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A t-on toujours raison de condamner toutes violences ?

Publié le 25/06/2009

Extrait du document

Bien définir les termes du sujet :  

- « Avoir raison « : Désigne une jugement en accord avec les faits, mais aussi ce qui est juste et droit. Implique la question de savoir si ce qui est entrepris est juste, légitime et fondé.

- « Condamner « : C’est interdire ou empêcher formellement, faire en sorte que l’on n’utilise pas. Mais cela peut aussi signifier blâmer avec rigueur. (Robert)Autrement dit, la condamnation implique nécessairement une sanction, qu’elle soit juridique (aller en prison, avoir une amende), ou sociale (rejet, marginalisation).

- « Violence « : Désigne toute atteinte portée à la personne humaine, soit de la personne sur elle-même, soit sur celle d’autrui, soit d’une autre sur elle, ce qui vaut donc pour tous les individus les uns à l’égard des autres et des groupes humains. Le terme est ici au pluriel, et ne désigne donc pas un type de violence en particulier, mais toutes les actions violentes, quelle que soit leur nature ou leur force. La violence peut en effet être de différente nature, elle peut être physique, mais aussi morale ou psychologique.

 

Construction de la problématique :  

            Le sujet porte en lui un présupposé commun à toute société, celui qui consiste à dire que la violence doit à tout prix être évitée, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau des groupes et du pouvoir politique sur la société elle-même. En effet, dans la plupart des pensées philosophiques, la violence, qu’elle soit ou non naturelle doit le plus possible être endiguée pour que les hommes puissent vivre en commun sans trop de dommages, et sans trop se nuire les uns les autres. Or, justement, cette idée est ici remise en cause ; le sujet implique un retour et une réflexion sur les actes violents eux-mêmes pour déterminer en toute objectivité – avant de les rejeter par principe – si ils peuvent être parfois nécessaires.

            Indifféremment de la question de savoir si la violence est ou non naturelle, se pose ici la question de savoir si dans certains cas la violence peut-être légitime. Autrement dit, dans quel cadre et quel contexte un acte violent est une réponse adéquate ?

 

« C'est ce que pense Hobbes dans Le Léviathan.

Tout comme Nietzsche (attention, cet auteur succède à Hobbes sur le plan chronologique), Hobbes considère que l'homme est naturellement violent et qu'il se bat pourdiverses raisons dans la nature, mais que toutes ont un rapport avec la sauvegarde de sa puissance, de sa gloire etde ses biens.

Ainsi, à l'état de nature – état qui est une fiction théorique qui permet de voir comment les hommesse comportent les uns envers les autres – rien n'est injuste ou illégitime puisqu'il n'y a pas de pouvoir commun pourrégler les comportements.

Comme les individus peuvent faire ce que bon leur semble pour se préserver et défendreleurs droits, les hommes vivent dangereusement, chacun est guetté par la mort violente : il n'existe pas de loigarantissant les droits ou la vie des individus.

La crainte de la mort violente incline donc les hommes à la paix, et laraison suggère des clauses pour essayer d'obtenir un accord pacifique.

La crainte qui naît du désaccord des désirsest donc ce qui fonde les sociétés politiques. Autrement dit, Hobbes s'aperçoit qu'il n'est pas possible pour les individus de vivre dans cet état de guerre permanent, et que chacun aspire à un peu plus de tranquillité et à une vie agréable.

Pour pouvoir parvenir à cetétat, à savoir l'état civil, il faut un tiers contraignant, l'Etat. L'Etat permet en effet de gérer les violences individuelles, de canaliser ce que Nietzsche appelle la « volonté de puissance » des individus de façon à ce que la vie en société soit possible.

Si chacun remet son droit de nature,qui est en réalité un droit sur toute chose – un jus in omnia –, à un tiers, alors tous les individus seront égaux etn'auront plus le pouvoir de se léser les uns les autres.

Il doit donc y avoir une limitation réciproque des droits quipermettra de définir le juste et l'injuste.

Le pouvoir commun doit être un tiers contraignant, qui tienne en respect etdirige l'action en vue de l'avantage commun (XVII), ce tiers est le Léviathan.

Les droits que je possède alors sontceux que le Léviathan m'octroie, et il ne m'est plus possible d'agir comme bon me semble ; ma liberté n'est plus sanslimite, elle doit s'exprimer dans les limites de la loi. L'Etat a donc ainsi le droit de condamner toutes les violences des individus, et il est possible de dire que c'est légitime, car sans cela, la vie en commun ne serait pas possible. III/ La seule violence autorisée est celle de l'Etat : Que l'Etat condamne la violence chez les individus semble logique, puisque cela leur permet de vivre ensemble en société.

Mais si la violence est réduite au niveau des individus parce que condamnée, est-ce qu'elle disparaîtpour autant complètement ? Autrement dit, si les hommes agissent violemment en société, ils sont punis par les loiset les règles qui régissent la vie en commun.

Dans ces circonstances, la violence est condamnée et il est possiblede dire que cela est légitime.

Mais est-ce que la violence disparaît pour autant totalement, et est-ce qu'elle estdéfinitivement condamnée ? Il semble que dans certains cas elle soit plutôt considérée comme le seul moyen viablepour sortir de certaines situations.

Reste à savoir de quelle violence il s'agit. Si les individus limitent les actes violents, c'est parce qu'il existe un tiers contraignant qui les y oblige, à savoir l'Etat.

Or justement, la contrainte exercée par l'Etat doit être violente si elle veut être respectée.

Autrementdit, pour que les individus respectent la loi il faut que les dommages encourus par la peine soient supérieurs àl'éventuel avantage qu'il tireraient de leur délit.

Si on considère que tout est délit est un acte violent (dans le sensoù il prive un autre individu de ses moyens, biens, liberté..), il va de soi que l'Etat doive répondre par une violenceplus grande.

Ainsi, pour certains auteurs comme Max Weber, la violence est l'exercice normal du pouvoir pour toutEtat qui se réserve le monopole de la violence physique légitime : « l'Etat moderne est un groupement de dominationde caractère institutionnel qui a cherché (avec succès) à monopoliser, dans les limites d'un territoire, la violencephysique comme moyen de domination et qui, dans ce but, a réuni dans les mains des dirigeants les moyensmatériels de gestion.

» L'Etat est donc ce qui exerce une contrainte légale répondant à une nécessité de fait et s'appliquant plus ou moins à la liberté de façon extérieure.

Cela rend possible un être en commun conforme à la raison.

Il faut en effetune certaine violence de l'Etat, qui est une puissance de contrainte, pour que soit possible l'application des lois.

Lacontrainte dont il est question ici n'est pas une contrainte particulière d'un individu sur un autre, c'est unecontrainte dont l'exercice est unifié et rationnellement organisé.

L'habilité à contraindre qui peut se manifester par laviolence est ainsi confiée à une volonté générale.

Conclusion : Si au niveau individuel il peut sembler légitime de condamner la violence - parce qu'elle ne permetpas la vie en commun des hommes et que cette vie en société est nécessaire à la survie de notre espèce – laviolence reste cependant nécessaire pour permettre l'application des lois qui justement régissent l'exercice de laviolence entre les individus.

L'Etat est donc la seule puissance qui peut exercer la violence.. »

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