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Aristote: Telle est la nature de l'équitable

Publié le 15/04/2005

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aristote
Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là où elle se montre insuffisante en raison de son caractère général. Tout ne peut être réglé par la loi. En voici la raison: pour certaines choses, on ne peut établir de loi, par conséquent, il faut un décret. En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos avec la règle de plomb; cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même les décrets s'adaptent aux circonstances particulières. On voit ainsi clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est supérieur à une certaine sorte de juste. On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable: celui qui choisit délibérément une telle attitude et la pratique; celui qui n'est pas trop pointilleux, au sens péjoratif, sur le juste, mais qui prend moins que son dû tout en ayant la loi de son côté, est un homme équitable, et cette disposition est l'équité, qui est une forme de justice et non une disposition différente. Aristote

Aristote nous propose dans ce texte une réflexion tout en finesse sur la justice, plus exactement sur ses diverses formes. Il appelle «équité« la justice qui consiste à corriger ou compléter la loi là où, en raison de sa nécessaire généralité, elle n'est pas directement applicable à telle ou telle situation particulière. L'équité est requise là où l'application de la loi semble indéterminée. En cela, l'équité parachève la loi et lui permet d'épouser le concret. Sans cette forme de justice, la loi demeurerait un principe abstrait, une généralité rarement applicable. En ce sens, Aristote estime, et c'est là la thèse du texte, que la justice d'équité est supérieure à la justice strictement légale.

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« auquel elle s'applique.c.

Avec le passage à l'examen de l'»homme équitable», on pouvait s'attendre à ce que l'auteur envisage unenouvelle manière de concevoir l'équité, sur un plan éthique cette fois et non plus juridique.

En réalité, il n'estquestion ici que de celui qui sait être équitable au sens défini dans le paragraphe précédent.

Être équitable est undevoir pour un juge mais c'est aussi une «attitude» qui caractérise l'homme vertueux dans la vie de tous les jours.Ainsi, tel agent qui, en raison de circonstances exceptionnelles, accepte de travailler au-delà de son temps deservice réglementaire manifestera son sens de l'équité: sans transgresser la loi, il concédera cette entorse par espritde justice.

L'attitude opposée consiste au contraire à s'attacher scrupuleusement aux termes de la loi générale,sans jamais faire preuve de souplesse dans son application.

La pratique de l'homme équitable consiste donc en uncertain rapport à la loi, visant à moduler son application afin que soit rendue une justice intelligente et raisonnable,donc forte puisque difficilement contestable. Question 3 Il y a quelque paradoxe à soutenir que l'on peut appliquer la loi de manière injuste.

Ordinairement, l'injustice seconçoit en effet plutôt comme une infraction à la légalité.

La loi ne peut-elle pourtant Pas être injuste dans lamanière dont elle est mise en oeuvre et imposée? À côté de l'injustice par défaut de loi n'existerait-il pas uneinjustice par excès de légalité? II faut, pour pouvoir analyser correctement cette difficulté, préciser préalablement lanature du rapport entre les notions de loi et de justice.

Dans un sens très général est juste ce qui arrive et devaitarriver.

Pour parler de justice, il faut donc se référer à une norme qui énonce ce qui doit être.

Dans la Bible parexemple, les «justes» sont des hommes dont la vie est parfaitement conforme à la volonté de Dieu.

On peut doncvoir dans la notion de justice le caractère de ce qui est conforme à la loi, qu'il s'agisse de la loi humaine ou divine.Dans ces conditions, l'application de la loi est par définition toujours juste.

Mais la justice peut s'entendre plusprécisément comme une norme d'égalité.

En ce sens, la justice concerne essentiellement un mode de répartition (debiens, de peines, de charges, de droits...): la répartition est dite «juste» lorsqu'elle n'est pas arbitraire et respecteune certaine proportion,un même rapport.

Ainsi, si l'on estime que chacun doit recevoir une même part, il est injuste que certaines partssoient plus grosses que d'autres; si l'on pense plutôt que chacun doit recevoir selon son mérite, il sera injuste quecertains reçoivent la même chose alors qu'ils ne le méritent pas également.

C'est cette conception distributive de lajustice qui est en jeu ici dans la discussion aristotélicienne de l'équité.

Si en effet la justice consiste toujours àassurer qu'un même rapport de proportion soit respecté dans ce qu'un groupe distribue à ses membres, sonapplication exige alors la prise en considération de la qualité du sujet auquel elle s'applique: son état, sa situation,ses droits, son mérite, ses aptitudes...

Par définition, le souci d'égalité réclame la comparaison des cas.

La seuleforme de justice pouvant s'appliquer de manière quasi aveugle est celle arithmétique qui donne à chacun, quel qu'ilsoit, la même chose.

Mais cette forme très radicale de justice est en réalité difficilement applicable de manièresystématique dans une société complexe qui admet nécessairement un certain nombre d'inégalités, en particulier depouvoirs (politique, économique, judiciaire, médical, professoral...) et de richesses.

II faut alors recourir au principed'une égalité proportionnelle (ou géométrique) pour rendre compatible la répartition de ces inégalités avec unprincipe d'égalité.

Or cette forme de justice ne peut, comme on l'a dit, s'appliquer de manière aveugle.Il est donc tout à fait possible pour la loi d'être appliquée de manière injuste si aucun de ses représentants ne prendle soin d'examiner si son application ne crée pas, par exemple, des conséquences plus dommageables à certainsindividus qu'à d'autres, en raison de la situation particulière de chacun.

La véritable fonction d'équité est assuréepar le juge qui est lui toujours directement confronté aux réclamations d'individus concrets et aux situationsparticulières auxquelles la loi doit s'adapter pour rester juste, c'est-à-dire égale pour tous. Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.

J.-C., mort à Chalcis (Eubée) en 322.Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de Platon, de 367 à 347.

A la mort de sonmaître, et mal vu à Athènes en sa qualité de Macédonien, Aristote fonda une école à Axos, en Troade.

La morttragique de son ami Hermias, livré aux Perses, l'obligea à se retirer à Lesbos.

En 342, Philippe, roi de Macédoine, luiconfia l'éducation d'Alexandre.

A l'avènement de celui-ci au trône, en 335, Aristote revint à Athènes, et y fondal'École du Lycée, que l'on a appelée école péripatéticienne, parce qu'Aristote y devisait avec ses élèves, tout en sepromenant.

A la mort d'Alexandre, en 323, Aristote quitta Athènes et se retira dans l'île d'Eubée.

Il redoutait le sort. »

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