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Auguste Comte: Science et Technique

Publié le 22/02/2012

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auguste
« L'intelligence humaine, réduite à ne s'occuper que des recherches susceptibles d'une utilité pratique immédiate, se trouverait [...] tout à fait arrêtée dans ses progrès, même à l'égard de ces applications auxquelles on aurait imprudemment sacrifié les travaux purement spéculatifs: car les applications les plus importantes dérivent constamment de théories formées dans une simple intention scientifique, et qui souvent ont été cultivées pendant plusieurs siècles sans produire aucun résultat pratique. On en peut citer un exemple bien remarquable dans les belles spéculations des géomètres grecs sur les sections coniques, qui, après une longue suite de générations, ont servi, en déterminant la rénovation de l'astronomie, à conduire finalement l'art de la navigation au degré de perfectionnement qu'il a atteint dans ces derniers temps, et auquel il ne serait jamais parvenu sans les travaux si purement théoriques d'Archimède et d'Apollonius. »
auguste

« Les Grecs, disposant d'un outil mathématique assez élaboré (cf.

Pythagore et Euclide), ne l'ont en fait appliqué à laconnaissance de la nature et à la fabrication technique que très partiellement.

Archimède seul est connu pour s'yêtre exercé, en fondant l'hydrostatique (physique des fluides) et en concevant des engins balistiques et guerriers detoutes sortes pour défendre Syracuse (Archimède: 287-212 av.

J.-C.).

Mais les applications techniques restent laplupart du temps de simples curiosités.

On peut envisager deux explications plausibles de ce fait, en s'inspirant del'œuvre d'Aristote : a) La théorie des « deux mondes » (céleste incorruptible, et terrestre corruptible) sous-tend pour une grande part ladistinction entre les mathématiques pures, et la physique.

Celle-ci, ayant pour objet le monde du changement des qualités, ne peut être mathématisée.

L'élaboration d'une physiquescientifique rendant possible une technique rigoureuse et méthodique, ne peut s'inscrire dans une telleproblématique. b) La théorie aristotélicienne de l'esclavage dévalorise par ailleurs le domaine de la production matérielle et de latechnique, réservé à la pure et simple « habileté pratique acquise par habitude (cf.

l'opposition de l'habileté et de lathéorie comme «connaissance des causes», in Métaphysique, A, 1, 981 b, Éditions, Vrin, page 7).

On part del'esclavage comme une donnée naturelle, et dès lors on ne peut envisager, sinon à titre d'hypothèse invraisemblable,l'application technique de la science — et notamment l'automation qui rendrait inutile l'esclavage.

Cf.

sur ce pointAristote, La politique I, 4: «Si les navettes tissaient d'elles-mêmes (...) ni les chefs d'artisans n'auraient besoind'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves»...

(Édition Vrin, page 35). — L'application de la science à la technique (point de vue de l'épistémologie moderne).

L'opposition entre lestechniques empiriques et les techniques reposant sur une théorie scientifique rigoureuse pourra être illustrée par untexte de Bachelard concernant la «découverte» de la lampe électrique (cf.

Bachelard, Le rationalisme appliqué,pages 105 et suivantes, édition des Presses universitaires de France) : La théorie de la combustion (combinaison ducorps qui brûle avec l'oxygène de l'air) conduit à la technique de la lampe où l'on fait le vide pour préserver lefilament porté à incandescence.

C'est bien une théorie (la chimie de l'oxygène et de la combustion) qui rend icipossible une conquête technique d'importance: ...

« Il faut avoir compris qu'une combustion est une combinaison, et non pas le développement d'une puissancesubstantielle, pour empêcher cette combustion.

La chimie de l'oxygène a réformé de fond en comble la connaissancedes combustions.

Dans une technique de non-combustion, Edison crée l'ampoule électrique, le verre de lampe fermé,la lampe sans tirage.

L'ampoule n'est pas faite pour empêcher la lampe d'être agitée par les courants d'air.

Elle estfaite pour garder le vide autour du filament.

La lampe électrique n'a absolument aucun caractère constitutif communavec la lampe ordinaire».

(Ouvrage cité, même référence.) N.B.

Corrélations: théorie et expérience (sujets 91 et 92).. »

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