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ALAIN: La langue est un instrument à penser

Publié le 18/04/2009

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La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sots, vraisemblablement surtout incultes, et en ce sens qu'ils n'ont qu'un petit nombre de mots et d'expressions ; et c'est un trait de vulgarité bien frappant que l'emploi d'un mot tout fait. Cette pauvreté est encore bien riche, comme tes bavardages et les querelles te font voir ; toutefois ta précipitation du débit et le retour des mêmes mots montrent bien que ce mécanisme n'est ement dominé. L'expression prend alors tout son sens. On observera ce bavardage dans tous les genres d'ivresse et de délire. Et je ne crois même point qu'il arrive à l'homme de déraisonner par d'autres causes ; l'emportement dans le discours fait de la folie avec des lieux communs. Aussi est-il vrai que le premier éclair de pensée, en tout homme et en tout enfant, est de trouver un sens ce qu'il dit. Si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir ce que nous allons dire ; et cet état sibyllin est originaire en chacun ; l'enfant parle naturellement avant de penser, et il est compris des autres bien avant qu'il se comprenne lui-même. Penser, c'est donc parler à soi.ALAIN

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Le langage tire sa racine de logos, qui en grec signifie raison, autant dire que le langage est en prise directement avec l’exigence de raison et donc celle de vérité. Auprès de Platon, la pensée se fait dialogue que l’âme instaure avec elle-même. Ainsi, la pensée est une activité et s’opère par la réflexion, elle est acte de reprise.

E si pour Hegel nous ne serions penser sans les mots, selon Alain il ne suffit  pas de parler pour penser. Si donc le langage est un instrument, c’est-à-dire un moyen, qui vient remplir une fin c’est qu’il possède un lien essentiel avec la pensée.  La pensée est donc ce qui fixe la fin de la communication.

De là on peut distinguer une approche superficielle du langage, qui considère le langage comme préposé à la pensée, et une approche plus profonde qui caractérise les esprits vigilants qui quant à eux s’approprient le langage.

Ce sont ces deux distinctions qui sont à l’initiative du texte de Alain. En un  premier moment du texte, Alain dépeint une attitude face au langage naïve qui nous fait basculer dans les bavardages et le délire, et par lequel nous perdons prise face à la réalité. (de « La langue est un instrument à penser « à « …avec les lieux communs «.  Et de l’autre une attitude consciencieuse qui prend le langage non comme tout fait pour exprimer la pensée, mais qui fait du langage un instrument à la bonne pensée. (de « Aussi est-il vrai.. « à « c’est donc parler à soi «).

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