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AUTORITÉ DU TÉMOIGNAGE DES HOMMES - ETENDUE ET IMPORTANCE DE CE MOYEN DE CONNAISSANCE: - RÈGLES DU TÉMOIGNAGE ET DE L'HISTOIRE. - RÈGLES DE L'AUTORITE.

Publié le 20/06/2011

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histoire

I. Étendue et Importance de ce Moyen de connaissance.

1. Chaque homme n'occupe qu'un point de l'espace, qu'un point de la durée; cette seule réflexion suffit pour comprendre combien nous tirons d'utilité du concours des autres hommes dans les connaissances de tous genres, depuis les plus familières et celles qui constituent le train de la vie pratique, jusqu'aux plus élevées et celles dont l'ensemble forme les sciences. 2. D'abord, en ce qui concerne les faits de l'ordre sensible, tous ceux qui ne tombent. pas ou ne sont pas tombés dans le cercle extrêmement restreint de notre expérience personnelle, ne peuvent, n'ont pu nous arriver que par le témoignage. Pour peu qu'on y réfléchisse, on trouvera que leur nombre, par rapport à la somme de tous les faits à nous connus , est immense. C'est par le témoignage des hommes que nous savons à quelle famille nous appartenons, à quel pays, dans quel temps nous sommes nés, et jusqu'au nom des lieux que nous habitons, etc. 

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« n'aient pas pu être trompés; 3° que leur déposition ait été comprise.3.

Ils n'ont pas voulu tromper lorsqu'il est certain qu'ils n'avaient pas de motifs de le faire.

L'homme instinctive-.ment dit vrai; et quoique tout homme mente quelquefois, il ne le fait jamais sans un motif.

Ce motif peut êtrel'intérêt personnel, l'intérêt d'une caste, d'un parti, l'amour-propre, l'honneur, le plaisir de tromper, l'habitude, etc.

Ily a des signes auxquels souvent on connaît la présence ou l'absence de ces motifs.

Ils sont assez difficiles àdéterminer scientifiquement; mais dans la pratique il est une foule de cas où nous sommes parfaitement sûrs de lavéracité d'une déposition.

Les cas où nous sommes trompés sont des cas où nous n'examinons pas.4.

Il y a ici deux réflexions à faire : En premier lieu, il est vrai qu'on est bien obligé de ne pas se condamner à unedéfiante continuelle et que le train de la vie exige au contraire une confiance souvent hasardée; mais celan'empêche pas que souvent cette 'confiance soit parfaitement motivée et sûre.

En second lieu, quand nous sommestrompés, c'est le plus ordinairement sur les sentiments ou les pensées des individus, c'est-à-dire sur des faits deconscience et non sur des faits extérieurs, les seuls dont il s'agisse ici.

Lorsqu'un témoin est évidemment sans motifde tromper, sa déposition suffit.

(Abstraction faite de la seconde et de la troisième condition.)5.

S'il n'est pas évident qu'il soit sans motifs de tromper, sa véracité ne peut être établie que par d'autres témoins1° qui n'aient pas pu s'entendre avec lui ni entre eux, 2° et qui cependant soient unanimes.6.

Les témoins n'ont pas pu être trompés, si la nature du fait dont ils déposent ne se prête en aucune façon àl'illusion.

Pour cela il faut que le fait se soit accompli devant eux, à leur portée, qu'ils aient touché ou vu biendistinctement les objets, et que par conséquent ils aient été éveillés, en état de raison, et non sous l'influence de lapeur, de la colère , etc.7.

Enfin, la déposition est comprise si les témoins et les auditeurs parlent une langue qui soit familière à tous et queles termes pris un à un aient un sens bien déterminé, nullement ambigu.8.

Les règles de la notoriété sont les mêmes, et de plus, les faits dont il s'agit doivent réunir trois conditions : I°l'importance; 3° la publicité; 2° la durée.

Si le fait est important, il attire l'attention et chacun est disposé àl'examiner; s'il est public et durable, cet examen auquel chacun est disposé se peut faire; il y a contrôle, récitrépété, chaque auditeur devient témoin auriculaire, c'est-à-dire répète le récit , en étant soumis lui-même danscette répétition au contrôle des autres, etc.

