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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 allies, avaient cede en

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 allies, avaient cede en quelques jours; ceux de Brabant n'avaient guere tenu plus longtemps; ainsi donc, suivant ces imprudens emigres, la revolution francaise devait etre soumise en une courte campagne, et le pouvoir absolu refleurir sur la France asservie. L'assemblee, irritee plus qu'effrayee de leur presomption, avait propose des mesures, et elles avaient toujours ete differees. Les tantes du roi, trouvant leur conscience compromise a Paris, crurent devoir aller chercher leur salut aupres du pape. Elles partirent pour Rome[2], et furent arretees en route par la municipalite d'Arnay-le-duc. Le peuple se porta aussitot chez Monsieur, qu'on disait pret a s'enfuir. Monsieur parut, et promit de ne pas abandonner le roi. Le peuple se calma; et l'assemblee prit en deliberation le depart de Mesdames. La deliberation se prolongeait, lorsque Menou la termina par ce mot plaisant: L'Europe, dit-il, sera bien etonnee quand elle saura qu'une grande assemblee a mis plusieurs jours a decider si deux vieilles femmes entendraient la messe a Rome ou a Paris. Le comite de constitution n'en fut pas moins charge de presenter une loi sur la residence des fonctionnaires publics et sur l'emigration. Ce decret, adopte apres de violentes discussions, obligeait les fonctionnaires publics a la residence dans le lieu de leurs fonctions. Le roi, comme premier de tous, etait tenu de ne pas s'eloigner du corps legislatif pendant chaque session, et en tout autre temps de ne pas aller au-dela du royaume. En cas de violation de cette loi, la peine pour tous les fonctionnaires etait la decheance. Un autre decret sur l'emigration fut demande au comite. Pendant ce temps, le roi, ne pouvant plus souffrir la contrainte qui lui etait imposee, et les reductions de pouvoir que l'assemblee lui faisait subir, n'ayant surtout aucun repos de conscience depuis les nouveaux decrets sur les pretres, le roi etait decide a s'enfuir. Tout l'hiver avait ete consacre en preparatifs; on excitait le zele de Mirabeau; on le comblait de promesses s'il reussissait a mettre la famille royale en liberte, et, de son cote, il poursuivait son plan avec la plus grande activite. Lafayette venait de rompre avec les Lameth. Ceux-ci le trouvaient trop devoue a la cour; et ne pouvant suspecter son integrite, comme celle de Mirabeau, ils accusaient son esprit, et lui reprochaient de se laisser abuser. Les ennemis des Lameth les accuserent de jalouser la puissance militaire de Lafayette, comme ils avaient envie la puissance oratoire de Mirabeau. Ils s'unirent ou parurent s'unir aux amis du duc d'Orleans, et on pretendit qu'ils voulaient menager a l'un d'eux le commandement de la garde nationale; c'etait Charles Lameth qui, disait-on, avait l'ambition de l'obtenir, et on attribua a ce motif les difficultes sans cesse renaissantes qui furent suscitees depuis a Lafayette. Le 28 fevrier, le peuple, excite, disait-on, par le duc d'Orleans, se porta au donjon de Vincennes, que la municipalite avait destine a recevoir les prisonniers trop accumules dans les prisons de Paris. On attaqua ce donjon comme une nouvelle Bastille. Lafayette y accourut a temps, et dispersa le faubourg Saint-Antoine, conduit par Santerre a cette expedition. Tandis qu'il retablissait l'ordre dans cette partie de Paris, d'autres difficultes se preparaient pour lui aux Tuileries. Sur le bruit d'une emeute, une grande quantite des habitues du chateau s'y etaient rendus au nombre de plusieurs centaines. Ils portaient des armes cachees, telles que des couteaux de chasse et des poignards. La garde nationale, etonnee de cette affluence, en concut des craintes, desarma et maltraita quelques-uns de ces hommes. Lafayette survint, fit evacuer le chateau et s'empara des armes. Le bruit s'en repandit aussitot; on dit qu'ils avaient ete trouves porteurs de poignards, d'ou ils furent nommes depuis chevaliers du poignard. Ils soutinrent qu'ils n'etaient venus que pour defendre la personne du roi menacee. On leur reprocha d'avoir voulu l'enlever; et, comme d'usage, l'evenement se termina par des calomnies reciproques. Cette scene determina la veritable situation de Lafayette. On vit mieux encore cette fois que, place entre les partis les plus prononces, il etait la pour proteger la personne du roi et la constitution. Sa double victoire augmenta sa popularite, sa puissance, et la haine de ses ennemis. Mirabeau, qui avait le tort d'augmenter les defiances de la cour a son egard, presenta cette conduite comme profondement hypocrite. Sous les apparences de la moderation et de la guerre a tous les partis, elle tendait, selon lui, a l'usurpation. Dans son humeur, il signalait les Lameth comme des mechans et des insenses, unis a d'Orleans, et n'ayant dans l'assemblee qu'une trentaine de partisans. Quant au cote droit, il declarait n'en pouvoir rien faire, et se repliait sur les trois ou quatre cents membres, libres de tout engagement, et toujours disposes a se decider par l'impression de raison et d'eloquence qu'il operait dans le moment. Il n'y avait de vrai dans ce tableau que son evaluation de la force respective des partis, et son opinion sur les moyens de diriger l'assemblee. Il la gouvernait en effet, en dominant tout ce qui n'avait pas