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A quoi bon penser ?

Publié le 06/08/2005

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 »   Il sera utile également pour cette partie de se référer au scepticisme (à Montaigne, par exemple).   II. Les usages de la pensée   La désillusion à l'égard de la pensée a de multiples motifs, mais cela suffit-il pour préférer ne plus penser ? Malgré toutes ses incertitudes, la pensée semble être un lien puissant de l'homme avec lui-même, dans la mesure où il la possède individuellement et la maîtrise, même imparfaitement. Malgré le risque d'erreur ou d'impuissance, il semble donc important de ne pas renoncer à penser.   Descartes, Discours de la méthode   « Je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si fermement assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre, pour cela, que je n'étais point ; et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais ; au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste que j'avais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été : je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune autre chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est. »   III. La pensée, puissance suprême de l'homme   On peut franchir encore un pas en faisant de la pensée non seulement une constituante - si ce n'est la constituante - fondamentale de l'homme, mais l'attribut qui fait de lui un être unique dans l'univers et doté d'une puissance singulière. Ainsi, malgré les erreurs ou les oppositions qui peuvent la menacer, la pensée doit être cultivée comme l'attribut essentiel de l'être humain, tant dans son rapport à lui-même que dans sa position dans le monde.

L’interrogation « à quoi bon « renferme couramment une nuance de désillusion, de déception : on fait des efforts pour une chose qui nous semble finalement inutile et on se demande pourquoi l’on fait tant d’efforts pour si peu de résultats. Mais si on la prend au pied de la lettre, la nuance de désillusion disparaît, et l’interrogation porte alors sur la destination d’une activité donnée. L’activité ici en question, c’est celle de « penser «. Penser, si on définit ce mot de manière générale, c’est concevoir des idées, des rapports entre les choses, par notre faculté intellectuelle rationnelle, c’est élaborer mentalement des raisonnements. Cela demande un effort, dont l’utilité semble ici remise en cause. Il faudra donc à la fois expliciter ce soupçon porté sur la pensée, et dégager ce que l’exercice de la pensée peut avoir de singulier afin de voir en quoi le fait de penser demeure fondamental pour l’homme, malgré toutes les déceptions que l’on peut connaître à son égard.

« « Je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui lepensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si fermement assuréeque toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que jepouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'iln'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre, pour cela, que je n'étais point ;et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemmentet très certainement que j'étais ; au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste quej'avais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été : je connus de là que j'étais unesubstance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu ni nedépend d'aucune autre chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis,est entièrement distincte du corps, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est.

» III.

La pensée, puissance suprême de l'homme On peut franchir encore un pas en faisant de la pensée non seulement une constituante – si ce n'est la constituante – fondamentale de l'homme, mais l'attribut qui fait de lui un être unique dans l'univers et doté d'unepuissance singulière.

Ainsi, malgré les erreurs ou les oppositions qui peuvent la menacer, la pensée doit être cultivéecomme l'attribut essentiel de l'être humain, tant dans son rapport à lui-même que dans sa position dans le monde. Pascal, Pensées « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant.

Il ne faut pas que l'universentier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer.

Mais, quand l'univers l'écraserait,l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui,l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée.

C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la duréeque nous ne saurions remplir.

Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.». »

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