A quelle(s) condition(s) la justice peut être sans passion ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document


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conscience qu'on peut occuper une position de faiblesse au sein du groupe.
Une solution originale a été apportée à cette question par J.
Rawls .
Son livre Théorie de la justice (paru aux États- unis en 1971) fait date dans l'histoire de la philosophie politique du XX siècle.
Plus personne n'écrit aujourd'hui ences matières, sans se référer d'une façon ou d'une autre à Rawls .
La justice s'organise, selon lui, autour des trois principes suivants:1 / Chaque personne a un droit égal à un système pleinement adéquat de libertés et de droits de base égaux pourtous, compatible avec un même système pour tous.2 / Les inégalités sociales et économiques doivent remplir deux conditions :a) Elles doivent être attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous dans des conditions de justeégalité des chances.b) Elles doivent être au plus grand avantage des membres les plus défavorisés de la société.Le premier principe (1) définit le champ des libertés, le second (2 a) pose la règle de l'égalité des chances, letroisième (2 b) régit la justice économique.
Ces principes sont liés selon un ordre lexical, ce qui signifie que (1) primesur (2), etque (2 a) prime sur (2 b).
Il faut toujours faire respecter ces principes en suivant cet ordre de priorité.
Le rapportde (1) à (2) implique que l'on ne peut sacrifier des libertés pour augmenter le bien-être des gens.
On ne peutrestreindre la liberté qu'au bénéfice de la liberté.
De même (2 a) domine (2 b), ce qui veut dire que la sauvegarde del'égalité des chances est prioritaire par rapport au bien-être.Intéressons-nous maintenant au principe qui concerne directement notre question, le principe (2 b), appelé principede différence.
C'est lui qui organise les inégalités économiques de la façon la plus juste.
Autrement dit, l'État tented'agir sur les inégalités économiques, autant que cela ne remet pas en cause la liberté et l'égalité des chances.Rawls en vient à dire qu'il y aura des inégalités justes et des inégalités injustes.
Les inégalités justes sont celles qui bénéficient aux plus mal lotis.
Par là, Rawls interdit que l'on puisse sacrifier le bien-être de certains pour le bien commun.
On ne tolérera d'augmenter le bien-être des plus riches que si celui des plus défavorisés s'accroîtégalement.Ainsi la justice ne produit pas à proprement parler des inégalités, elle en autorise certaines, qui de ce fait doiventêtre reconnues justes.Du même coup, Rawls résout le problème du mérite.
Le mérite a une signification morale, aussi il n'y a aucun sens à dire que l'on mérite la position sociale que l'on occupe.
En revanche, il est juste que les talents soient récompensés,qu'ils viennent de la nature et/ou de la société.
Le salaire, de ce point de vue-là, ne sanctionne pas.
un quelconquemérite, mais des compétences.
Enfin, les plus talentueux peuvent tirer avantage de leur situation, mais à conditionque ce soit au bénéfice des plus mal lotis.
Par leur capacité, ils sont susceptibles de produire des richesses quipourront profiter aux plus démunis.
Voilà résumé le modèle d'une justice solidaire.
Pour finir, il apparaît que la justice peut être inégalitaire, mais encore qu'elle doit l'être jusqu'à un certain point.
Unesociété juste se doit de tenir compte de l'avis de ses membres.
On ne conçoit plus aujourd'hui, dans nosdémocraties modernes, l'existence d'une justice idéale et parfaite, coupée de la volonté du peuple.
L'égalitarismesystématique a été le discours de quelques grandes utopies qui ont raisonné sur une idée a priori de la justice.Une société rigoureusement égalitariste ne recevra jamais l'adhésion de tous.
La justice nous porte indéniablement àexiger l'égalité avec les autres, mais il y a un seuil au-delà duquel trop d'égalité n'est plus supportable.
Nonseulement cela limiterait notre liberté, mais surtout nous n'acceptons pas d'être traités sur un pied d'égalité avecceux qui valent moins que nous, ceux qui travaillent moins, ceux qui sont moins efficaces, etc.
La justice n'a riend'incompatible avec un certain degré d'inégalité.
Une société n'est pas plus juste qu'une autre sous prétexte qu'elleest plus égalitaire.
Selon Rawls , pour les membres d'une société, placés sous un «voile d' ignorance », c'est-à-dire ne connaissant pas la situation qu'ils occuperont au sein du tissu social, des inégalités sont acceptables, si ellespermettent d'améliorer le sort des plus défavorisés.Pour autant nous ne sommes pas reconduits au point de vue méritocratique, car les inégalités ne sont pas justifiéespar le mérite, mais par le droit pour chacun de développer ses capacités, et de les voir reconnues à leur justevaleur, dans la mesure où les talents de tous profitent à la communauté, et plus particulièrement aux plus mal lotis.La devise de la République française, Liberté, Égalité, Fraternité, se voit éclairée d'un nouveau jour.
Liberté etégalité forment les deux principes de la justice politique.
La justice distributive reposerait, quant à elle, sur lafraternité, plus que sur l'égalité.
La fraternité républicaine devenant solidarité économique.
b.
Par ailleurs, la nature ne connaît que vainqueurs et vaincus, forts et faibles, organisés et désorganisés.
Ces derniers en appellent à une nature supérieure, la Justice.
Nietzsche émet l'idée que la justice est une invention des faibles.
Et cette morale des faibles correspond à la morale de l'homme grégaire, de l'homme esclave.
La justice estainsi pour Nietzsche étroitement liée à la morale décadente issue des Grecs.
Elle a dans l'histoire contribué àéradiquer les forts, les seuls capables de s'extraire de la masse, les seuls capables de commander et de diriger leschoses à partir d'une affirmation de la vie.
La justice est pour Nietzsche le produit des faibles, de ceux qui refusentla vie dans son hétérogénéité, et qui se soumettent aux juges corrompus, tels les prêtres.
Conclusion Il est clair que la justice ne peut se fonder sur une logique du plus fort naturellement.
Mais ce sont les rapportsde force, les conflits entre les individus, qui ont permis d'instaurer une instance supérieure capable de trancher, depeser les actions des hommes.
Toutefois, avec le Christianisme, on voit que tout homme porte en lui-même la.
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