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A-t-on besoin de la philosophie dans un monde où l'on meurt de faim ?

Publié le 13/12/2009

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Thèmes : D’abord, procéder à l’analyse de deux notions, la philosophie et le besoin, articulant la thématique de notre énoncé. (i) La philosophie : Deux dimensions peuvent servir à caractériser la constitution de la philosophie : la philosophie en tant que technique et art de la pensée ou de la raison ; et la philosophie comme savoir doctrinal portant sur un objet (la morale, la politique, les sciences, etc.). Ces deux traditions conceptuelles de la définition de la philosophie sont incarnées par Socrate : d’une part en effet, il est celui qui fait bifurquer la pensée archaïque en lui donnant pour objet de sa réflexion la condition des humains dans le monde (Cicéron, Tusculanes), mais d’autre part, dans son autobiographie exposée dans le Phédon, Socrate apparaît comme celui qui dota la raison d’un nouvel instrument, à savoir le concept. Cette double dimension au principe de l’institution de la philosophie autorise à la réduire à sa caractérisation tout à la fois comme méthode (de pensée), et comme contenu (de pensée). (ii) Le besoin : Le besoin est certainement une notion d’origine physiologique. Avoir besoin de quelque chose présuppose de se trouver dans un état de manque. Et une fois le manque comblé, le besoin satisfait cesse. La satisfaction du besoin, le comblement du manque, inscrit la notion de besoin dans le cadre d’un logique utilitaire : il y a carence ; il faut y pallier ; à cette fin, un moyen doit être disponible. En conséquence, parler de besoin de la philosophie implique sa réduction à l’état de moyen.

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« à satisfaire et de bonheur à atteindre que les épicuriens ont développé leur éthique de la suffisance se satisfaisantdu minimum vital afin de s'assurer l'autarcie rationnelle.

C'est par une réflexion sur les besoins à satisfaire et ladétermination de la nature humaine que les cyniques ont élaboré un pensée de la réduction de l'homme à lanaturalité de ses instincts et cultivé le mépris des valeurs de la surabondance consumériste.

C'est par une réflexionsur les besoins à satisfaire et la finalité pratique de la valeur humaine que le sage stoïcien détermine l'exercice de savolonté en pratiquant la vertu et en produisant le bien dans le monde en adéquation à l'ordre du cosmos.

Mais laphilosophie permet également de retourner la question de la légitimité à se préoccuper du besoin des autres lorsqu'ildevient dogme de la bien-pensance frénétique propre à l'impérialisme occidental.

Car mettre en question l'individusur le malheur général du monde et sa souffrance vitale réelle, permet aussi au bien-pensant de se dédouaner de lacharge d'avoir à penser le sens de sa propre existence d'individu rationnel.

Le culte de la misère d'autrui et del'ailleurs est également un mode du divertissement (Pascal) de souci propre d'avoir soi-même à se donner sens pourexister : se tourner vers l'autre plein de commisération permet d'éviter de prendre soin de soi (fondement de lapratique socratique de la vie philosophique).

Enfin, et de manière cette fois engagée en pratique, la philosophie peutescompter des résultats effectifs à la pratique de sa pensée.

Une telle conception de la philosophie estcaractéristique de l'utilitarisme et du pragmatisme anglo-saxons.

Ici la philosophie est pensée comme artphilosophique, c'est-à-dire est reconduite à sa fonction de logique pratique.

En tant de logique pratique, ou logiquede la pratique, la philosophie établit des principes et des fins dont la mise en œuvre est gouvernée par des règlesscientifiques, et l'application effective garantie par le développement de la technique.

Ceci donne, par exemple, lesouci écologique contemporain dont la solution doit conduire à la satisfaction des besoins vitaux du plus grandnombre par le développement d'une agriculture alternative.

Voilà simplement de quoi rendre le besoin de laphilosophie vital, dans le monde même où la vie n'est pas assurée à tous.

* Conclusion - Le problème principal de l'énoncé, ou plutôt son piège, consiste dans le fait de reposer sur un double sophisme de la confusion des termes : le pronom de troisième personne au neutre indéterminé (le« on » qui intervient à deux reprise) ne se réfère pas au même sujet : il est évident que celui qui meurt defaim n'a pas utilité de la philosophie, et que celui qui philosophe n'est pas le « on » des humains anonymesmourant de faim.

Le besoin n'est pas ressenti par le même individu, et le moyen n'est également pas destinéaux mêmes individus dans les deux parties de l'énoncé.

Manquer cette confusion syntaxique serait se tromperpar ignorance de ce qui est à réfuter (sophisme de l' ignoratio elenchii ). - “De plus, sous peine d'échouer dans cette tentative [évaluer l'utilité de la philosophie à travers les effets qu'elle peut avoir sur la vie de celui qui s'y consacre], il faut nous libérer des préjugés de ce qu'onnomme à tort “l'esprit pratique”.

“L'esprit pratique”, au sens habituel de cette expression, ne connaît que lesbesoins matériels de l'humanité; il sait que l'homme doit entretenir son corps, il a oublié que son esprit aussiréclame de la nourriture.” – Bertrand RUSSELL, Problème de philosophie , XV.. »

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