Un apprentissage équivaut-il à une démonstration?

« III.

L'EXPÉRIENCE DÉMONSTRATIVE Dans les sciences expérimentales, il y a en apparence un recours au sensible: l'expérience est perçue.

- Mais le montage de l'expérience lui-même suppose un travail purement théorique, l'apparition d'un schéma rationnel explicatif (l'hypothèse) qui est d'abord pensé.

- La mise en place des éléments expérimentaux obéit également à un processus intellectuel: ce qui est mis en œuvre, c'est moins des matériaux (dans leur présence) que leur capacité à figurer (incarner) des concepts.

- Lorsqu'à partir de l'expérience, on énonce par induction la loi, il apparaît que ses éléments sont immédiatement universalisés, c'est-à-dire considérés non pas dans leur aspect empirique, mais au contraire en fonction de leur versant conceptuel.

(Réciproquement, lorsque l'enseignement recourt à un montage expérimental­ en laboratoire de «travaux pratiques» -c'est pour que puisse être vérifié un enseignement théorique, par la sorte d'illustration qu'en donne l'expérience refaite, mais non pour procéder à la découverte de la loi.) CONCLUSION Montrer un objet ou un phénomène, c'est en signaler, au mieux, l'aspect problématique.

A l'inverse, la démonstration a pour but de résoudre les problèmes - et ce dans tous les domaines.

N.B.

Le candidat bien informé de l'esthétique peut recourir à Kant (Critique de la Faculté dejuger) pour, en fin de première partie, indiquer qu'une véritable œuvre d'art montre sans rien démontrer.

En effet: • l'œuvre relève du sensible; • elle tient sa dignité de son mode de constitution (impression de finalité sans fin) et non de son «contenu••; • à l'inverse, l'œuvre qui entend démontrer une thèse fait passer le contenu avant l'organisation formelle (réalisme socialiste, art nazi): elle perd sa dimension artistique.

Cela indique amplement l'écart entre démonstration (conceptuelle-logique) et « monstration" (sensible-empirique).. »