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Aristote et la fortune

Publié le 15/04/2005

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aristote
Ceux qui ont à l'excès les dons de la fortune - force, richesse, amis et autres avantages de ce genre - ne veulent ni ne savent obéir (et ce défaut, ils le tiennent, dès l'enfance, de leur famille : à cause d'une vie trop facile, ils n'ont pas pris, même à l'école, l'habitude d'obéir), tandis que ceux qui sont privés, d'une manière excessive, de ces avantages sont trop avilis. Le résultat, c'est que ces derniers ne savent pas commander, mais seulement obéir en esclaves à l'autorité, tandis que les autres ne savent obéir à aucune autorité mais seulement commander en maîtres. Ainsi donc, il se forme une cité d'esclaves et de maîtres, mais non d'hommes libres, les uns pleins d'envie, les autres de mépris, sentiments très éloignés de l'amitié et de la communauté de la cité car communauté implique amitié : avec ses ennemis, on ne veut même pas faire en commun un bout de chemin. La cité, elle, se veut composée, le plus possible, d'égaux et de semblables, ce qui se rencontre surtout dans la classe moyenne. Aristote
aristote

« approximative de leurs situations, et qu'elle soit vécue dans la réciprocité – ce qui est évidemment impossiblelorsqu'il s'agit de l'envie ou du mépris, fondés sur l'inégalité et la dissymétrie : celui qui envie ne reçoit que dumépris, celui qui méprise peut provoquer de l'envie. [III.

Qualités de la classe moyenne] Les catégories opposées ne peuvent donc pas connaître l'amitié : il ne leur reste que l'hostilité ou l'inimitié – ce quiest lourd de conséquencespour l'existence même de la communauté politique, puisque, affirme Aristote en accord avec le sens commun, «avec ses ennemis, on ne veut même pas faire en commun un bout de chemin ».

C'est ainsi le principe même de lavie en commun, soit de la polis (cité) elle-même, qui se trouve mis en péril : aucune entreprise, aucun projet nepeut unir deux catégories sociales aussi fortement distinctes.Par principe, et pour assurer son existence dans la durée, la cité demande un maximum « d'égaux et de semblables».

L'égalité doit se trouver aussi bien dans la situation matérielle que dans les réactions affectives qu'elle détermine: elle conditionne l'amitié entre citoyens.

Ces qualités se rencontrent surtout dans la « classe moyenne », c'est-à-dire chez les citoyens qui ne sont ni trop riches ni trop pauvres, et qui réalisent ainsi le « juste milieu » de lacitoyenneté convenable.Aristote fait ici un constat, qui n'enseigne pas les moyens de lutter contre l'injustice provoquée par « les dons de lafortune » (c'est-à-dire du sort qui fait naître l'un dans l'aisance et l'autre dans la pire pénurie).

Mais ce qu'il affirmeà propos de l'inégalité sociale et de ses effets le montre préoccupé du bon fonctionnement de la « démocratie »antique : le « peuple » doit être constitué d'individus les plus semblables ou égaux possibles.

En d'autres termes : ilne suffit pas que soit reconnue à tous les citoyens une égalité théorique ou de principe, encore faut-il qu'elle nesoit pas rendue inefficace ou inopérante par l'inégalité des conditions.

Que peut signifier en effet l'égalité de tousquant à la formulation de leur opinion dans la discussion si les faibles se taisent face aux puissants ? Cela inaugureune perversion de la politique, qui ne devient alors rien d'autre qu'un exercice arbitraire ou intéressé du pouvoir parceux qui y ont seuls accès en raison de leur « supériorité ».Par contre la classe moyenne, précisément parce qu'elle favorise l'amitié et la communauté, ne ressent ni envie nimépris : c'est une classe « équilibrée », qui peut en conséquence assurer que les décisions soient prises égalementpar tous (ou le plus également possible). [Conclusion] Aristote ne prend ici en considération que le sort des citoyens de la polis : les esclaves sont évidemment, de sonpoint de vue, négligeables.

Et l'on constate que sa préoccupation à l'égard de l'amitié et de l'égalité est provoquéeavant tout par le fonctionnement de la cité, et non par la prise en considération du sort des individus : pour lui,l'équilibre de la polis est prioritaire, parce qu'il autorise l'épanouissement de chaque citoyen.

Il est alorscompréhensible que l'on trouve dans son texte des échos de ses conceptions morales, notamment dans l'idée que laqualité du pouvoir dépend de la classe moyenne. Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.

J.-C., mort à Chalcis (Eubée) en 322.Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de Platon, de 367 à 347.

A la mort de sonmaître, et mal vu à Athènes en sa qualité de Macédonien, Aristote fonda une école à Axos, en Troade.

La morttragique de son ami Hermias, livré aux Perses, l'obligea à se retirer à Lesbos.

En 342, Philippe, roi de Macédoine, luiconfia l'éducation d'Alexandre.

A l'avènement de celui-ci au trône, en 335, Aristote revint à Athènes, et y fondal'École du Lycée, que l'on a appelée école péripatéticienne, parce qu'Aristote y devisait avec ses élèves, tout en sepromenant.

A la mort d'Alexandre, en 323, Aristote quitta Athènes et se retira dans l'île d'Eubée.

Il redoutait le sortde Socrate et voulut « épargner aux Athéniens un second attentat contre la philosophie ».

En effet, l'Aréopage lecondamna à mort par contumace.

Il mourut au mois d'août.

Aristote peut disputer à Platon le titre de plus grandphilosophe de tous les temps.

Son intelligence ne fut pas seulement d'ordre philosophique, elle fut universelle.Aristote est le fondateur de la logique, de l'histoire de la philosophie, de l'anatomie et de la physiologie comparées.En philosophie, il est disciple de Platon, mais son sens d'observateur lui permet de replacer le platonisme dansl'ensemble des systèmes connus et de modifier certaines affirmations platoniciennes, notamment la théorie de lahiérarchie des idées.

Aristote en déduit la logique, établie sur la structure et les relations des concepts, les relationsétant ramenées au rapport des genres et des espèces.

Il distingue dix catégories, qui sont les genres les plusgénéraux dans lesquels se classent les objets de la pensée : substance ou essence, quantité, relation, qualité,action, passion, lieu, temps, situation et manière d'être.

Ce sont les points de vue à partir desquels l'esprit peutconsidérer les choses.

Les catégorèmes se rapportent aux modes généraux, qui permettent d'énoncer une chose. »

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