d'engagement pris. CHAPITRE VI. PROGRES DE L'EMIGRATION.LE PEUPLE SOULEVE ATTAQUE LE DONJON DE VINCE 82 Histoire de la Revolution francaise, tome 1 Ce meme jour, 28 fevrier, il exercait, presque pour la derniere fois, son empire, signalait sa haine contre les Lameth, et deployait contre eux sa redoutable puissance. La loi sur l'emigration allait etre discutee. Chapelier la presenta au nom du comite. Il partageait, disait-il, l'indignation generale contre ces Francais qui abandonnaient leur patrie; mais il declarait qu'apres plusieurs jours de reflexions, le comite avait reconnu l'impossibilite de faire une loi sur l'emigration. Il etait difficile en effet d'en faire une. Il fallait se demander d'abord si on avait le droit de fixer l'homme au sol. On l'avait sans doute, si le salut de la patrie l'exigeait; mais il fallait distinguer les motifs des voyageurs, ce qui devenait inquisitorial; il fallait distinguer leur qualite de Francais ou d'etrangers, d'emigrans ou de simples commercans. La loi etait donc tres difficile, si elle n'etait pas impossible. Chapelier ajouta que le comite, pour obeir a l'assemblee, en avait redige une; que, si on le voulait, il allait la lire; mais qu'il avertissait d'avance qu'elle violait tous les principes. Lisez.... Ne lisez pas.... s'ecrie-t-on de toutes parts. Une foule de deputes veulent prendre la parole. Mirabeau la demande a son tour, l'obtient, et, ce qui est mieux, commande le silence. Il lit une lettre fort eloquente, adressee autrefois a Frederic-Guillaume, dans laquelle il reclamait la liberte d'emigration, comme un des droits les plus sacres de l'homme, qui, n'etant point attache par des racines a la terre, n'y devait rester attache que par le bonheur. Mirabeau, peut-etre pour satisfaire la cour, mais surtout par conviction, repoussait comme tyrannique toute mesure contre la liberte d'aller et de venir. Sans doute on abusait de cette liberte dans le moment; mais l'assemblee, s'appuyant sur sa force, avait tolere tant d'exces de la presse commis contre elle-meme, elle avait souffert tant de vaines tentatives, et les avait si victorieusement repoussees par le mepris, qu'on pouvait lui conseiller de persister dans le meme systeme. Mirabeau est applaudi dans son opinion, mais on s'obstine a demander la lecture du projet de loi. Chapelier le lit enfin: ce projet propose, pour les cas de troubles, d'instituer une commission dictatoriale, composee de trois membres, qui designeront nommement et a leur gre ceux qui auront la liberte de circuler hors du royaume. A cette ironie sanglante, qui denoncait l'impossibilite d'une loi, des murmures s'elevent. Vos murmures m'ont soulage, s'ecrie Mirabeau, vos coeurs repondent au mien, et repoussent cette absurde tyrannie. Pour moi, je me crois delie de tout serment envers ceux qui auront l'infamie d'admettre une commission dictatoriale. Des cris s'elevent du cote gauche. Oui, repete-t-il, je jure.... Il est interrompu de nouveau.... Cette popularite, reprend-il avec une voix tonnante, que j'ai ambitionnee, et dont j'ai joui comme un autre, n'est pas un faible roseau; je l'enfoncerai profondement en terre ... et je le ferai germer sur le terrain de la justice et de la raison.... Les applaudissemens eclatent de toutes parts. Je jure, ajoute l'orateur, si une loi d'emigration est votee, je jure de vous desobeir. Il descend de la tribune apres avoir etonne l'assemblee et impose a ses ennemis. Cependant la discussion se prolonge encore; les uns veulent l'ajournement, pour avoir le temps de faire une loi meilleure; les autres exigent qu'il soit declare de suite qu'on n'en fera pas, afin de calmer le peuple et de terminer ses agitations. On murmure, on crie, on applaudit. Mirabeau demande encore la parole, et semble l'exiger. Quel est, s'ecrie M. Goupil, le titre de la dictature qu'exerce ici M. de Mirabeau? Mirabeau, sans l'ecouter, s'elance a la tribune. Je n'ai pas accorde la parole, dit le president; que l'assemblee decide. Mais, sans rien decider, l'assemblee ecoute. Je prie les interrupteurs, dit Mirabeau, de se souvenir que j'ai toute ma vie combattu la tyrannie, et que je la combattrai partout ou elle sera assise; et en prononcant ces mots, il promene ses regards de droite a gauche. Des applaudissemens nombreux accompagnent sa voix; il reprend: Je prie M. Goupil de se souvenir qu'il s'est mepris jadis sur un Catilina dont il repousse aujourd'hui la dictature[3]; je prie l'assemblee de remarquer que la question de l'ajournement, simple en apparence, en renferme d'autres, et, par exemple, qu'elle suppose qu'une loi est a faire. De nouveaux murmures s'elevent a Gauche. Silence aux trente voix! s'ecrie l'orateur en fixant ses regards sur la place de Barnave et des Lameth. Enfin, ajoute-t-il, si l'on veut, je vote aussi l'ajournement, mais a condition qu'il soit decrete que d'ici a l'expiration de l'ajournement il n'y aura pas de sedition. Des acclamations unanimes couvrent ces derniers mots. Neanmoins l'ajournement l'emporte, mais a une si petite majorite, que l'on conteste le resultat, et qu'une seconde epreuve est exigee. Mirabeau dans cette occasion frappa surtout par son audace; jamais peut-etre il n'avait plus imperieusement subjugue l'assemblee. Mais sa fin approchait, et c'etaient la ses derniers triomphes. Des pressentimens de mort CHAPITRE VI. PROGRES DE L'EMIGRATION.LE PEUPLE SOULEVE ATTAQUE LE DONJON DE VINCE 83
histoire

