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LA PATRIE

Publié le 22/02/2012

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(L'histoire se passe en Alsace, après la guerre de 1870-1871.) Ce matin-là, j'étais en retard pour aller à l'école, et j'avais grand-peur d'être grondé, d'autant que M. Hamel nous avait dit qu'il nous interrogerait sur les participes, et je n'en savais pas le premier mot... J'entrai tout essouf flé, j'enjambai le banc, et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors, seu lement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte... Du reste, toute la classe avait quelque chose d'extraor dinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude, les gens du village assis et silencieux comme nous... Pendant que je m'étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans la chaire et, d'une voix douce et grave, il nous dit : « Mes enfants, c'est la der nière fois que je vous fais la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine... Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui, c'est votre dernière leçon de fran çais. Je vous prie d'être bien attentifs. » Ces paroles me bouleversèrent. Ma dernière leçon de français ! Et moi qui savais à peine écrire ! Je n'apprendrais donc jamais ! Il faudrait donc en rester là ! C'est comme M. Hamel. L'idée qu'il fallait partir, que je ne le verrais plus, me faisait oublier les punitions... Pauvre homme ! C'est en l'honneur de cette dernière classe qu'il avait mis ses beaux habits du dimanche ; et, maintenant, je com prenais pourquoi ces vieux du village étaient venus s'asseoir au bout de la salle. C'était, aussi, comme une façon de remercier notre maître de ses qua rante ans de bons services, et de rendre leurs devoirs à la patrie qui s'en allait. J'en étais là dans mes réflexions quand j'entendis appeler mon nom. C'était mon tour de réciter. Que n'aurais-je pas donné pour pouvoir dire tout au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute ! Mais je m'embrouillai aux premiers mots, et je restai debout à me balancer dans mon banc, le coeur gros, sans oser lever la tête. J'entendais M. Hamel qui me parlait : « Je ne te gronderai pas, mon petit Frantz ; tu dois être assez puni. Voilà ce que c'est. Tous les jours on se dit : « Bah ! j'ai bien le temps ; « j'apprendrai demain. » Et puis, tu vois ce qui arrive... Maintenant, ces genslà sont en droit de nous dire : « Comment ! vous prétendiez être Français, et « vous ne savez ni parler ni écrire votre langue ! » On passa à l'écriture. Pour ce jour-là, M. Hamel nous avait préparé des exemples tout neufs, sur lesquels était écrit en belle ronde : France, Alsace, France, Alsace. Il fallait voir comme chacun s'appliquait, et quel silence ! De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans sa chaire et fixant les objets autour de lui, comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'école. Pensez ! Depuis quarante ans il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Quel crève-coeur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses, car il devait partir demain, s'en aller du pays pour toujours !... Tout à coup, l'horloge sonna midi... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand. « Mes amis, dit-il, mes amis... » Mais quelque chose l'étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase. Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu'il put : « Vive la France ! » Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main il nous faisait signe : « C'est fini... allez-vous-en... » D'après Alphonse Daudet - Contes du Lundi. Fasquelle

« Tout àcoup, l'horloge sonnamidi...

M. Hamel se leva, toutpâle, dans sa chaire.

Jamais il nem'avait paru sigrand.

« Mes amis, dit-il,mesamis...

» Maisquelque chose l'étouffait.

Il ne pouvaitpasachever saphrase. Alors il setourna vers le tableau, pritunmorceau decraie, et, en appuyant detoutes ses forces, il écrivitaussi gros qu'il put : « Vive la France ! »Puis ilresta là, la tête appuyéeau mur, et, sans parler,avec sa main ilnous faisaitsigne: « C'est fini...

allez-vous-en...

» D'après Alphonse Daudet -Contes duLundi.

Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que s'est-ilpassédansles écoles d'Alsaceet deLorraine aprèsla guerre de1870-1 &71 ?Pourquoi cet élève avait-il peurd'être grondé? 2. Que remarqua-t-il en arrivant dans la classe ? La tenue du maître, les gens du village. 3.Qu'annonça lemaître ?Qu'éprouva l'enfant? 4.

Que regretta-t-il ?Comment luiapparut sonmaître ? Que comprit-il ? 5. Pourquoi les vieux du village étaientprésents ? 6.Qu'arriva-t-il alors au petit Frantz? Que lui dit le maître? 7.Qu'est-ce que les Allemands allaientêtreendroit de lui dire? 8.

A quoipensait lemaître pendant que lesenfants écrivaient? Que devait-il faire le lendemain ?Comment se termina cette classe ? 3. Réflexions sur la vie. 1.Quand s'aperçoit-on surtoutqu'on est étroitement attachéà sapatrie ? 2.Essayez d'imaginer ce que vouséprouveriez si,aujourd'hui même, on vousdisait : « Vous êtes chassés de votre patrie,allezchercher ailleurs une terre àhabiter ou àcultiver ! » Que regretteriez-vous ? 3.

Que faut-il pour éviter que notre pays soit envahiet que nous soyons réduits en esclavage ? Que notre patrie soit forte, que ses habitantsl'aiment et ladéfendent.

Cecisuppose quels devoirs ? Service militaire,impôts,travail... 4. Comment montrer que vous aimez votrepatrie ? En étudiant sa lan gue, son histoire,enpensant àêtre un bon Français. 4. Actions et problèmes. 1.

«C'est difficile et il y a si longtemps », vous dit votre petite sœur qui étudie l'histoire deFrance. Que lui dites-vous ? 2. La Francearemporté dans unsportunevictoire internationale. « Nous sommes les plus forts », dit Henri.

Que lui répondez-vous? 3»Recherchez les noms de quelques savants ou champions français. Connaissez-vous aussi les noms de quelques savants ou champions étrangers ? 4.

Recherchez les noms de quelques Françaisqui, aucoursdel'histoire, ont contribué à la grandeur de notre Patrie.

Mais quels sont les inconnus qui yont aidé ? Paysans, ouvriers, commerçants, écrivains,artistes,etc. 5. Résolution. La Franceest lerésultat d'unlong passé d'effortset desouffrances. J'aimerai mon pays, je m'efforcerai delebien servir.. »

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