A quoi bon réfléchir sur nos désirs ?
Publié le 08/03/2005
Extrait du document
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une puissance de subversion qui cherche à investir le corps et les objets, afin de briser la routine, d'inventer desformes nouvelles de vie : « Ce n'est pas le désir qui exprime un manque molaire [1] dans le sujet, c'est l'organisation molaire qui destitue le désir de son être objectif » (L'anti Œdipe) Les deux auteurs dénoncent la subordination du désir aux institutions établies, qui en justifient la répression.
Cesont elles qui introduisent du manque dans le désir, alors que le désir est une puissance de renouveler ettransformer le monde.
Nous dirons donc que la question « A quoi bon réfléchir sur nos désirs ? » se poseeffectivement, dans la mesure où il semble que l'activité de réflexion est non seulement incapable de maîtriser ledésir, mais également indésirable puisqu'elle vise à contrôler cette puissance de subversion et de création qu'il s'agitau contraire de libérer.
II.
Il est inutile de réfléchir sur nos désirs, en raison de la transcendance du désir par rapport à la raison a.
Le désir est intrinsèquement infini, c'est à dire inconnaissable Nous poursuivrons notre argumentation dans le même sens, en montrant à présent que si la réflexion sur le désirparaît bel et bien inutile, c'est sans doute parce que le désir échappe par définition au cadre étroit de la réflexion.En effet, désirer, ce n'est pas la même chose que vouloir.
La volonté porte sur des objets clairement identifiés et ennombre limité vers lesquels nous tendons parce qu'ils servent de moyens aux fins qui sont les nôtres.
En revanche, ily a dans le désir une dimension beaucoup plus vaste, qui répugne à tracer des contours étroits à l'objet du désir.Une représentation bien connue du désir est d'ailleurs celle du tonneau des Danaïdes, qui ne cesse de se vider àmesure qu'il se remplit.
Par conséquent, nous dirons que le désir porte sur l'infini beaucoup plus que sur le déterminé,ce qui fait de lui une tension vers l'inconnaissable beaucoup plus clairement que vers le connu.
Par conséquent,nous dirons qu'il paraît effectivement inutile de réfléchir sur nos désirs, puisque ceux-ci ont une étendue quitranscende nos capacités de réflexion. III.
Le désir amoureux, cas particulier du désir échappant à la réflexion Le cas du désir amoureux est un exemple fondamental pour soutenir la thèse qu'il est inutile de réfléchir sur le désir.En effet, le mythe romantique tout entier repose sur l'idée que le désir amoureux a besoin de l'inconnu pour êtreentretenu.
Le héros romantique tombe précisément amoureux de femmes mystérieuses, comme c'est le cas deDorian Gray dans "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde.
Ce dernier tombe amoureux d'une actrice de théâtreparce qu'elle incarne le mystère de l'éternel féminin en prenant chaque fois un visage différent.
Mais dès que cettefemme entre dans le quotidien, la banalité, Dorian cesse de la désirer ce qui conduit l'ancien objet de sa flamme ausuicide.
Cet exemple montre bien qu'il en va de l'essence même du désir d'avoir pour objet l'inconnaissable, cartoutes les formes du connu (le banal, l'habituel, le déjà vu...) font retomber notre désir jusqu'à l'étouffer.
Parconséquent, nous dirons que l'inutilité de la réflexion sur le désir apparaît avec une clarté particulière dans le cas dudésir amoureux, puisque celui-ci se passe de raisons, de justifications, plonge ses racines dans des régions quiéchappent précisément à notre capacité de réflexion (à savoir l'inconscient).
III. Réfléchir sur nos désirs, le moyen adéquat de parvenir à leur maîtrise ? a.
La force toute puissante du désir : une expression paradoxale de notre liberté.
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