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Analyse de la philosophie épicurienne: Lettre à Nénécée

Publié le 06/07/2011

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« La mort n'est rien pour nous. « Nous gardons ici la traduction qui s'est imposée bien que, sans être fausse, elle soit ambiguë et prête à confusion. Car la mort à vrai dire n'est pas « rien « pour nous, elle représente à tout le moins un problème et dire qu'elle n'est rien, c'est encore trop dire, puisque certains demanderont alors ce que c'est que ce rien. Il convient de poser le problème en vue de le résoudre, et même de montrer l'inanité de cette question. Tout l'argument, exposé dans la Lettre à Ménécée et répété dans nombre de Maximes, repose sur une implacable logique de l'exclusion : ou bien nous, ou bien la mort. Jamais, pour qui y réfléchit sans préjugé, le rapport ou le contact entre la mort et nous ne se conçoit, ce que résume la formule lapidaire : « ouden pros èmas «, qui serait mieux traduite par : il n'y a pas de rapport entre la mort et nous. Soit : la mort ne nous regarde pas, nous ne sommes jamais face à elle, elle ne nous concerne point, elle ne nous menace pas comme le prétendent les mythes. En considération du temps, cela signifie que la mort est absente, totalement absente, aussi longtemps que nous sommes, en quelque façon que ce soit — veillant ou rêvant, vigoureux ou grabataires — présents.

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« d'eau ! Le comble du luxe consiste en un peu de poisson ! De la sorte est préparée une déception : alléché par leplaisir, on trouve la misère.

Ce procédé, maintes fois répété depuis Cicéron, est à la fois habile et grossier.Mais il reste qu'Epicure n'est pas aussi différent du stoïcien que l'on pense.

Cela cependant ne doit pas signifier quechez Epicure le plaisir est impossible.

Certains de ses adversaires croyaient, en effet, qu'à chercher le plaisir dans ladébauche, on trouve la souffrance ; d'autres, au contraire, prétendaient qu'à poursuivre le plaisir sans luxure, on netrouve que l'ascèse.

De là, il est facile de conclure que le plaisir doit se chercher ailleurs que dans la philosophieépicurienne.Or cela ne serait vrai que si le plaisir sans luxure n'existait point : ce qu'il faudra vérifier en lisant Epicure sans lespréjugés qui le falsifièrent. Epicure et son temps Après avoir dénoncé le mythe, examinons qui était Epicure et comment il se situe en son époque. Les écoles philosophiquesSocrate avait montré que tout savoir commence par un retour sur soi-même.

Mais cette riche vérité du « connais-toi toi-même », sur laquelle se fonde toute la philosophie platonicienne, puis aristotélicienne, avait donné lieu à deuxgraves contresens.

Les Cyrénaïques' avaient fait de l'individu le juge de tout, confondant connaissance de soi-mêmeet individualisme forcené, ruinant ainsi la possibilité d'un savoir vrai et d'une unité sociale.

Socrate renvoyait l'hommeà son ignorance, mais c'était en vue de le tourner vers le savoir vrai.

Avec Diogène et les autres Cyniques2, touteentreprise philosophique est rendue impossible, et le « connais-toi toi-même » est accablé de sarcasmes.

Ainsi,lorsque Diogène feignait de chercher le « soi » avec une lanterne en plein jour, et prétendait montrer sonindépendance de pensée en ne respectant pas le sentiment de pudeur, dans lequel il ne voyait qu'une oppressanteet ridicule convention sociale.

Enfin il raillait le monde de Socrate en bornant son univers à l'espace d'un tonneau !Ces contresens cyrénaïques et cyniques ne sont pas dénués d'intérêt, mais, pour intelligents qu'ils soient, ils firentrégner un grand désarroi dans le monde où Epicure est né.

Des Sophistes', tel Protagoras, ont beau jeu, dans cettesituation, de dire que « l'homme est la mesure de toutes choses », c'est-à-dire que la vérité n'est point la mêmepour tous mais relative à chacun.

