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A-t-on besoin d'amis?

Publié le 05/12/2012

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Introduction Les anciens grecs plaçaient une question dans le centre de leurs entreprises philosophiques : « comment vivre une vie pleine et heureuse ? «. Et si on analyse les réflexions platoniciennes sur comment atteindre la vérité, les méditations aristotéliciennes sur comment réaliser une bonne vie ou encore les systèmes épicuriens sur comment gagner une plus profonde compréhension de la nature du plaisir, nous trouverions, dans chacun de ces cas, l'idée de l'amitié. Socrate, signale Platon, appréciait l'intimité et l'honnêteté des vraies amitiés « plus que tout l'or de Darius « ; Aristote pensait l'amitié comme étant ce qui rend toutes les autres choses dans la vie dignes d'en avoir (il consacre plus d'espace pour la notion d'amitié dans ses textes sur les vertus qui apportent le bonheur que pour toutes les autres idées) ; Epicure croyait que l'amitié rejoint la sagesse comme les deux grands buts d'une vie bien vécue. Pourquoi l'amitié était-elle d'une si grande importance ? Pour répondre, il nous faut comprendre ses dimensions personnelles et aussi politiques. Pensons, par exemple, aux origines du mot « idiot «, du grec ancien idi?t?s : « quelqu'un qui ne vit que pour soi-même «. Or, Périclès, dans sa célèbre oraison funèbre, fait l'éloge de l'initiative individuelle chez les athéniens mais exclusivement dans la mesure où celle-là contribue pour le plus grand bien, le bien commun. Un « idiot « donc n'aurait pas le droit légitime de faire partie de la Cité, cette collectivité de laquelle dépend notre bonheur. Encore dans ce contexte linguistique, nous pouvons penser à la particularité de l'ancien grec et la forme « double « d'indication, au-delà du singulier et du pluriel (par exemple, le mot ophthalmo désigne à la fois les deux yeux, alors que nous, en français, sommes obligés de dire « les yeux «. Mais le pluriel et la forme duale ne sont pas la même chose !). L'existence même de cette particularité linguistique suggère comment les anciens grecs concevaient le fait de faire une chose ensemble d'une manière qui était tellement intime jusqu'au point qu'elle requiert sa propre conjugaison. Pour mieux comprendre cela, rappelons-nous de la conception aristotélicienne de l'ami comme un « autre soi-même «. Nous, appartenant à une culture post-Lumières, pouvons lire cela et penser qu'Aristote parle d'un ami comme étant une sorte de miroir pour nous-mêmes, quelqu'un avec qui nous nous identifions, mais il s'agit pour Aristote, en fait, de quelque chose de plus « connectée «, plus « dépendante «. Le propre sens de soi-même chez deux amis est, en effet, un seul (comme dans l'exemple des deux yeux), leur existence est conjointe. Je ne peux pas découvrir qui je suis à travers une isolation narcissique ou solipsiste : je ne le fais que par le biais de mes amitiés. Je ne peux pas être pleinement une personne sans un ami, de la même manière qu'il ne peut pas exister un aimant avec un seul pôle magnétique. C'est par un raisonnement de la même nature que l'amitié devient question de politique : être humain c'est faire partie de la société. Ce n'est pas possible de devenir pleinement humain séparé de la société. Tout chez nous dépend de cette interaction et de cette « convivialité « pour se développer, qu'il soit notre langue ou notre capacité d'aimer. Nous verrons donc, dans un premier moment,...

« seulement tant qu’il y a de l’ut ilité et du plaisir impliqués dans la relation, alors que la vraie amitié ne se dissout pas et ne dépend pas nécessairement de ces conjonctures.

Dans son ouvrage Éthique à Nicomaque , Aristote affirme que l ’amitié est en effet une vertu et qu’elle est ce qu ’il y a de plus nécessaire pour vivre car « sans amis, personne ne choisirait de vivre, eût-il tous les autres biens ».

Mais, rappelle-t-il, les divergences d’opinion au sujet de l’amitié sont nombreuses : les uns la définissent comme une sorte de ressembl ance, et disent que ceux qui sont semblables sont amis, et d’autres encore pensent justement le contraire. De la lecture de son œuvre, on comprend qu’il y aurait trois types d’amitié pour lui, à savoir : L’amitié fondée sur l’utilité. L’utilité est quelque chose d’impermanent, qui change selon les circonstances.

Ainsi, avec la disparition de ce principe utile (ou utilitaire) l’amitié disparait elle aussi, vu que c’est lui qui la maintenait vivante.

L’amitié de ce type, ajoute Aristote, paraît se produire le plus souvent entre les hommes plus âgés (qui, à cause de leur âge, penseraient davantage en terme d’utilité que de plaisir, argumente ce philosophe) et entre les adultes ambitieux (qui poursuivent leurs objectifs d’avantages personnelles).

Ces individus ne dépensent pas beaucoup de temps ensemble parce que souvent ils ne s’aiment pas mutuellement, et donc ne ressentent pas le besoin de s’associer à d’autres personnes s’ils ne voient pas une potentielle utilité derrière ce rapport.

Autrement dit, ils n’ont du plaisir dans la compagnie des autres que dans la mesure où ils espèrent obtenir un quelconque avantage pour eux-mêmes.

Aristote dit encore que l’amitié avec les étrangers tombe normalement dans cette catégorie. L’amitié fondée sur le plaisir ou la jouissance L’amitié entre les plus jeunes est vue comme une amitié basée sur le plaisir car la vie des jeunes seraient réglées par les sentiments et les sensations, et leur intérêt principal est leur plaisir personnel et les opportunités du moment, de l’instant.

Avec le passage des années, par contre, leurs goûts et leurs intérêts changent aussi et ils commencent à faire et à rompre des amitiés plus facilement parce que leur affection change en même temps que leurs goûts, ce qui révèle ce plaisir comme une jouissance qui change rapidement.

En plus, les jeunes ont plus d’aptitude pour tomber amoureux, car l’amitié érotique est essentiellement influencée par des sentiments fondés justement sur le plaisir.

Voilà pourquoi la jeunesse commence et termine des amitiés plus rapidement que les individus plus âgés : dû à leur constant changement d’attitude.

En tout cas, dit Aristote, les jeunes aiment, c'est-à-dire ils apprécient vraiment passer du temps ensemble parce que c’est ainsi qu’ils réalisent l’objet de leur amitié. L’amitié parfaite est fondée sur la bonté, sur le bien Seulement l’amitié de ceux qui sont bons (i.e.

des hommes de bien), et semblables dans leur bonté, est parfaite.

Ces personnes-là souhaitent mutuellement du bien les unes aux autres, et ils sont eux-mêmes des gens bien.

Et c’est justement celui qui souhaitent le bien à ses amis pour la pure amitié (pour le pur « amour de l’ami ») qui est le plus vrai des amis, puisque dans ce type d’amitié chacun aime l’autre pour ce qu’il est, et non pas pour une quelconque qualité accidentelle.

Egalement, l’amitié des hommes pareils ne durent que le temps qu’ils se maintiennent des bonnes personnes, et la bonté, rappelle Aristote, est une qualité très durable.

Il dit même que ce type d’amitié est essentiellement permanente parce qu’en elle se trouvent tous les attributs que les vrais amis devraient posséder.

Par ailleurs, continue Aristote, la bonté absolue est. »

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