Devoir de Philosophie

A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

Publié le 01/02/2004

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* L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique quant à son fondement. En effet le commandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ. L'impératif kantien vient, lui, de la raison. C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité. * Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»). * Il se distingue aussi par sa portée. En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer». C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignité humaine. Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel.  LA MORALE DE KANT Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.

L'Evangile fait de l'amour la loi fondamentale. Dieu est le Père et les hommes sont tous frères. L'amour de Dieu, premier commandement, est inséparable de l'amour du prochain. Mais, l'amour est un sentiment qui ne peut pas naître de la volonté même si la volonté peut le contrôler. aimer indifféremment tous les hommes est une exigence contraire à la nature de l'homme.

« • Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pasnécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, enreconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect mêmequand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. LA MORALE DE KANT Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.

Il ne saurait admettre quela morale se réduise à l'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieutranscendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimerait sessujets sous prétexte de les diriger.

La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un autreque nous-même.

Elle exclut l'hétéronomie.

C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et la sourcedu devoir.

L'homme est le créateur des valeurs morales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moraln'agirait pas mais serait agi.

Telle est l'exigence kantienne d'autonomie. Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.

Il est aussi le fils d'une mère piétiste(le piétisme est un luthéranisme fervent et très austère).

Élevé dans l'idée que la nature humaine estcorrompue par le péché, Kant se méfie des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées.

La morale dusentiment telle qu'il l'a découverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.

Lamorale de l'intérêt lui eût fait horreur.

D'un mot, s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieur à lapersonne humaine, il ne veut pas davantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.

Leprincipe du devoir sera pour Kant la pure raison.

Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est laconscience qui sera pour Kant la source des valeurs.

Mais il ne s'agit plus d'une conscience instinctive etsentimentale, la conscience morale selon Kant n'est rien d'autre que la raison elle-même. 1° LE FORMALISME DE KANT Le bien pour Kant n'est jamais un objet.

Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne sont indiscutablement desbiens car tout dépend de l'usage bon ou mauvais que je déciderai d'en faire.

Une seule chose est bonneinconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement ditl'intention morale.

Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bien qu'unenfant achète chez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.

Ces deux commerçants agissentidentiquement.

La matière de leur acte est la même.

Mais la forme de l'acte peut différer.

L'un d'eux parexemple n'agit conformément au devoir que par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.

L'autre ne secontente pas d'agir conformément au devoir, il agit par pur respect pour la loi morale.

C'est ce dernier seul quiagit moralement, c'est-à-dire dans une bonne intention.

Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas cequi détermine le jugement moral.

Ainsi «ce qui fait que la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvresou ses succès».

Il n'y a que l'intention qui compte, et alors même que la bonne intention «dans son plus grandeffort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi qu'un joyau, de son éclat à elle comme quelquechose qui a en soi sa valeur tout entière». 2° LE RIGORISME DE L'IMPÉRATIF CATÉGORIQUE A partir de là nous comprenons qu'un impératif hypothétique (celui qui est soumis à une condition) n'est pas unimpératif moral (par exemple : ne vole pas si tu ne veux pas aller en prison).

L'impératif moral est toujourscatégorique, c'est-à-dire sans condition (ne mens pas, aime ton prochain comme toi-même !) Par là l'impératifcatégorique est universel et ne saurait changer avec les circonstances. Il reste à se demander comment il se fait que la conscience morale qui se confond avec notre raison s'exprimesous la forme d'un impératif, d'un ordre brutal.

C'est que l'homme n'est pas seulement un être raisonnable.

IIest un être de chair.

Il a une sensibilité, des tendances, des passions ; sa nature sensible n'est pas toujoursdisposée à suivre les indications de la raison.

Si la raison parle sous la forme sévère du devoir, c'est parce qu'ilfaut imposer silence à notre nature charnelle, parce qu'il faut au prix d'un effort plier l'humaine volonté à la loidu devoir.

Ainsi l'obligation, tout en prenant sa source à l'intérieur de notre conscience, n'en est pas moinstranscendante à l'égard de notre nature.

Le domaine de la morale n'est donc plus celui de la nature (soumissionanimale aux instincts) mais n'est pas encore celui de la sainteté (où la nature transfigurée par la grâceéprouverait un attrait instinctif et irrésistible pour les valeurs morales).

Le mérite moral se mesure précisémentà l'effort que nous faisons pour soumettre notre nature aux exigences du devoir. Il faut bien comprendre la signification philosophique de ce rigorisme.

Kant ne nous dit pas que l'honnêtehomme est exclusivement celui qui fait son devoir douloureusement, péniblement et par contrainte.

Il plaintmême celui qui fait son devoir sans joie et seulement comme une corvée.

Il admet, au point de vuepédagogique, que pour conduire un esprit corrompu dans la voie du bien moral on puisse avoir besoin de luireprésenter son avantage personnel, de l'effrayer par la crainte d'un dommage ou d'éveiller en lui dessentiments généreux.

Mais au point de vue philosophique il maintient que c'est la pure maxime de la raison quiest le fondement de la morale.. »

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