« Ce meme jour, 28 fevrier, il exercait, presque pour la derniere fois, son empire, signalait sa haine contre les Lameth, et deployait contre eux sa redoutable puissance. La loi sur l'emigration allait etre discutee.

Chapelier la presenta au nom du comite.

Il partageait, disait-il, l'indignation generale contre ces Francais qui abandonnaient leur patrie; mais il declarait qu'apres plusieurs jours de reflexions, le comite avait reconnu l'impossibilite de faire une loi sur l'emigration.

Il etait difficile en effet d'en faire une.

Il fallait se demander d'abord si on avait le droit de fixer l'homme au sol.

On l'avait sans doute, si le salut de la patrie l'exigeait; mais il fallait distinguer les motifs des voyageurs, ce qui devenait inquisitorial; il fallait distinguer leur qualite de Francais ou d'etrangers, d'emigrans ou de simples commercans.

La loi etait donc tres difficile, si elle n'etait pas impossible.

Chapelier ajouta que le comite, pour obeir a l'assemblee, en avait redige une; que, si on le voulait, il allait la lire; mais qu'il avertissait d'avance qu'elle violait tous les principes.

\34Lisez....

Ne lisez pas....\35 s'ecrie-t-on de toutes parts.

Une foule de deputes veulent prendre la parole.

Mirabeau la demande a son tour, l'obtient, et, ce qui est mieux, commande le silence.

Il lit une lettre fort eloquente, adressee autrefois a Frederic-Guillaume, dans laquelle il reclamait la liberte d'emigration, comme un des droits les plus sacres de l'homme, qui, n'etant point attache par des racines a la terre, n'y devait rester attache que par le bonheur.

Mirabeau, peut-etre pour satisfaire la cour, mais surtout par conviction, repoussait comme tyrannique toute mesure contre la liberte d'aller et de venir.

Sans doute on abusait de cette liberte dans le moment; mais l'assemblee, s'appuyant sur sa force, avait tolere tant d'exces de la presse commis contre elle-meme, elle avait souffert tant de vaines tentatives, et les avait si victorieusement repoussees par le mepris, qu'on pouvait lui conseiller de persister dans le meme systeme.

