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A quelles conditions l'évidence n'est-elle pas un préjugé ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

  • a) L'opinion

   L'opinion dit qu'il faut «se rendre à l'évidence«, qu'on n'est pas raisonnable si on «nie l'évidence«.  

  •  b) Une objection

   Mais l'évidence est parfois mise en question: il était, par exemple, évident que le Soleil tournait autour de la Terre.

  •  c) Le problème

 L'évidence ne risque-t-elle donc pas de nous faire prendre pour des vérités de simples opinions préconçues ? Il faut se demander à quelles conditions l'évidence n'est pas un préjugé.  

1 l'évidence comme préjugé

2 l'évidence, critère du vrai

3 l'évidence discutée  

« (Méditations, I).

Mais on ne peut douter d'une idée qui est absolument évidente : « Qu'il [le malin génie] me trompetant qu'il voudra, il ne saurait faire que je ne sois rien tant que je penserai être quelque chose.

Cette proposition :Je suis, j'existe, est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit»(ibid., II).

On peut dire que cette expérience intellectuelle primordiale révèle les conditions d'une évidenceauthentique, évidence qui, non seulement n'a rien d'un préjugé, mais présente une vérité radicalement indubitable.Je ne peux pas ne pas tenir pour vraie l'affirmation «Je suis », car même si je le voulais, j'affirmerais encore par làque «je suis» celui qui veut. Les critères de l'évidence philosophique Deux caractères déterminent donc l'évidence cartésienne : la clarté de l'objet pensé (le fait qu'il soit directementprésent, lui et pas un autre, sans obscurité) et la distinction, l'absence de confusion de cet objet avec d'autresobjets.

Une telle évidence, critère de vérité, n'est pas une donnée première, mais une saisie à la fois immédiate(sans intermédiaire entre le sujet connaissant et l'objet connu) et conquise, une évidence qui conclut une démarcherationnelle.

Selon Descartes, les idées vraies sont toutes claires et distinctes et, inversement, ces dernièress'imposent à l'esprit comme évidentes.

Exemple : les vérités mathématiques ou les principes logiques (comme leprincipe de non-contradiction) : au moment où je les pense, claires et distinctes, ces idées m'apparaissent commene pouvant être autres qu'elles ne sont, et même le malin génie que j'imagine n'y change rien (cf.

Méditations, III, §4).

L'enchaînement logique de deux idées n'est lui-même saisi comme valable qu'à travers une intuition qui en perçoitl'évidence.

L'évidence est décidément centrale, qui découvre aussi la valeur de vérité des démonstrations.

Laphilosophie, les sciences, toute connaissance n'est donc vraie que pour un esprit qui perçoit avec une certaineévidence, définie par Descartes, chacune de leurs idées et chacun des liens logiques entre ces idées.

On voit quel'évidence cartésienne, loin d'être source de préjugé, est condition du passage de l'incertitude à la science. « L'évidence est le caractère (ou signe ou critérium) d'une vérité clairement et distinctement conçue qui s'imposeà l'esprit.

» Lagneau, Célèbres Leçons et Fragments, 1950 (posth.) « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence.

» Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934. Préjugé : « Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit.

Le préjugé fait qu'on s'instruit mal.» Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps êtregouvernés par nos appétits et nos précepteurs [...], il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni sisolides qu'ils auraient été si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance.

»Descartes, Discours de la méthode, 1637. « Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie, et ne peut douter de la vérité de la chose.

»Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Nous ne prendrons jamais le faux pour le vrai tant que nous ne jugerons que de ce que nous apercevonsclairement et distinctement.

» Descartes, Principes de la philosophie, 1644. « Descartes n'ayant point mis d'enseigne à l'hôtel de l'évidence, chacun se croit en droit d'y loger son opinion.

»Helvétius, De l'Esprit, 1758.. »

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