et ne 5 s’entend pas moins que celle qui affirme qu’il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n’est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c’est une proposition fausse et l’on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n’a jamais existé, ou l’ange Gabriel, ou un être îo quelconque n’ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n’impliquent aucune contradiction.

 

On peut donc seulement prouver l’existence d’un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent 15 entièrement sur l’expérience. Si nous raisonnons a priori, n’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi. La chute d’un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d’un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C’est seulement l’expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de 20 l’effet et nous rend capables d’inférer l’existence d’un objet de celle d’un autre.

 

Hume, Enquête sur l'entendement humain.

de 64 est égale à la moitié de 10 », soit 5, parce qu’un simple calcul indique que le cube de 5 est 125, et non 64 : comme « 64 » et « 125 » sont en « contradiction », la proposition est insoutenable. Ce qu’elle énonce n’est en effet pas conforme aux définitions des quantités et des opérations évoquées. En d’autres termes, les mathématiques, bien qu’étant purement logiques, peuvent garantir l’existence de leurs « objets » par la seule conformité à leur définition. Hume préfigure ici amplement ce qu’en dira Kant, mais sans pour autant qualifier d’a priori le travail mené en mathématiques, alors qu’il est pourtant clair, dans ce qu’il écrit ici, que l’existence des concepts mathématiques doit tout à la logique, et n’emprunte rien au domaine empirique.

 

C’est que l’a priori, dans cet extrait, apparaît massivement comme négatif ou déficient. En l’absence de toute garantie « expérimentale », la raison est sans garde-fou et peut se trouver entraînée dans des raisonnements faisant état de relations de causalité totalement invraisemblables : « la chute d’un galet peut, pour autant que nous le sachions » (en l'absence de toute expérience de ce que peut vraiment déterminer cette chute d’un galet), « éteindre le soleil ». En termes généraux : « N’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi », puisque rien ne nous contraint à respecter, toujours si nous raisonnons a priori, une proportion entre la cause et ce que nous lui attribuons comme effet. Pire : une cause « mentale » pourrait avoir des effets « objectifs » ou matériels, comme lorsque nous serons tentés d’admettre que « le désir d’un homme [peut] gouverner les planètes dans leurs orbites ». Dans ces conditions, les déterminations les plus aberrantes sont concevables, et le langage formule des « explications » qui sont, au choix, du domaine du rêve, de la croyance intéressée, du fantasme, de l’imaginaire débridé.

hume

« • Analyse du sujet - Le texte ne révèle son enjeu qu'après plusieurs lectures attentives : il s'agit de déceler sur quoi peut s'appuyer l'affirmation de l'existence de quelque chose.

- Hume montre d'abord que le jugement seul peut indifféremment affirmer l'existence ou l'inexistence d'un objet : il n'y a pas de critère logique permettant de savoir où est la vérité.

Cela est contïrmé par les exemples concernant des êtres « historiques » : leur existence est logique­ ment indécidable.

- Il n'y a que l'expérience qui peut nous permettre de constater des relations de causalité et d'en inférer l'existence de l'objet concerné.

Rai­ sonner a priori (sans expérience) peut toujours mener à des aberrations (ce qui peut avoir des conséquences en métaphysique, mais le texte n'aborde pas cet aspect).

• Pièges à éviter - La notion d'a priori ne doit pas être prise ici uniquement dans son sens kantien : elle désigne bien ce qui est indépendant de l'expérience, mais elle qualifie des raisonnements qui, n'étant pas fondés sur l'expé­ rience, peuvent soutenir n'importe quoi.

- Ne pas confondre « être » et « être humain » : le texte en serait gra­ vement faussé.

- Ne pas utiliser sans la plus extrême attention les concepts de vérité, d'existence, de réalité, que l'on risque aisément de confondre.

CORRIGÉ [Introduction] Puisque nous sommes dotés d'imagination, puisque notre langage nous permet d'élaborer des expressions correctes désignant des êtres purement fantaisistes, il importe, pour qui se soucie de vérité, de vérifier d'abord l'existence de ce dont nous parlons.

Quelles preuves pouvons-nous avoir de l'existence d'un objet? Hume montre ici que notre pensée, livrée seu­ lement à ses propres pouvoirs, ne peut nous en fournir ; seule l'expérience nous permet d'affmner une existence.

Cette dernière relève donc, non d'une démonstration, mais d'un constat empirique.. »

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