Mirabeau est applaudi dans son opinion, mais on s'obstine a demander la lecture du projet de loi.

Chapelier le lit enfin: ce projet propose, pour les cas de troubles, d'instituer une commission dictatoriale, composee de trois membres, qui designeront nommement et a leur gre ceux qui auront la liberte de circuler hors du royaume.

A cette ironie sanglante, qui denoncait l'impossibilite d'une loi, des murmures s'elevent.

\34Vos murmures m'ont soulage, s'ecrie Mirabeau, vos coeurs repondent au mien, et repoussent cette absurde tyrannie.

Pour moi, je me crois delie de tout serment envers ceux qui auront l'infamie d'admettre une commission dictatoriale.\35 Des cris s'elevent du cote gauche.

\34Oui, repete-t-il, je jure....\35 Il est interrompu de nouveau....

\34Cette popularite, reprend-il avec une voix tonnante, que j'ai ambitionnee, et dont j'ai joui comme un autre, n'est pas un faible roseau; je l'enfoncerai profondement en terre ...

et je le ferai germer sur le terrain de la justice et de la raison....\35 Les applaudissemens eclatent de toutes parts.

\34Je jure, ajoute l'orateur, si une loi d'emigration est votee, je jure de vous desobeir.\35 Il descend de la tribune apres avoir etonne l'assemblee et impose a ses ennemis.

Cependant la discussion se prolonge encore; les uns veulent l'ajournement, pour avoir le temps de faire une loi meilleure; les autres exigent qu'il soit declare de suite qu'on n'en fera pas, afin de calmer le peuple et de terminer ses agitations.

On murmure, on crie, on applaudit.

Mirabeau demande encore la parole, et semble l'exiger.

\34Quel est, s'ecrie M. Goupil, le titre de la dictature qu'exerce ici M.

de Mirabeau?\35 Mirabeau, sans l'ecouter, s'elance a la tribune. \34Je n'ai pas accorde la parole, dit le president; que l'assemblee decide.\35 Mais, sans rien decider, l'assemblee ecoute.

\34Je prie les interrupteurs, dit Mirabeau, de se souvenir que j'ai toute ma vie combattu la tyrannie, et que je la combattrai partout ou elle sera assise;\35 et en prononcant ces mots, il promene ses regards de droite a gauche.

Des applaudissemens nombreux accompagnent sa voix; il reprend: \34Je prie M.

Goupil de se souvenir qu'il s'est mepris jadis sur un Catilina dont il repousse aujourd'hui la dictature[3]; je prie l'assemblee de remarquer que la question de l'ajournement, simple en apparence, en renferme d'autres, et, par exemple, qu'elle suppose qu'une loi est a faire.\35 De nouveaux murmures s'elevent a Gauche.

\34Silence aux trente voix! s'ecrie l'orateur en fixant ses regards sur la place de Barnave et des Lameth.

Enfin, ajoute-t-il, si l'on veut, je vote aussi l'ajournement, mais a condition qu'il soit decrete que d'ici a l'expiration de l'ajournement il n'y aura pas de sedition.\35 Des acclamations unanimes couvrent ces derniers mots.

Neanmoins l'ajournement l'emporte, mais a une si petite majorite, que l'on conteste le resultat, et qu'une seconde epreuve est exigee. Mirabeau dans cette occasion frappa surtout par son audace; jamais peut-etre il n'avait plus imperieusement subjugue l'assemblee.

Mais sa fin approchait, et c'etaient la ses derniers triomphes.

Des pressentimens de mort Histoire de la Revolution francaise, tome 1 CHAPITRE VI.

PROGRES DE L'EMIGRATION.\24LE PEUPLE SOULEVE ATTAQUE LE DONJON DE VINCENNES.

\24CONSPIRATION DES Chevaliers du Poignard.\24DISCUSSION SUR LA LOI CONTRE LES EMIGRES.\24MORT DE MIRABEAU.\24INTRIGUES CONTRE-REVOLUTIONNAIRES.\24FUITE DU ROI ET DE SA FAMILLE; IL EST ARRETE A VARENNES ET RAMENE A PARIS.

\24DISPOSITION DES PUISSANCES ETRANGERES; PREPARATIFS DES EMIGRES.

\24DECLARATIONS DE PILNITZ.\24PROCLAMATION DE LA LOI MARTIALE AU CHAMP-DE-MARS.\24LE ROI ACCEPTE LA CONSTITUTION.\24CLOTURE DE L'ASSEMBLEE CONSTITUANTE.

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