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A-t-on une bonne raison de se révolter ?

Publié le 12/09/2009

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Se révolter, c'est avant tout contester un certain ordre établi, soit briser une certaine linéarité temporelle, celle du cours des choses instituées. Il y a dans toute révolte l'idée d'un renversement brutal dont le corolaire inévitable est la violence. Et c'est bien en cela que la notion de révolte pose problème. En effet, l'institution d'un contrat civil, entendons d'un ordre politique où chacun s'engage envers tous à suivre les lois édictées par le pouvoir législatif, trouve précisément sa raison d'être dans une volonté de pacification des rapports inter-humain. La société, c'est ainsi et avant tout des acteurs qui justement s'associent, coopèrent afin de maximiser le bien-être individuel et de couper court aux violences privées. Par la loi, on s'assure de la liberté de chacun tout en faisant simultanément en sorte que cette liberté de chacun n'interfère pas avec la liberté d'autrui. En d'autres termes, on s'associe pour pouvoir mener à bien et en paix ses initiatives individuelles, tout en s'engageant de certains devoirs envers une collectivité dont on est bénéficiaire. De ce fait, la société rentre dans une entreprise de pacification et de régulation des rapports entre les individus, ce qui est de toute évidence contradictoire avec la révolte qui en est la remise en question. La violence civile incitée par la révolte, sa remise en cause d'un des piliers fondateurs de l'édifice social, font d'elle une cause de trouble semble-t-il, voire même dans ce cas, d'une régression à des étapes anarchiques et déstructurées du vivre ensemble, antérieur à l'effort de socialisation et à l'architecture visant à maximiser le bien-

« sûreté et le bien du peuple.

Par nature, les hommes désirent tous être roi, soit faire prévaloir leur volonté sur celledes autres.

Il faut donc légitimer l'établissement d'un pouvoir suprême qui édicterait des lois que les individus sontsommés de respecter.

Le pouvoir de faire des lois et d'assurer le châtiment par un justice équitable quand certainss'écartent de la juridiction établie devient ainsi la tâche de l'état, une tâche qui remédie aux carences effectives del'état de nature. Il s'agit de comprendre que l'état de nature devient un modèle de pensée politique qui permet de penser lesdomaines où l'état se doit d'intervenir, et les domaines qui demeurent hors de son pouvoir.

Il devient en ce sensprécis un véritalbe étalon de mesure qui permet d'établir la légitimité d'un régime politique.

Ainsi, une monarchieabsolue n'a en ce sens rien de justifiable puisque les individus n'ont plus de droit lorsque le roi les a tous, parce quele monarque n'est pas tenu d'obéir aux lois qu'il édictent, ou encore parce que le roi peut se permettre de violer etmême de se saisir de la propriété de n'importe qui selon son bon vouloir ou ses caprices temporaires.

On comprendici que le transfert de droit qui s'effectue au sein de la communauté civile et en faveur du pouvoir en place n'est pastant vécu pour les citoyens sur le registre de la perte: il est plutôt un moyen de s'assurer de ces droits.

En effet,dans ce cas de figure, tout le monde a les même droit, respecte les mêmes lois et est puni en cas de transgressionde la même manière. Or, si l'un des détenteurs du pouvoir venait à violer la loi, il briserait précisément ce que Locke appelle le contrat de confiance ( rupture du contrat de confiance: breach of trust ).

En effet, l'origine du pouvoir est soumis à un certain nombre de condition, et entre autre, le devoir que le souverain a de suivre des règles qui s'appliquent à tous.

Lesouverain voit ainsi l'exercice de son pouvoir reposer ultimement sur la confiance que lui accorde les citoyens, cellede suivre ce que tout le monde suit, sans commettre d'abus ou d'exception de toute sorte.

Exercer des voies defaits contre les citoyens, c'est estimer que l'on peut passer au-dessus des lois, et c'est s'accorder bien plus que cepourquoi l'on est au pouvoir.

En ce sens, un pouvoir qui ne protège plus des abus, qui les commet lui-même, c'est unpouvoir qui se dissout, qui perd sa raison d'être.

