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ARISTOTE: le juste et l'équitable

Publié le 01/02/2011

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aristote

Il y a identité du juste et de l'équitable, et tous deux sont bons, bien que l'équitable soit le meilleur des deux. Ce qui fait la difficulté, c'est que l'équitable, tout en étant juste, n'est pas le juste selon la loi, mais un correctif de la justice légale. La raison en est que la loi est toujours quelque chose de général, et qu'il y a des cas d'espèce pour lesquels il n'est pas possible de poser un énoncé général qui s'y applique avec rectitude. Dans les matières, donc, où on doit nécessairement se borner à des généralités et où il est impossible de le faire correctement, la loi ne prend en considération que les cas les plus fréquents, sans ignorer d'ailleurs les erreurs que cela peut entraîner. La loi n'en est pas moins sans reproche, car la faute n'est pas à la loi, ni au législateur, mais tient à la nature des choses, puisque par leur essence même la matière des choses de l'ordre pratique revêt ce caractère d'irrégularité. Quand, par suite, la loi pose une règle générale, et que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on est alors en droit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a péché par excès de simplification, de corriger l'omission et de se faire l'interprète de ce qu'eût dit le législateur lui-même s'il avait été présent à ce moment, et de ce qu'il aurait porté dans sa loi s'il avait connu le cas en question. De là vient que l'équitable est juste, et qu'il est supérieur à une certaine espèce de juste, non pas supérieur au juste absolu, mais seulement au juste où peut se rencontrer l'erreur due au caractère absolu de la règle. Telle est la nature de l'équitable : c'est d'être un correctif de la loi, là où la loi a manqué de statuer à cause de sa généralité. En fait, la raison pour laquelle tout n'est pas défini par la loi, c'est qu'il y a des cas d'espèces pour lesquels il est impossible de poser une loi, de telle sorte qu'un décret est indispensable.

Ce texte, extrait du livre V de l'Ethique à Nicomaque, auquel il sert de conclusion, analyse les rapports de la justice et de l'équité. La question porte sur l'identité ou la différence entre les deux notions, et l'enjeu du texte est de clarifier cette terminologie, en assignant ses limites à chaque notion.

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« une médiation entre le légal et le principe idéal de justice, dans les cas qui échappent à la généralité.Enfin, il faut postuler un principe absolu de justice, au nom duquel existent la loi positive et l'équité. La double originalité de la construction aristotélicienne nous semble tenir dans la dissociation du légal etdu principe de justice d'un côté, dans l'existence de l'équité comme médiation entre la loi positive et leprincipe de l'autre. Eléments de discussion 1 - Remarque L'analyse d'Aristote se situe sur un plan qui ne préjuge en rien du contenu de la justice.

En d'autrestermes, il ne se prononce pas sur ce qu'est le juste dans son essence, mais sur les médiations quipermettent à une conception de la justice de s'adapter aux modalités concrètes.

Seules les catégoriesqui rendent opératoires des principes sont ici définies.

A cet égard, on peut noter que son analyse resteformellement valable encore aujourd'hui.

Ainsi, par exemple, la jurisprudence du Conseil d'Etat, enFrance, dit « le juste », lorsque la loi est défaillante, ou silencieuse.

111e fait au nom de l'esprit de lajustice dans son ensemble, ce qui suppose bien implicitement une différence entre la loi positive et lesprincipes qui l'inspirent. 2 - Justice et équité Le système d'Aristote ne peut fonctionner que si le juste est facilement identifiable : il suppose une essencestable et indépendante du juste, qu'il s'agit pratiquement de concrétiser.

Il postule donc la reconnaissanceaisée des principes de l'action : une fois ceux-ci connus, il offre les moyens de les mettre en oeuvre.

Or, nosconceptions nous inclinent à refuser aujourd'hui un tel schéma ; le contenu de la justice nous semble sanscesse à élaborer.

C'est pourquoi le texte d'Aristote définit bien les règles opératoires qui président à l'action, une fois les principes établis ; c'est son mérite.

Mais il laisse dans l'ombre le fondement des principes, quioccupe peut-être davantage notre réflexion contemporaine.. »

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