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MONTAIGNE Livre Ier, chapitre xxvi: De l'Institution des enfants (composé à la fin de 1579, publié en 1580) (résumé & analyse)

Publié le 11/10/2018

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montaigne

2° principes. — Pourtant cette méditation aboutit non à des réflexions décousues, mais à des principes généraux.

 

Montaigne pense d’abord que plus douceur que violence. Pour que son enfance fût joyeuse, son père l’éveillait au son des instruments ; pour que l’étude du latin fût aisée, il lui choisit un pédagogue qui, étant Allemand, ne savait pas de français, et s’en tenait au latin. Tous ceux qui l’entouraient ne lui parlèrent, bien ou mal, qu’en latin. Il l’apprit donc comme sa langue maternelle. Il faut imiter le père de Montaigne, s’efforcer de faire de l’instruction un plaisir, en sollicitant cette curiosité naturelle qui rend l’effort aisé. Point de« furieux maître d’école ». Point de ces géhennes où l’on travaille quatorze ou quinze heures par jour comme un portefaix. On étudiera dans le cabinet, au jardin, à table ou au lit : « toutes places lui seront études. « Cette éducation aimable est la meilleure, parce que la vie n’est pas faite pour l’austérité, mais pour la joie. Sur ce point Montaigne, en vieillissant, a même cru devoir insister. Une longue addition de l’édition de Bordeaux discute sur le caractère de la vertu. Elle n'est pas « plantée à la tête d’un mont coupé et inaccessible » : elle est « logée dans une belle plaine fleurissante ». Elle n’est pas « cette sotte image triste, querelleuse, débile, menaceuse, mineuse » : elle est « belle, triomphante, amoureuse, délicieuse pareillement et courageuse, ennemie professe et irréconciliable d’aigreur, de déplaisir, de crainte et de contrainte, ayant pour guide Nature, Fortune et Volupté compagnes». C’est, en un mot, la vertu de Montaigne ou celle qu’il s’efforce de pratiquer.

 

Pour y atteindre, nous rejetterons toutes les méthodes des collèges. Nous ne chercherons pas à faire de notre élève un savant à la mode des écoles ; il aura « la tête bien faite » plutôt que « bien pleine ». Le gain de l’étude ne sera pas de savoir plus de choses, mais d'être « devenu meilleur et plus sage ».

La pédagogie à l’époque de Montaigne. — Montaigne a écrit son chapitre sur l’institution [éducation] des enfants pour la comtesse de Gurson. Il était fort lié avec sa famille et il témoignait ainsi son intérêt pour l’enfant que la comtesse allait mettre au monde. Mais c’était aussi pour lui l’occasion de traiter un sujet qui lui tenait à cœur. Il avait été élevé et instruit chez ses parents ; il avait été fort heureux ; puis, il avait passé six ans au collège de Guyenne \"sans aucun fruit\". Il donc de faire le procès des collèges et de leurs méthodes pédagogiques.

 

Elles étaient, en effet, revêches et étroites. Sans doute, on n’était plus au temps dont Rabelais s’était moqué. Les programmes humanistes avaient remplacé ceux du moyen âge scolastique. On n’étudiait plus le Donat, Théodolet, Alanus in parabolis, mais Cicéron, Virgile, Horace. La rhétorique de Cicéron et de Quintilien avait pris (sauf dans les classes de philosophie) la place de la dialectique. Mais cette rhétorique avait gardé souvent les défautsdes scolastiques. Des pédagogues ingénieux avaient classé les «parties du discours », les figures de style. On apprenait comment il convenait exactement d’exprimer l'étonnement, l’admiration, l’indignation, quelles étaient les conditions du style simple, tempéré ou sublime. Pour appliquer les préceptes, on demandait aux élèves de composer le discours d’Œdipe avant de se crever les yeux, ou celui de Sylla avant de se démettre de la dictature. C’est-à-dire qu’ils avaient à chercher dans leurs livres ou leur mémoire des phrases de Cicéron, de Tite-Live ou de Sénèque, à les ordonner selon les règles et à les orner de « figures » prises à Virgile ou à Ovide. On n’exerçait donc que la mémoire et l’ingéniosité à appliquer des recettes de style.

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« On apprenait cette science de mots dans la mal (>ropreté et la cruauté.

L'hygiène n'existait même pas ; les écohers étaient vêtus le plus souvent de hardes haillonneuses ; ils étaient rongés de vermine.

Ils sc battaient à l'occasion si férocement qu'il y avait des blessés et parfois des morts.

Pour les contenir et les mieux pénétrer des vertus de la grammaire ou de la rhétorique, les régents usaient sans discrétion de la férule, du fouet et de la prison : "Vous n'oyez, dit Montaigne, que cris et d'enfants suppl iciés et de maîtres enivrés en leur colère ; » on les guide « d'une trogn_e effroyable », c'est-à-dire qu'on ne les guide pas, on les '' abêtit ,,, La méthode de Montaigne.

-xo Les intentiuus.

-Mon­ taigne n'était pas le seul à se préoccuper de réformer l'institu­ tion des enfants.

Des contemporains, comme la Primaudaye, dans son Académie françai.se, avaient protesté contre la discipline et la méthode des collèges.

Mais Montaigne ne l'a fait qu'à sa � uise et selon sa tête.

Il ne se propose pas d'écrire un traité en torme pour les pédants.

Il donne à la comtesse de Gurson des cons eils non pour tous les enfants, mais pour son enfant qui sera gentilhomme et qui devra mener une vie de gentilhomme, non de procureur ou de docteur.

Il ne donne même pas tous les conseils, mais K une seule fantaisie qu'il a, contraire au commun usage ,, ; la comtesse trouvera aisément ailleurs ceux qui la renseigneront sur « plusieurs autres grandes parties ,, de l'édu­ cation, sur les sciences par exemple.

Le chapitre de Montaigne n'est donc qu'une conversation ; il y faut même chercher autre chose que de la pédagogie.

Il est rédigé en '5ï9 et il est insér(­ dans les Essais.

A cette date, et jusqu'à la fin de sa vie, Mon­ taigne a formé le projet que Pascal jugera sot et qu'il juge fort sage, celui de se peindre.

C'est en faisant de lui un portrait naïf qu'il apprend à bien se connaître, donc à bien se conduire, et qu'il nous enseigne l'art de nous conduire nous-mêmes.

Il y aura donc un peu de tout dans le chapitre :d'abord les sou­ venirs de jeunesse de Montaigne, comment il fut élevé par son p ère, comment il n'apprit rien au collège de Guyenne, sinon à JOuer des tragédies latines ; et puis toutes sortes de confidences : ses goûts pour l'histoire ou la poésie, son amour pour Plu­ tarque, comment il lit, comment il tire profit de ses lectures, sa complexion physique, le style qui lui déplaît, celui qui lui plaît et qu'il fait sien.

L'érudition de Montaigne s'y étale, son habitude de penser à propos de ses livres, d' t< entrelacer ". »

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