Dès lors, Thrasymaque ou Calliclès, ces sophistes particulièrement honnis parPlaton, peuvent bien vanter l'injustice ou la fausse raison du plus fort ; de tout cela les Sceptiques2 tirent lesconséquences : il n'y a finalement point de mesure du tout.

Une vérité relative à chacun revient à l'absence detoute vérité.

Donc, en toute rigueur, on ne peut rien affirmer et rien définir.

Il ne reste qu'une solution :l'indifférence devant tout.Le contexte politiqueCe désarroi de la pensée est contemporain d'une grande misère politique.

En 338 av.

J.-C., Athènes perdait labataille de Chéronée et du même coup son hégémonie.

Après la mort d'Alexandre, en 323, ses généraux se disputentle pouvoir.

Le travail manquait et la cité se montrait incapable d'entreprendre les grands travaux militaires etcommerciaux — routes, chantiers navals, etc.

— qui avaient fait sa richesse, comme de payer ceux qu'elleemployait.

On envoyait dans les colonies les individus réduits à vagabonder.

On rapporte qu' « ils erraient dans lesterres étrangères avec femmes et enfants ; beaucoup s'engageaient comme mercenaires et mouraient encombattant les gens de chez eux ».

Le déclin d'Athènes fut si précipité que déjà Aristote pouvait décrire la citécomme « une ville d'esclaves et de maîtres, et non d'hommes libres ». 1.

Sophistes : Ils réduisent toute argumentation à un jeu de langage où la force et l'habileté à parler et non pas levrai l'emportent.2.

Sceptiques : Si le terme ne signifie tout d'abord que l'examen exempt de préjugé, il devient vite cependant uneEcole philosophique qui s'en tient à un doute indéfini dont on ne peut sortir.

Le fondateur le plus important de cettetendance fut Pyrrhon ( 365-275 av.

J.-C.). Le monde que découvre le jeune Epicure est en ruine.

Politiquement aussi bien que philosophiquement, Athènes estdésemparée.

Or Epicure n'est pas vraiment athénien.

Il naît en 341 dans l'île de Samos mais est cependant encontact avec la culture athénienne par son père, maître d'école.

C'est un privilège pour son instruction, mais celaindique par ailleurs une origine très pauvre et déclassée, puisque cette fonction était ordinairement remplie par desesclaves spécialisés.

Sa mère a pour métier la récitation de prières rituelles, si bien qu'Epicure connaît fort bien lesmystères et les misères de la religion populaire.N'étant pas en position dominante géographiquement, Epicure ne rencontre pas directement la philosophieprépondérante, par sa force et son prestige, celle de l'Académie platonicienne et du Lycée aristotélicien.

Il serasurtout formé par Nausiphane, disciple de Démocrite, le matérialiste détesté par Platon.

C'est donc Nausiphane quifait le lien entre les deux grands penseurs de l'atomisme antique, proches et différents, Démocrite et Epicure (l'atome désigne l'unité indivisible de la matière, formant l'élément premier du monde.

L'agrégation d'atomes constitueles différents objets du monde : planètes, corps, etc.

).En 322, Epicure séjourne à Athènes, non point comme riche étudiant mais comme exilé — les colons de Samos ayantété chassés de leurs terres —, remplissant un devoir militaire.

Platon était mort depuis vingt-cinq ans.

Aristote,absent, était remplacé par Théophraste, dont Epicure a très certainement connu l'enseignement.

Cependant, ilrestera plus marqué par la leçon matérialiste de Démocrite que par une philosophie officielle dont il semble peupréoccupé.Après avoir rejoint sa famille à Colophon, il fonde, en 310, sa propre école, à Mytilène puis à Lampsaque, encore loindu centre athénien.

Mais les amis dont il s'entoure, parmi lesquels on remarque des notables très considérables, le. »

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