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A-t-on besoin d'un maître pour penser par soi-même ?

Publié le 13/08/2005

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BESOIN

Gén. Nécessité naturelle ayant une cause physiologique; par ex., le besoin de manger. Il faut ici distinguer besoin et désir (désir de manger du fromage plutôt qu'un dessert). Le désir privilégie toujours un objet plutôt qu'un autre, et implique donc un choix là où le besoin manifeste une nécessité. Phi. Il est difficile cependant de faire du besoin une catégorie strictement naturelle. Nos besoins sont inséparables de notre histoire psychologique (Freud) et sociale (Marx) ou bien sont dits culturels ; dans tous les cas, ils échappent à une détermination objective. Ainsi, parler de besoins vitaux reste délicat : où se termine la survie ? Où commence l'abondance ? Les frontières du besoin semblent donc poreuses.

MAÎTRE: Du latin magister, «celui qui est plus » (sous-entendu « que les autres »), « le maître ». Personne qui exerce une autorité, une domination (notamment sur un esclave), un pouvoir. Chez Hegel, la conscience qui, dans la lutte à mort qui l'oppose à une autre conscience, préfère la liberté à la vie et s'affirme dans l'indépendance à l'égard d'autrui (dialectique du maître et de l'esclave). Chez Nietzsche, l'homme vaillant et sans scrupule, qui se moque de la morale du ressentiment.

« qui l'intronise à la place du maître.

Le disciple doit aller chercher en lui les conditions de ce dépassement: cettedialectique lui donne la puissance de penser, et de penser mieux et autrement que le maître.

La liberté n'en est doncpas affectée, au contraire puisqu'elle puise au cœur de cette relation les raisons de sa relance. Nietzsche: l'effronté 2. Qui peut-être mon maître? Est-ce celui qui débute ses phrases par « Tu dois », un « Tu dois » impératif qui commande mes actes, qui me fait héritier de ses valeurs, Chameau – comme le nomme Nietzsche – porteur de sa morale? Le problème étant que l'homme bien souvent choisit un maître enverslequel il affiche toute la piété qui est convenable, et lui dresse des autels qu'ilastique autant que faire se peut.

Dans cette forme « antiquaire » de l'histoire que l'homme bénit comme indépassable, le maître est cette figure verslaquelle on se retourne avec nostalgie.

Il devient à lui seul une raison de neplus agir, de ne plus penser, parce qu'il a jeté les bases nécessaires etsuffisantes qui n'ont qu'à être suivies.

Il devient celui qu'on imite: orl'imitation, contrairement à l'identification ne fait pas appelle au dépassement.Ainsi la tradition s'abat-elle sur un histoire fatiguée et fatigante qui laisseplace à l'éternelle répétition du même.

Qu'on pense à l'art pictural chinoisavant l'apparition de peintres modernes comme Zao Wou Ki. Il faut être injuste envers ce type de maître, l'oublier, pour devenir l'artiste,soit celui qui crée.

On est même dans ce cas invités au parricide spirituel,devenant par delà-même la fureur du lion qui piétine un sentier pré-tracé, quibrise les statues maîtresses qui n'éduquent que la servitude.

Enfin, en niantce poids de l'hérédité spirituelle, on passe du chameau au lion, puis du lion àl'enfant, soit celui qui pose un regard nouveau sur le monde, qui ne réinventelui et ses valeurs.

Le penseur éprouve pour Nietzsche comme un fatum, un destin qui parle en lui, comme une nécessité interne qui lui demande de devenir ce qu'il est.

Le devoir lui vient del'intérieur, l'impératif lui vient de possible que la vie lui somme d'accomplir.

Le penseur écoute cette voix intérieurequi le pousse à agir et à être par là même inactuel, en rupture avec son temps, en rupture avec ce qu'il a appris.

Laseule manière d'apporter du neuf, c'est de faire le deuil de son passé, d'oublier l'ombre historique derrière soi, pourenfin créer, enfin être l'enfant hors de son temps. C'est sur cette ruine du passé que persiste cependant quelques éducateurs, des monuments auprès desquels on retrouve la force de se battre lorsque l'énergie est tarie.

On pourrait dire que le maître est toujours chez Nietzscheformel , ce n'est jamais un maître de fond .

Qu'est-ce à dire? Le penseur retrouve en certains, au travers des siècles, cette liberté de penser malgré et contre son temps, cette force intempestive: il peut admirer et prendre pour maîtrecette forme de la pensée.

Mais le fond de sa pensée est sans maître: elle lui est dictée par une sorte de nécessitéintérieur qui ne peut supporter aucun maître, un fond de pensée qui demande en somme une totale licence pour êtreparfaitement la pensée d'un seul homme.

Le maître dans sa forme est un modèle, le maître à penser est un tyran.

L'innovation 3. Toujours est-il qu'on ne naît pas maître, on ne né pas créateur de sa pensée.

Il existe une somme de phasetransitoire par lesquelles il peut être utile de passer pour enfin accéder à l'innovation.

En termes nietzschéens, ilnous faut d'abord porter le poids, le fardeau des valeurs acquises de notre temps, avant de s'en émanciper.

Lemaître n'est pas un père, une relation imposée: on se porte bien souvent vers son maître parce qu'on sent entre sapensée et la notre une certaine affinité.

La filiation est spirituelle, non pas de sang.

Or, le ressort de cerapprochement n'est jamais l'imitation de la personne du maître.

Nous l'avons dit, maître et disciple se retrouventeux-même dans l'autre: et c'est ce jeu de miroir qui palpite au cœur de leur rencontre.

Cependant, ce jeu de miroirse fait dans une temporalité particulière garante du lien et du détachement.

Expliquons-nous. Le maître se voit dans le disciple tel qu'il a été en partie.

Le disciple se voit dans le maître tel qu'il voudrait en partieêtre.

L'identification est donc toujours partielle, et laisse un jeu de chaque côté à une individualité originale et libre.Et à vrai dire, elle repose entièrement sur ce ressort.

C'est précisément parce que le maître inspire au fait que sondisciple soit plus et autrement pour que sa reconnaissance affiche sa pleine valeur, que le disciple aspire à être plusque et différent de son maître, que les deux s'apportent et progressent.

C'est parce que l'identité des deux termesaspirent toujours à transcender cette identité que la liberté de pensée existe et persiste.

Le maître se reconnaîtdans le disciple, et à tout à la fois, il sait qu'il n'est pas lui, qu'il est plus potentiellement.

Et parce qu'il détectecette potentialité, il espère sa réalisation pour être reconnu par celui qu'il reconnaît pleinement.

Le disciple quant àlui sait qu'il ne gagnera la reconnaissance du maître qu'en étant à la fois même et autre.

Il lui ressemble, et tout à lafois il est différent, il peut être lui et tout à la fois il peut le dépasser.

C'est parce que l'identification est partielle,qu'il existe une différence radicale au sein de la relation que cette dernière n'est jamais biaisée. La dialectique du maître et du disciple dépasse celle du maître et de l'esclave que parce que le maître voit déjà lemaître dans le disciple: il n'y a plus cette insatisfaction latente qui finissait par renverser la relation entre le maître. »

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