Il est évident qu'après ces épreuves, le récit répété sanscontradiction, publiquement, par tous, est désormais du domaine de la notoriété.

Nous vivons au milieu d'une foulede faits notoires qui sont pour chacun de nous aussi certains que notre propre existence.9.

Quand il s'agit des faits passés, le témoignage des hommes devient de l'histoire.

Les faits historiques, et il nes'agit ici que des faits matériels et publics, sont généralement notoires à l'époque où ils sont enregistrés dans lesannales.

Chaque historien écrit sous le contrôle public.

Il peut divaguer dans les interprétations, dans les faitsparticuliers, les détails de cour, de cabinet, d'intrigue, mais non dans les faits importants, publics et durables.

Unfait de telle nature, mentionné sans contradiction par un historien, est un fait qui continue d'être notoire pour lapostérité.10.

Celle-ci n'arrive aux faits passés que par les histoires écrites, les monuments, les médailles, etc.

Ce sont là sestémoins.

Ces témoins doivent aussi être véraces , et nous venons de voir qu'ils le sont nécessairement pour lesgrands faits matériels.11.

De plus, les livres historiques doivent être authentiques et intègres.

Ils sont authentiques quand ils sont del'auteur dont ils portent le nom, et cela même est un fait qui se vérifie par le témoignage des auteurs contemporainsou postérieurs ; intègres quand ils sont sans altération, ce qui se vérifie en collationnant les diverses éditions,exemplaires, manuscrits, etc. III.

Règles de l'Autorité. 1.

A quelles conditions pouvons-nous nous en rapporter avec certitude à l'enseignement d'autrui? ou à quellesconditions cet enseignement peut-il être regardé comme l'expression indubitable de la vérité?2.

La première condition qui doit être remplie par celui qui, de vive voix ou par écrit, enseigne, dogmatise, c'estd'avoir examiné les choses dont il parle, et cela par l'espèce d'examen qui leur convient.

Je n'interrogerai point unlittérateur sur les mathématiques , ni un philosophe sur l'agriculture.

Les hommes qui s'occupent d'un certain ordrede vérités théoriques et pratiques, sont nommés des hommes spéciaux.

Un homme spécial a le droit de parler sur lesobjets de sa spécialité, depuis l'artisan qui traite de son état jusqu'aux hommes de génie instruisant avec éclat leurscontemporains et la postérité.3.

Quelquefois l'autorité.

d'un homme spécial est une autorité suffisante.

S'il parle d'une matière où l'examen ait étépour lui chose facile, et où il soit certain qu'il l'ait fait il mérite confiance complète.

Mais voilà ce qui est précisémentbien rare, surtout dans les sciences noologiques;- où la méthode est encore incertaine en beaucoup de points et oùl'imagination et quelquefois la passion ont une plus grande part que l'examen.4.

Toutes les fois qu'un homme traite de choses où il n'est pas évident qu'il ait pu examiner, ni qu'il l'ait fait, ce qu'ildit exprime non pas une vérité, mais une opinion.

Plus l'objet de cette opinion se rapproche du cercle de l'expérienceet des vérités établies, plus elle présuppose l'examen ; et d'autre part plus son auteur paraît avoir en effet procédépar l'étude impartiale, plus cette opinion acquiert du crédit.

Et c'est pourquoi nul homme n'expose son opinion' sansl'étayer de considérations qui prouvent l'examen et sans s'efforcer (le lui donner une forme scientifique à laquellel'examen serve en effet de base.

Les qualités morales, telles que l'impartialité , le travail, la persévérance, sont denouvelles garanties qu'on cherche en lui et qui ajoutent au poids de son opinion.5 .

En somme, il arrive rarement que, dans l'ordre scientifique , un homme seul fasse immédiatement pleine et entièreautorité.

Les vérités scientifiques indubitables ne le sont en général que lorsqu'elles réunissent les caractèressuivants :Que la matière soit évidemment à portée de l'examen des hommes spéciaux, c'est-à-dire qu'elle soit de leur. »

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