La révolte est alors une réponse saine qui ne sacrifie plus une unitéqui n'existe précisément et justement plus.

Mais la révolte, au-delà de son épisode de violence, se doit de mettre enplace de nouveaux magistrats respectueux des lois édictées. Hayek: clientélisme et lobbies III. L'Etat doit avant tout être conçu comme un symbole de l'unité populaire: il ne peut se détacher de sa fonctionreprésentative.

En aucun cas il ne peut se substituer au peuple en ce qui concerne la prise de décision.

Il est en cesens la représentation de la manière dont les hommes organisent leur vivre-ensemble.

Son aspect exécutif devient en ce sens un pouvoir de dissuasion poussant les volontés individuelles à ne pas se retrancher sur leurs uniquesintérêts, pour générer une violence civile.

Nous touchons ici à la question de l'individualisme.

L'individualisme n'estpas, contrairement à l'avis souvent véhiculer, un « chacun pour soi ».

Choisir ses propres valeurs, sa propre conception de la vie bonne, ne doit pas pousser l'individu à se désintéresser du sort de la vie collective.

A vrai dire,cela serait pour le moins stupide puisque cela supposerait qu'on peut vivre heureux sans se soucier des décisions quisont prises à l'échelle de la collectivité.

Or, de toute évidence, ces décisions influent sur la vie individuelle.

Larévolte indique en ce sens une vigilance quant aux décisions qui pèsent et influent directement sur la vie publique. Et elle trouve sa justification dans ce possible détachement entre gouverneur et gouverné.

Lorsque ce premiers'octroie le droit de décider en dehors de tout accord collectif, lorsqu'il gouverne et donc tyrannise en imposantavec violenve des décisions qui relèvent de ses propres intérêts ou caprices, ou encore de ceux de groupes depressions qui assurent le bien-être d'une minorité en sacrifiant la majorité restante: l'insurrection reste de touteévidence un choix supportable.

Pour Hayek, la première cause de ce type de direction étatique dans les sociétésmodernes, coupé des citoyens et de leurs revendications, vient du clientélisme et du pouvoir des lobby .

Le clientélisme s'explique du fait que, pour accéder au pouvoir, les dirigeants vont devoir contracter certainsengagements envers des corporations ou des groupes plus ou moins vastes qui les aideront à accéder précisémentau poste de responsabilité politique.

Ils n'arrivent en ce sens au pouvoir qu'en promettant à ces groupes de lesavantager une fois en place.

Le pouvoir ne s'exercera ainsi qu'en faveur de certains, et en défaveur d'autres.

Leslobby (de l'anglais couloir , entendons ce qui ne se décide pas sur l' agora , la place publique, ou dans la salle principale de décision, mais dans l'obscurité resserrée des couloirs) exercent certaines pression sur le pouvoir enplace qui le pousse ainsi à les favoriser à la place d'autres (groupe industriel, religieux...) pendant son mandat. Le pouvoir doit s'exercer en faveur de tous, des plus puissants comme des plus faibles.

Un pouvoir devientdespotique lorsqu'il favorise le destin de certains au mépris des autres.

L'Etat contemporain n'est pas à l'abri de cetype de dérive comme nous l'explique Hayek.

L'état de droit pour le rester, doit assurer le bien-être de tous sansexception et ne pas simplement rendre la « monnaie du pouvoir ».

Lorsque cette tendance se radicalise, la révoltedevient le passage obligée afin de faire reconnaître ceux qui n'ont pour force que le nombre.

La révolte est doncfoncièrement une notion pratique: lorsque l'état n'assure plus le respect des lois par quelques uns, qu'il précarise etisole le plus grand nombre, qu'il bafoue les lois qu'il a édicté, le peuple ne peut plus par ce biais se faire entendre:l'insurrection devient une mesure d'urgence.

On ne peut s'insurger sans raison, puisque la révolte s'accompagnetoujours d'une violence qui serait illégitime si gratuite.

Elle doit de plus être une mesure temporaire et ponctuelle,gardant toujours le cap sur la formation d'un gouvernement plus juste.. »

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