Héritage de la pensée de John Dewey sur l'évaluation

-20701028511500 Sujet L'héritage de la pensée de John Dewey sur les conceptions actuelles de l'évaluation scolaire, et plus particulièrement sur celles des évaluations internationales. Table des matières TOC \o "1-3" \h \z \u I / Introduction PAGEREF _Toc387242434 \h 1 II / Une pensée propice à l'interprétation PAGEREF _Toc387242435 \h 2 III / Une interrogation sur le dualisme méthode / contenu PAGEREF _Toc387242436 \h 3 IV / Une interrogation sur la nature des contenus d'enseignement PAGEREF _Toc387242437 \h 4 V / Une interrogation sur la dimension démocratique de l'éducation PAGEREF _Toc387242438 \h 6 VI / Une interrogation sur le processus de croissance PAGEREF _Toc387242439 \h 7 VII / Une interrogation sur la notion de compétence PAGEREF _Toc387242440 \h 9 VII / Conclusion PAGEREF _Toc387242441 \h 11 Bibliographie des auteurs cités dans ce dossier PAGEREF _Toc387242442 \h I I / Introduction « Pour moi, monsieur, je n'ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter ne m'avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres.. » Sganarelle, in Molière, Dom Juan, Acte III, scène première C'est par l'entremise de mes recherches antérieures sur l'évaluation scolaire qu'a surgi en moi l'idée de ce sujet de note de recherche. La fréquentation des oeuvres de divers chercheurs sur cette thématique m'a, en effet, amené, à plusieurs reprises, à croiser la route de John Dewey, souvent cité en référence par ces auteurs, dont, pour n'en citer que quelques-uns, Linda Allal, Jacques Tardif ou bien encore Bernard Donnadieu. Le séminaire sur les concepts fondamentaux de la pédagogie, programmé dans le cadre de ce master MARSE, m'a donné l'occasion de me confronter aux écrits et la pensée de John Dewey, que je n'appréhendais jusqu'alors que comme référence commune à ces auteurs. Le choix de le retenir, finalement, comme pivot de ma réflexion pour cette note de recherche, s'est opéré suite à la lecture d'un paragraphe de l'article que lui consacrait l'encyclopédie en ligne « Wikipédia ». Celui-ci citait un chercheur, Denis Meuret, de l'université de Bourgogne (IREDU : Institut de Recherche sur l'Education de l'université de Bourgogne), qui établissait en ces termes une filiation entre la pensée de Dewey et le programme international PISA (acronyme pour « Program for International Student Assessment » en anglais, et pour « Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves » en français) : « Au niveau mondial, Meuret considère le programme PISA comme proche de la pensée de Dewey. S'il ne croit pas qu'il ait été conçu par des disciples de Dewey, malgré tout la proximité de démarche est pour lui un signe de la fécondité de la pédagogie de Dewey.» Je me suis alors rendu à la source électronique de cette référence, un article de Denis Meuret, intitulé « Education, Démocratie, Espérance ». Il figure également en version papier, en introduction à l'édition 2011 chez Armand Colin de la traduction en français de deux ouvrages de Dewey, « Démocratie et éducation » et « Expérience et éducation ». C'est à la fin de cet article (pages 17 et 18) qu'il précise la nature de ce lien entre Dewey et l'évaluation. A la lecture de ces quelques lignes, j'ai estimé qu'elles pouvaient constituer un bon fil conducteur de ma note de recherche. J'ai alors mûri le projet d'interroger la proximité que perçoit Muret entre la pensée de Dewey et les conceptions modernes de l'évaluation scolaire, à la lumière des textes de Dewey tirés de son ouvrage « Démocratie et éducation » et de ceux de quelques chercheurs ayant travaillés sur le thème de l'évaluation et citant Dewey parmi leurs références. II / Une pensée propice à l'interprétation Si « Démocratie et éducation » se prête aussi bien à l'exercice d'une note de recherche et d'une mise en questionnement et à l'interprétation, c'est qu'il ne constitue pas un manuel de pédagogie au sens pratique du terme : nulle description de séances, nulle démarche didactique ne figurent dans son contenu. Comme le souligne fort justement Gérard Deledalle, dans sa présentation à l'édition de 1990 de cet ouvrage, « Dewey y traite de l'éducation au niveau des principes. Les problèmes sont abordés d'un point de vue éducatif plutôt que pédagogique» (p.2). Dès lors, à partir de l'énonciation de ces principes, il est laissé, à chaque professionnel de l'éducation, la latitude d'imaginer « la mise en musique pédagogique » de cette pensée. C'est ainsi que nombre de pédagogues et chercheurs ont pu se réclamer de l'influence de Dewey, qui les aiguille « de ses réflexions et de ses croyances, concernant l'esprit et les principes qui doivent guider l'éducateur dans sa recherche d'opérateurs pédagogiques » (p.110). La question de l'évaluation n'échappe pas à cette tentation interprétative. En effet, à aucun moment de son livre, Dewey ne préconise de démarche ou de technique évaluative à destination des enseignants. Lorsqu'il emploie le terme d'évaluation, il se situe au niveau des principes éducatifs et celui-ci s'insère dans un chapitre intitulé « les valeurs éducatives » (Dewey, 1990, Ibid., chapitre XVIII, pp. 297-317). L'évaluation prend, ici, plutôt pour lui le sens d'appréciation, en distinguant celle résultant d'une expérience « directe » réellement vécue, de celle résultant d'une expérience « indirecte » rapportée par le langage ou divers symboles. Dewey y souligne l'importance, voire la prééminence, de la première sur la seconde : « Les critères actifs [de l'évaluation], par opposition à ceux dont on fait seulement profession, dépendent de ce qu'un individu a lui-même jugé très important dans des situations concrètes » (p.300). Et il regrette que l'école privilégie ce canal indirect au détriment de cette expérience directe : « Il y a de bonnes raisons d'affirmer que la valeur si souvent attachée à l'école à la discipline extérieure, aux notes et aux récompenses, aux progrès et aux retards est l'opposé du manque d'attention accordée aux situations de la vie où la signification des faits, des idées, des principes et des problèmes apparaît d'une manière vivante » (Dewey, 1990, Ibid., p.302). Si Dewey fait ici référence à l'évaluation scolaire, à travers les notions de notes et de récompenses, il ne se pronon...