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La liberté de pensée est-elle nuisible au pouvoir politique ?

Publié le 29/09/2005

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Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statu de l'homme libre, qui lui permettant de se déplacer, de sortir de son foyer, d'aller dans le monde et de rencontrer d'autres gens en acte et en paroles. Il est clair que cette liberté est précédée par la libération ; pour être libre, l('homme doit s'être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d'homme libre ne découlait pas automatiquement de l'acte de libération. Etre libre exigeait, outre la simple libération,, la compagnie d'autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer - un monde politiquement organisé, en d'autres termes, où chacun des hommes libres pût s'insérer par la parole et par 'l'action. ..La liberté comme fait démontrable et la politique coïncident et sont relative l'une à l'autre comme les deux côté d'une même chose ».  Espace privé, espace public chez ARENDT Alors que la maison et la famille sont le lieu privilégié du travail et de la satisfaction des besoins vitaux, la politique est au contraire par excellence le lieu de l'action humaine, le lieu où les hommes peuvent prononcer des paroles mémorables et produire des actions héroïques. Dans l'espace privé, celui de la famille, règnent l'inégalité (entre mari et femme, entre parents et enfants, entre hommes libres et esclaves), la nécessité et l'asservissement aux besoins du corps. L'espace public est au contraire le lieu de l'égalité (du moins entre tous les citoyens, mais seuls les citoyens ont accès à l'espace public), de la décision, et de la quête, non des moyens du « survivre » assurés dans le cadre de la famille, mais du bien vivre ensemble, dont Aristote faisait l'objet de l'activité politique.Comment se fait-il alors que la politique nous paraisse bien souvent être plus le lieu de l'oppression que de l'épanouissement de la liberté humaine ?

La liberté de penser signifie la possibilité pour tout homme d'exprimer, d'extérioriser ses pensées. Penser librement serait insuffisant s'il n' y avait cette liberté d'expression. La liberté de penser est un véritable pouvoir qui vient se confronter à cet autre pouvoir qu'est le pouvoir politique. Le pouvoir politique est cette instance qui régle et régule la vie publique des citoyens: la liberté de penser serait-elle nuisible au pouvoir poltique? La liberté d'expression et de position des citoyens d'un pays peut-elle remettre en cause les fondements même du pouvoir politique qui est censé respecter et rendre possible autant que se peut la liberté de penser? Que serait un pouvoir politique sans la liberté de penser de ses hommes?

« « La seule liberté les hommes ne la désirent point ; non point pour autre raison (ce me semble) sinon pour ce ques'ils la désiraient, ils l'auraient...

»Par nature l'homme est évidemment influençable mais il est aussi raisonnable et libre.

Comment, dans ces conditionscomprendre l'incompréhensible ?La Boëtie voit dans cet état de fait la conséquence d'une double dénaturation.

Les gouvernés, d'abord, parhabitude, paresse et facilité abdiquent rapidement.

Ils jugent plus confortable de laisser à un tiers le soin de prendreà leur place des décisions.

Les gouvernants, quant à eux, se laissent aller à la spirale de la tyrannie.

Le pouvoirsemble appeler le pouvoir et se découvre être sans limite :« Le tyran ôte tout à tous.

»La Boétie montre aussi — et ce point est probablement le plus intéressant que le tyran pour maintenir sa dominationsait lui associer ceux-là même qu'il domine.

La ruse du gouvernant consiste à rendre complices ses propres sujets deleur servitude : « Ainsi le tyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres.

» L'idée est neuve etimportante, elle suggère que le principe de la servitude volontaire est peut-être à chercher du côté de cettepyramide de servitudes que construit le tyran : remettre en question la tyrannie du Prince, c'est aussi vouloirremettre en cause celle dont chacun semble jouir à un titre ou à un autre dans la société.

Chaque gouverné tienten effet à son tour le rôle du gouvernant.

Tel qui obéit à son Maître se fait aussi obéir de ceux que le Maître a su luisubordonner.

Ainsi la servitude est volontaire dans la mesure où elle paraît être la condition nécessaire aux desseinsde la volonté de maîtrise.

Quel « petit chef » n'est pas prêt à payer du prix de la servilité son pouvoir, aussi dérisoiresoit-il ? TRANSITION Si la liberté de penser reste un véritable combat au sein d'une institution politique, il n'en demeure pas moins vraique cette même liberté de penser peut menacer le pouvoir ou être elle-même menacée par celui-ci. II.

Le pouvoir politique peut-il être sans limite ? 1.

L'action du Prince TEXTE MACHIAVEL Le Prince "On doit bien comprendre qu'il n'est pas possible à un prince, et surtout à un prince nouveau, d'observer dans saconduite tout ce qui fait que les hommes sont réputés gens de bien, et qu'il est souvent obligé, pour maintenirl'État, d'agir contre l'humanité, contre la charité, contre la religion même.

Il faut donc qu'il ait l'esprit assez flexiblepour se tourner à toutes choses, selon que le vent et les accidents de la fortune le commandent : il faut, comme jel'ai dit, que tant qu'il le peut il ne s'écarte pas de la voie du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal[...].

Au surplus, dans les actions des hommes, et surtout des princes, qui ne peuvent être scrutées devant untribunal, ce que l'on considère, c'est le résultat.

Que le prince songe donc uniquement à conserver sa vie et sonÉtat: s'il y réussit, tous les moyens qu'il aura pris seront jugés honorables et loués par tout le monde.

2.

La liberté peut-elle être vide ? TEXTE Hans Jonas Le Principe Responsabilité, p.

390. "En rompant avec le royaume de la nécessité la liberté se prive de son objet , sans lui elle devient aussi vaine que la force sans la résistance.

Une liberté vide, tout comme un pouvoir vide, s'abolit elle-même -ainsi que l'intérêtauthentique portée à l'action entreprise malgré tout.

On n'a pas de peine à s'imaginer sous ces conditions unenostalgie des occasions ou subitement "cela devient sérieux": un tremblement de terre, une inondation, unincendie où tout à coup on doit faire ses preuves et où l'on à le droit de montrer de quelle étoffe on est fait, quandles hommes décidés se séparent des hommes désemparés, les courageux des hésitants, ceux qui sont capables desacrifices des égoïstes, et quand devient actif le sens communautaire que le danger a éveillé.

et si la nature estavare en catastrophe, l'oeuvre humaine de la guerre peut prendre leur place.

Celui qui en a l'âge se souvientencore de l'enthousiasme mal placé avec lequel la jeunesse d'une bourgeoisie matériellement comblée saluait lapremière guerre mondiale (cela fait partie de mes souvenirs allemands) et comment ensuite elle eut à goûter àplus de sérieux mortel que quiconque pouvait le souhaiter.

Ainsi la faim d'une réalité dont on est privé peut-elle sefourvoyer; et si toutes les autres issues sont bouchées cela peut même aller jusqu'au crime, dans lequelégalement à sa manière "cela devient sérieux". TRANSITION Les rapports entre liberté de penser et pouvoir politique sont complexes du fait que chacune se dit être un pouvoirayant une puissance de menace l'un sur l'autre.

A quel moment se manifeste et se légitime cette liberté de penser ?. »

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