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Ai-je un corps ou suis-je mon corps ?

Publié le 12/04/2005

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Le corps n'est donc qu'un des objets parmi d'autres qui peuvent occuper la conscience; il est donc juste de dire «j'ai un corps«, comme on dit «j'ai les yeux bleus« ou «j'ai les cheveux châtains«.Mon moi ne dépend pas de mon corps Il est de nombreux moments dans la vie où l'on n'a pas du tout conscience de son corps. La conscience peut même parfois se dissocier du corps. On peut sentir que l'on est bien portant alors que l'on est malade, que l'on est laid alors que l'on est beau, que l'on a vingt ans alors qu'on en a soixante, que l'on est une femme alors qu'on a un corps d'homme. Notre sentiment d'être ne dépend donc pas de notre corps. "Est libre l'homme qui ne rencontre pas d'obstacles et qui a tout à sa disposition comme il veut. L'homme qui peut être arrêté, contraint, entravé ou jeté malgré lui dans quelque entreprise est un esclave. Mais quel est celui qui ne rencontre pas d'obstacles ? C'est celui qui ne désire rien qui lui soit étranger. Et qu'est-ce qui nous est étranger ?
L'énoncé, tel qu'il est libellé, laisse entendre que les deux expressions font problème. Ainsi il apparaît qu'une investigation qui rechercherait laquelle des deux expressions est satisfaisante risquerait d'être illusoire. Il vaut donc mieux chercher en quoi, pour quelle(s) raison(s) l'une peut être appréhendée comme préférable à l'autre en ne passant pas sous silence son caractère sans doute insatisfaisant. Il convient également de remarquer que l'on se trouve ici dans une problématique de l'« être « et de l'« avoir «, du « sujet « et de l'« objet «.
  • 1) On peut dire "je suis un corps"
a) Il n'y a pas de conscience sans corps. b) Corps et Conscience ne font qu'un. c) La conscience est un produit du corps.
  • 2) On doit dire "j'ai un corps"
a) Je ne suis pas mon corps. b) La conscience est abstraite, le corps est concret. c) Mon moi ne dépend pas de mon corps.
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« Le corps humain, comme le corps de l'animal, est une machineperfectionnée créée par Dieu.

Bien qu'infiniment plus complexe que nosmachines, son fonctionnement se laisse expliquer de la même manière.Les corps sont composés de nerfs et de muscles, comparables à despetits tuyaux, dans lesquels circule une matière subtile : les espritsanimaux.

Lorsque nous touchons un objet par exemple, nous en prenonsune conscience tactile par l'effet de ces esprits animaux qui remontentjusqu'au cerveau par l'entremise des nerfs, et viennent heurter la"glande pinéale", siège de l'âme.

Il en est ainsi de tout le systèmesensorimoteur.

Si je veux me mouvoir, un grand nombre d'espritsanimaux seront canalisés vers les muscles qui seront sollicités pouraccomplir ce mouvement.

La lumière, les odeurs, les sons, les goûts, lachaleur se propagent jusqu'à notre esprit par l'intermédiaire de nosnerfs qui canalisent ces particules.

La faim, la soif, le sommeil, la veille,le rêve se produisent de la même manière : un déplacement d'espritsanimaux à l'intérieur des canalisations de la machinerie complexe denotre corps.

Il existe cependant une différence de mille entre un corpshumain et un corps animal.

Aucun animal n'use jamais de signes, oud'un quelconque langage pour exprimer une pensée.

On peut concevoirun automate qui réponde par la parole à certains messages simples :crier si on le touche, ou prononcer quelques phrases simples, maisaucun automate ne sera jamais en mesure d'agencer une parole quiréponde au sens de ce qu'on lui dit.

Enfin, si un corps animal ou un automate peut accomplir un nombre limitéde tâches, parfois même mieux que nous, il ne peut aller au-delà.

Ce qui montre qu'ils agissent par ladisposition de leurs organes, et non par connaissance.

Ils sont dépourvus de pensée ou d'esprit.

Il n'y a quel'homme à disposer de cet instrument universel qu'est la raison et qui lui sert en toute occurrence afin d'agircomme il convient.

Chaque organe de la machinerie animale, tout au contraire, est spécialisé.

Il lui faudrait -ce qui est impossible - un nombre infini d'organes pour faire autant de choses que notre raison nous lepermet. La conscience est abstraiteLorsque je pense «je suis», ma conscience se saisit elle-même comme conscience, en faisant abstraction demon corps.

La conscience du corps ne vient qu'ensuite.

Le corps n'est donc qu'un des objets parmi d'autresqui peuvent occuper la conscience; il est donc juste de dire «j'ai un corps», comme on dit «j'ai les yeuxbleus» ou «j'ai les cheveux châtains». Mon moi ne dépend pas de mon corpsIl est de nombreux moments dans la vie où l'on n'a pas du tout conscience de son corps.

La conscience peutmême parfois se dissocier du corps.

On peut sentir que l'on est bien portant alors que l'on est malade, que l'onest laid alors que l'on est beau, que l'on a vingt ans alors qu'on en a soixante, que l'on est une femme alorsqu'on a un corps d'homme.

Notre sentiment d'être ne dépend donc pas de notre corps.

On pourra songer ici àla philosophie stoicienne d'Epictète: "Est libre l'homme qui ne rencontre pas d'obstacles et qui a tout àsa disposition comme il veut.

L'homme qui peut être arrêté,contraint, entravé ou jeté malgré lui dans quelque entreprise estun esclave.

Mais quel est celui qui ne rencontre pas d'obstacles ?C'est celui qui ne désire rien qui lui soit étranger.

Et qu'est-ce quinous est étranger ? C'est ce qu'il ne dépend pas de nous d'avoirou de ne pas avoir, ni d'avoir avec telle qualité dans tellesconditions.

Ainsi le corps nous est-il étranger, étrangères sesparties, étrangère notre fortune ; si tu t'attaches à l'une de ceschoses comme à ton bien propre, tu subiras le châtiment quemérite celui qui convoite des choses étrangères.

Telle est la routequi conduit à la liberté, le seul moyen de nous affranchir del'esclavage." ÉPICTÈTE La question Elle peut se formuler tout simplement : « qu'est-ce qu'être libre ? ».Pour répondre à cette question, on peut être tenté d'opposer uneliberté absolue mais jamais réellement atteinte (l'homme libre neconnaîtrait nulle contrainte) à une liberté possible, mais relative (seraitlibre celui qui conserverait une part d'initiative suffisante au milieu descontraintes nécessaires).

Dans les deux cas, il faudrait renoncer à une part de liberté.

Telle n'est pas la position des philosophes stoïciens, et en particulier ici de l'un des pluscélèbres d'entre eux, à savoir Épictète.

Si l'on est prêt à renoncer en partie à la liberté, c'est qu'on ne la situepas là où elle se trouve, à savoir en soi-même.

Il faut donc comprendre que les seuls véritables obstacles à laliberté sont intérieurs afin de les vaincre totalement, et c'est cette prise de conscience seule qui peut. »

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