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La grande soeur.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

(Les Dumont ont trois enfants : Lucie douze ans, Claude dix ans, Françoise cinq ans. La maman vient de mourir.) La mère morte, la famille fut un moment sans âme. Le père, écrasé de chagrin, ne retrouvait pas son courage. Ce fut Lucie, la fille aînée, qui le réconforta. Elle aussi, pourtant, avait le coeur déchiré ; mais devant son père accablé, devant son frère et sa petite soeur sans soutien, elle avait senti qu'un grand devoir s'imposait à elle. Il faut manger, ma petite Françoise !... disait-elle. Claude ! il est l'heure d'aller en classe !... » Le soir, quand elle voyait son pere accoudé sur la table, le dos rond et la tête basse, elle s'approchait doucement : Papa ! Tu ferais bien de te coucher. » Elle n'allait plus à l'école. Vaillamment, elle s'était mise à la besogne. Elle n'était ni forte ni très adroite, au début, mais elle s'ingéniait à répéter les gestes qu'elle avait vu faire à sa mère. Elle balayait, lavait, cousait, faisait la cuisine. Elle n'eût pas laissé son frère partir pour l'école avec une blouse déchirée ou des souliers malpropres. L'accompagnant jusqu'à la route, elle lui disait : Prends garde aux automobilistes. » Toute la journée, elle veillait sur sa petite soeur avec un soin jaloux. Le soir, quand le père revenait du travail, il trouvait chaque chose à sa place dans la maison bien propre. Et, sur la table préparée, la soupe fumait comme naguère. Le père regardait la petite ménagère avec des yeux émus. Tu es vaillante et bonne », disait-il. Il avait toujours au coeur son grand chagrin, mais il retrouvait peu à peu son courage. Comme il était seul, maintenant, pour gagner la vie de toute la maisonnée, il travaillait comme jamais encore il n'avait travaillé. Si bien que Lucie lui disait parfois, du ton d'une grande personne très sensée : Ménage tes forces, papa ! » E. PÉROCHON - Les Yeux clairs. Delagrave

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