Lettre d'une institutrice l'une de ses anciennes élèves, institutrice comme elle, pour lui énumérer les qualités nécessaires à une bonne institutrice

« ou son indifférence.

Il faut que tu te fasses aimer et craindre à la fois, que tu imposes par l'autorité de ta parole, et que tu séduises par l'affection qui respirera dans tes conseils; que ta surveillance s'étende sur tous les instants de la vic de tes élèves, sur leurs.

amuse­ ments, comme sur leurs études; que tu sois toujours juste et impartiale, et que nulle n'en puisse douter ; que l'égalité de ton humeur atteste le plaisir que tu trouves à t'acquitter de devoirs si multipliés, et que jamais un air d'ennui ne vienne assombrir ton visage et trahir la fatigue ou le dégoût.

Les enfants jugent avec beaucoup de justesse ceux qui les entourent, et de ce jugement dépendent leur confiance, leur atta­ chement et leur docilité.

Avec les familles, montre-toi affable et complaisante, mais sache te maintenir toujours dans cette réserve qui commande la déférence et le respect.

Je ne te parle pas ici, ma chère enfant, des qualités et des vertus qui sont essentielles à la femme, dans quelque condition qu'elle se trouve placée, et je ne te ferai pas l'injure de te rappeler que la piété, la mo­ destie, l'honnêteté dans toute l'acception du mot, sont indispensables dans la carrière que tu embrasses.

Je ne te dirai qu'un mot : ces vertus, il te f!iudra les prati­ quer avec d'autant plus de soin, que l'institutrice doit surtout prêcher d'exemple, si elle veut se concilier l'estime et l'affection générales.

l\lédite ces conseils, ma chère amie, et tâche d'y conformer tes sentiments et ta conduite; tu seras alors réellement une bonne institutrice, et je serai vrai-. »