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A quelles conditions l'évidence n'est-elle pas un préjugé ?

Publié le 25/03/2004

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a) Kant : il n'y a pas d'intuition intellectuelle

Selon Kant, l'idée que notre esprit pourrait être réellement et immédiatement en présence des objets est, en effet, une illusion. Même la présence de soi à soi n'est pas une véritable intuition intellectuelle de soi : «je n'ai aucune connaissance de moi tel que je suis, mais je me connais tel que je m'apparais à moi-même « (Critique de la Raison pure, P.U.F., p. 135). Plus généralement, le réel n'est jamais perçu en lui-même, mais à travers une élaboration que lui imposent nécessairement les structures de notre esprit (les formes de la sensibilité : espace et temps, les catégories de l'entendement). En conséquence, l'évidence, l'intuition immédiate d'un objet en lui-même, dépasse les bornes des expériences véritables, elle forme une pseudo-connaissance et même une sorte de préjugé, puisque l'esprit n'a la prétention de voir les objets en eux-mêmes que parce qu'il n'a pas, antérieurement, critiqué ses propres pouvoirs. Cette critique, Kant l'entreprend dans son oeuvre.

« On peut douter, si on le juge nécessaire (doute philosophique, non doute ordinaire) :— des évidences sensibles (informations qui viennent des sens, du corps, et que, d'ordinaire, nous tenonsraisonnablement pour vraies immédiatement).

Leur caractère évident ne résiste cependant pas à un doute quicherche une évidence absolue : rien ne m'assure que je ne rêve pas...— des évidences rationnelles elles-mêmes, telles que les vérités mathématiques, si on imagine, comme on le peut,un «malin génie, non moins rusé et trompeur que puissant » qui emploie « toute son industrie à [nous] tromper »(Méditations, I).

Mais on ne peut douter d'une idée qui est absolument évidente : « Qu'il [le malin génie] me trompetant qu'il voudra, il ne saurait faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose (...).

Cetteproposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois enmonesprit» (Ibid., II).On peut dire que cette expérience intellectuelle primordiale révèle les conditions d'une évidence authentique,évidence qui, non seulement n'a rien d'un préjugé, mais présente une vérité radicalement indubitable.

Je ne peux pasne pas tenir pour vraie l'affirmation «Je suis», car même si je le voulais, j'affirmerais encore par là que «je suis» celuiqui veut.• Deux caractères déterminent donc l'évidence cartésienne :— la clarté de l'objet pensé (le fait qu'il soit directement présent, lui et pas un autre, sans obscurité) ;— la distinction, l'absence de confusion de cet objet avec d'autres objets.• Un telle évidence, critère de vérité, n'est pas une donnée première, mais une saisie à la fois immédiate (sansintermédiaire entre le sujet connaissant et l'objet connu) et conquise, une évidence qui conclut une démarcherationnelle.• Selon Descartes, les idées vraies sont toutes claires et distinctes et, inversement, ces dernières s'imposent àl'esprit comme évidentes.

Exemple : les vérités mathématiques ou les principes logiques (comme le principe de non-contradiction) : au moment où je les pense, claires etdistinctes, ces idées m'apparaissent comme ne pouvant être autre qu'elles ne sont, et même le malin génie quej'imagine n'y change rien (cf.

Méditations, III, § 4).• L'enchaînement logique de deux idées n'est lui-même saisi comme valable qu'à travers une intuition qui en perçoitl'évidence.

L'évidence est décidément centrale, qui découvre aussi la valeur de vérité des démonstrations.

Laphilosophie, les sciences, toute connaissance n'est donc vraie que pour un esprit qui perçoit avec une certaineévidence, définie par Descartes, chacune de leurs idées et chacun des liens logiques entre ces idées.

On voit quel'évidence cartésienne, loin d'être source de préjugé, est condition du passage de l'incertitude à la science. 3) l'évidence discutée L'évidence cartésienne n'exclut pas la connaissance discursive, la pensée qui procède par l'intermédiaire duraisonnement.

Mais elle le fonde sur une présence immédiate (sans médiation) à l'objet connu.

C'est ce que refusentles philosophies qui soupçonnent qu'une telle présence est illusoire. a) Kant : il n'y a pas d'intuition intellectuelleSelon Kant, l'idée que notre esprit pourrait être réellement et immédiatementen présence des objets est, en effet, une illusion.

Même la présence de soi àsoi n'est pas une véritable intuition intellectuelle de soi : «je n'ai aucuneconnaissance de moi tel que je suis, mais je me connais tel que je m'apparaisà moi-même » (Critique de la Raison pure, P.U.F., p.

135).

Plus généralement,le réel n'est jamais perçu en lui-même, mais à travers une élaboration que luiimposent nécessairement les structures de notre esprit (les formes de lasensibilité : espace et temps, les catégories de l'entendement).

Enconséquence, l'évidence, l'intuition immédiate d'un objet en lui-même,dépasse les bornes des expériences véritables, elle forme une pseudo-connaissance et même une sorte de préjugé, puisque l'esprit n'a la prétentionde voir les objets en eux-mêmes que parce qu'il n'a pas, antérieurement,critiqué ses propres pouvoirs.

Cette critique, Kant l'entreprend dans sonœuvre. b) « Le crépuscule des évidences »D'une façon plus générale, les sciences contemporaines donnent à penser lesconnaissances objectives plutôt comme des connaissances qui construisentleurs objets que comme une pensée qui les saisit immédiatement.

C'estpourquoi le concept d'évidence paraît inadéquat, lui qui renvoie à l'idée d'uneprésence de l'objet au sujet qui connaît.• Un exemple : la notion d'axiomeDepuis Euclide, on définissait traditionnellement l'axiome comme une proposition mathématique évidente, servant debase aux démonstrations des théorèmes.

Ainsi, «lorsque deux quantités sont égales à une troisième, elles sontégales entre elles».

De cette proposition, nul mathématicien ne doute aujourd'hui encore, elle reste un principelogique majeur, sous cette forme ou sous une autre.

Mais « la notion d'évidence éveille de plus en plus la méfiancedu mathématicien.

Le sentiment de l'évidence est trompeur et son domaine varie selon le tempérament intellectuelde chacun.

Si l'on voulait se reposer sur lui, les esprits intuitifs demanderaient sacs doute qu'on supprimât maintedémonstration, moins évidente pour eux que le théorème qu'elle est censée justifier.

D'autres, au contraire, plusexigeants, refuseraient de reconnaître tel axiome comme inconditionnellement nécessaire.

Et il est vrai que certains. »

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