Devoir de Philosophie

A quoi bon respecter la Nature ?

Publié le 22/02/2012

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  Ce devoir suppose d'abord que l'on reconnaisse à la nature et aux espèces non humaines qui la peuplent un droit à exister sans que l'homme les transforme. Or, par définition, le droit implique l'existence de sujets juridiques, et il est a priori difficile d'admettre comme tels des êtres sans conscience (Kant affirmait que l'homme n'a de devoirs qu'envers lui-même, et en aucun cas envers d'autres êtres naturels), a fortiori la « nature » dans son ensemble. De plus, il est habituel de considérer l'existence d'une réciprocité des droits et des devoirs : comment la nature, si nous lui reconnaissons un droit, pourrait-elle avoir des devoirs envers nous (à moins de considérer qu'elle a jusqu'à présent rempli involontairement, du fait de nos techniques, ces prétendus devoirs et qu'il est temps, en échange, de lui accor der des droits pour en constituer une sorte de compensation différée).

« question de protéger l'homme lui-même contre certaines de ses capacités. C'est dans un tel contexte que l'on évoque de plus en plus fréquem ment la nécessité, ou l'urgence, de concevoir un véritable devoir de res pecter la nature, qui serait une voie – peut-être pas la seule – permettant defreiner les méfaits de la techno-science , ou même, si l'on est opti miste, d'y mettre fin.

On doit pourtant sedemander, au-delà de ce que la formule peut avoir de séduisant ou de prometteur, ce que peut signifierexactement un tel devoir de respecter la nature. Ce devoir suppose d'abord que l'on reconnaisse à la nature et aux espèces non humaines qui la peuplent un droit à exister sans que l'homme les transforme .

Or, par définition, le droit implique l'existence de sujets juridiques, et il est a priori difficile d'admettre comme tels des êtres sans conscience (Kant affirmait que l'hommen'a de devoirs qu'envers lui-même, et en aucun cas envers d'autres êtres naturels), a fortiori la « nature » dansson ensemble. De plus, il est habituel de considérer l'existence d'une réciprocité des droits et des devoirs : comment la nature, sinous lui reconnaissons un droit, pourrait-elle avoir des devoirs envers nous (à moins de considérer qu'elle a jusqu'àprésent rempli involontairement, du fait de nos techniques, ces prétendus devoirs et qu'il est temps, en échange,de lui accor der des droits pour en constituer une sorte de compensation différée). III.

Un devoir élargi . Faut-il considérer que la situation à laquelle mène le progrès technique est telle que nous devons réformer lanotion même de droit ? C'est ce que propose Michel Serres, avec l'idée d'un « contrat naturel » qui généralise la réciprocité fondant, dans la philosophie politique, le contrat social.

Un tel contrat naturel se trouve évidemmentbafoué lorsque l'humanité exploite la nature sans rien lui fournir en échange.

Comme il est peu vrai semblable que lanature soit apte à faire valoir son droit, il appartiendrait alors à l'humanité de s'imposer le devoir de la respecter. De la sorte, c'est toujours l'homme qui reste le seul sujet juridique, mais ce qui est attendu de ses décisionsconcerne l'autolimitation de ses droits sur la nature.

Il est clair que, si l'humanité (ou une partie de l'hu manité)parvient à mieux maîtriser l'évolution de sa technique, c'est avant tout pour son propre bien, beaucoup plus quepour celui des arbres ou des araignées, dont la survie n'a de sens que relativement à notre existence.

Mais aussirelativement à l'existence d'une humanité future. On peut en effet considérer que l'humanité d'aujourd'hui a des devoirs par rapport à son propre futur.

La responsabilité doit alors être entendue dans un sens élargi, qui concerne les conséquences les plus lointaines denotre comportement actuel.

Hans Jonas en propose ainsi une définition nouvelle : il nous faut désormais penserl'existence de devoirs à l'égard d'êtres qui ne sont que potentiels, puisque l'humanité a désormais la pos sibilité dese détruire en même temps qu'elle détruit la nature.

La nouvelle responsabilité de l'homme s'exerce à l'égard d'êtres« vulnérables », car on doit garantir les conditions dans lesquelles ils pourront naître et vivre.

D'où une nouvelleformulation de l'impératif catégorique, ne concernant plus seulement l'humanité actuelle (à laquelle « se limite »l'impératif kantien), mais une humanité potentielle : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentique ment humaine sur terre ». Conclusion . Au nom de quelle valeur supérieure la vie humaine devrait-elle ainsi être préservée ? En d'autres termes : pourquoi faut-il qu'il y ait quelque chose – une humanité – plutôt que rien ? Que la réflexion suscitée par lesrelations entre technique et nature débouche ainsi sur une interrogation métaphysique peut surprendre – sauf sil'on admet avec Heidegger que la technique, désormais mondiale, est la version ultime de la philosophie,caractérisée par l'oubli de l'être.

La technique moderne n'est pas seulement liée à la science : son essence réaliseun projet philosophique qui a entremêlé connaissance et puissance pour métamorphoser tous les étants.

Elleconstitue ainsi « la métaphysique poussée jusqu'à son terme » : il n'est alors plus surprenant que, dans un monde où la nature devient pro blématique, « partout l'homme ne rencontre plus que lui-même » et le résultat de ses actions, mais que, ce faisant, « il ne rencontre plus nulle part son être ».. »

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