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ANALYSES DES « ESSAIS DE THÉODICÉE » DE LEIBNIZ ?

Publié le 23/05/2009

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Cet ouvrage, l'un des plus remarquables de Leibniz, a été écrit en français; il porte le titre d'Essais de Théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. Il fut composé à la demande de la reine de Prusse, Sophie-Charlotte, pour réfuter le scepticisme de Bayle; mais Bayle était mort quand Leibniz le publia en 1710.

Les Essais de Théodicée sont précédés d'une préface et d'un discours préliminaire sur la conformité de la foi avec la raison; ils sont suivis d'un Résumé de la controverse que Leibniz a réduit à huit arguments en forme.  

PRÉFACE  

Une des plus grandes difficultés de la philosophie, c'est de concilier :

1° La liberté de l'homme avec la prescience et le concours de Dieu ;

2° L'existence du mal avec sa bonté et sa justice.

Bayle prétend ne trouver de solution raisonnable que dans la doctrine des deux principes; d'après Leibniz, au contraire, toutes les difficultés disparaissent si l'on sait comprendre que la nécessité à laquelle le monde est soumis n'est pas une nécessité métaphysique, mais simplement une nécessité qui oblige Dieu à choisir ce qu'il y a de mieux, et l'homme à suivre son inclination prévalente.

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« de la créature et de toutes les créatures étaient représentées dans l'entendement divin, avant qu'il eût décidé delui donner l'existence.

» Tel est le système du déterminisme.Toutefois cette détermination ne constitue point une nécessité absolue, ce n'est qu'une nécessité morale.

QuandDieu agit, il est nécessité moralement à faire ce qu'il y a de plus parfait ; de même je suis moralement nécessité àsuivre la raison prévalente.

Le sentiment intérieur ne prouve rien contre cette détermination, car je suis décidé pardes causes imperceptibles ; je suis lié à une multitude de phénomènes moraux et physiques dont je ne me rends pascompte; je ne suis qu'un automate spirituel.

Je reste libre cependant, car mon action est spontanée, elle vient dema nature, d'un principe subjectif, et elle est à l'abri de la coercition.

Cette spontanéité est la liberté; elle suffitpour justifier les châtiments et les récompenses.

DEUXIÈME PARTIE Leibniz réfute sept objections théologiques et dix-neuf objections philosophiques de Bayle, dont voici le résumé :Dieu a donné à l'homme le libre arbitre, sachant bien qu'il en userait mal; il a donc voulu le péché de l'homme.S'il avait une haine infinie du mal, il le préviendrait au lieu de le punir.Dieu a voulu le mal physique; car il lui était bien facile de donner d'autres lois à la matière.

Il a voulu également lemal moral; car l'homme n'agit, et par conséquent ne pèche, qu'en vertu d'une détermination antécédente dont Dieului-même est l'auteur.

— Bayle conclut que toutes ces difficultés ne s'expliquent bien que par la doctrine duManichéisme.Leibniz répond : 1° Le bonheur de l'homme est la fin principale, mais non la fin unique de la création; l'ordre pouvait exiger que tousles êtres possibles y fussent représentés, et, par conséquent, les êtres libres dont plusieurs sans doute abuseraientde leur liberté.

- D'ailleurs, Bayle avance gratuitement que Dieu damne l'immense majorité des hommes.

— Enfin, sinous ne voyons pas toutes les raisons de Dieu, c'est que Dieu a voulu nous laisser le mérite de la foi.

Mais nousavons assez de lumières sur la justice et la -bonté infinies de Dieu pour ne pas nous laisser troubler par quelquesombres et quelques difficultés de détail.

2° Il est puéril de chercher l'explication du mal dans le Manichéisme.

Leibniz explique longuement l'origine de cettedoctrine si manifestement fausse et extravagante.

3° Permettre le mal n'est pas le vouloir.

Dieu, dit Bayle, ressemble à un monarque qui aurait défendu le duel, et quienverrait dans la même garnison deux officiers qu'il saurait décidés à se battre; évidemment ce monarque auraitvoulu le duel des deux officiers.

— Non, répond Leibniz, si le monarque avait, par ailleurs, de très bonnes raisonsd'envoyer les deux officiers dans la même garnison.

4° Leibniz répond ensuite à différentes objections contre l'optimisme :Objecter les défauts qui sont dans le monde, c'est s'ériger en censeur des ouvrages de Dieu et faire comme le roiAlphonse le Sage qui croyait critiquer le système du monde, alors qu'il ne critiquait que le système de Ptolémée.Pour critiquer le monde, s attendez à le connaître davantage ».Les cartésiens disent : Si une nécessité morale a obligé Dieu à produire le meilleur monde, il n'y a plus de liberté enDieu.

— Nullement, répond Leibniz; la liberté d'indifférence est une chimère; Dieu agit raisonnablement.

Mais lanécessité à laquelle il est soumis n'est point métaphysique, elle n'est que morale et n'enlève pas la spontanéité.

5° Les théologiens disent : Il n'y a pas de meilleur possible parmi les êtres créés, car Dieu seul est parfait.

— Celaest vrai de chaque créature en particulier, mais non de l'ensemble qui constitue vraiment le plus parfait des mondespossibles; de même qu'il n'y a qu'une ligne droite entre un nombre infini de lignes possibles d'un point à un autre, demême il doit y avoir un maximum ou un optimum entre un nombre infini de mondes possibles.

TROISIÈME PARTIE Le mal physique est dans l'ordre, car : 1° S'il ne provient pas de notre faute, il résulte des lois générales qui sont très sages et très utiles.

2° D'ailleurs, il y a moins de mal dans le monde qu'on ne l'imagine communément; les animaux, ne réfléchissant pas àleurs souffrances, souffrent beaucoup moins qu'on ne le suppose.

Quant aux hommes, ils sont bien souvent lesartisans de leurs propres douleurs; puis ils les exagèrent singulièrement; enfin, la souffrance ici-bas n'est pas un sigrand mal, puisque beaucoup de personnes, et même des femmes, savent la braver.

3° La douleur dans l'autre vie est la conséquence du mal moral; l'homme l'a méritée, la peine reste même toujoursau-dessous du mérite.Bayle contestant que la plupart de nos souffrances proviennent du mauvais emploi de notre liberté, Leibniz déclarequ'une action est libre quand elle est contingente, spontanée et consciente.

Les cartésiens exigent encore, maissans raison, qu'elle ne soit pas déterminée; la volonté est nécessairement déterminée par les raisons qui l'attirent,mais elle ne laisse pas d'être libre.. »

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