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Aristote et la loi

Publié le 11/09/2014

Extrait du document

aristote

Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là où elle se montre insuffisante en raison de son caractère général. Tout ne peut être réglé par la loi. En voici la raison : pour certaines choses, on ne peut établir de loi, par conséquent, il faut un décret. En effet, pour tout ce qui est indé-5 terminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos', avec la règle de plomb ; cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même les décrets s'adaptent aux circonstances particulières. On voit ainsi claire­ment ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est supérieur à to une certaine sorte de juste.

On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable: celui qui choisit délibérément une telle attitude et la pratique ; celui qui n'est pas trop pointilleux, au sens péjoratif, sur le juste, mais qui prend moins que son dû tout en ayant la loi de son côté, est un homme équitable, et cette disposi‑

15 tion est l'équité, qui est une forme de justice et non une disposition différente.

ARISTOTE

1. La «règle de Lesbos « sert à mesurer les courbes.

QUESTIONS

1. a. Quelle est la thèse retenue par Aristote ? b. Comment l'établit-il ?

2. a. En quoi le « caractère général « de la loi appelle-t-il un « correctif « ? Qu'apporte à l'analyse l'image de la règle de plomb ?

b.       Expliquer : « l'équitable est juste et [...J il est supérieur à une cer­taine sorte de juste «.

c.En quoi consiste la pratique de l'homme équitable ?

 

3. Peut-on appliquer la loi de manière injuste ?

aristote

« Lt::UHUll • équité: du latin œquitas, «égalité»: -notion de la justice naturelle dans l'appréciation de ce qui est dû à chacun ; vertu qui consiste à régler sa conduite sur le sentiment naturel du juste et de l'injuste.

L'équité consiste à mettre chacun sur un pied d'égalité; - conception d'une justice naturelle qui n'est pas inspirée par les règles du droit en vigueur (opposé à droit positif, loi).

•correctif: qui a le pouvoir de corriger, de modifier, d'adoucir, d'atté­ nuer.

• loi: cette notion relève soit de la règle, soit de la nécessité : - dans le premier cas, il s'agit de la loi juridique, sociale ou morale; - dans le second cas, il s'agit des lois naturelles, scientifiques.

• décret: du latin decretum, «décision, sentence», et de decernere, «décerner, ordonner juridiquement»; arrêté, ordonnance, décision, volonté d'une puissance supérieure.

• indéterminé: du latin indeterminatus, «infini»; imprécis, irrésolu, indéfini; non soumis au déterminisme.

•détermination: du latin determinare, «marquer des limites, limiter»; action de délimiter avec précision; c'est aussi la relation entre deux phénomènes telle que l'un étant posé, le second l'est aussi.

• circonstances: situation globale du moment, conjoncture, contexte.

•juste: qui observe le droit, qui est conforme à la loi.

•justice: conformité avec le droit.

La justice est la volonté constante et perpétuelle de rendre à chacun ce qui lui est dû.

• délibérément: consciemment, intentionnellement, volontairement.

•disposition: aptitude, inclination, état d'esprit.

• Idée directrice • «Tout ne peut être réglé par la loi».

L'équité corrige la loi qui s'oc­ cupe du général et ne peut donc pas prévoir tous les cas particuliers.

• Structure du texte • «Telle est la nature de l'équité[ ...

] il faut un décret»: la loi générale doit être corrigée par une volonté supérieure à la justice car il existe de l'indéterminé.

• «En effet [ ...

] une certaine sorte de juste» : tous les cas indéterminés, c'est-à-dire tous ceux qui ne rentrent pas dans le cadre de la loi générale, ont besoin d'une règle qui permette de les mesurer.

Cette règle est celle de l'équité.

• «On voit [ ...

] disposition différente»: portrait de l'homme équitable.. »

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