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Autrui est-il un vivant parmi d'autres ?

Publié le 15/11/2004

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  • Analyse du sujet : Le moi qui n'est pas moi, mon prochain, représente-t-il seulement un système organisé et pouvant se reproduire, parmi d'autres systèmes de ce type ; ou est-il de surcroît une personne ?
  • Conseils pratiques : Définissez avec rigueur les termes et expressions autrui, vivant, parmi d'autres. La préposition parmi est particulièrement importante, qui marque l'appartenance à un ensemble.

Un plan progressif, développant la notion à'autrui est sans doute le plus commode.

« Introduction Nous sommes ici interrogés sur autrui, c'est-à-dire sûr notre prochain, sur ce moi qui n'est pas moi.

Désigne-t-il, pour moi, un vivant parmi d'autres, c'est-à-dire un système organisé, s'autoréparant et se reproduisant ?Quand je saisis autrui, sous quelle forme est-ce que je l'appréhende ? Comme une simple nature vivante,biologique, animale au sein des systèmes vivants dont il fait partie ou bien, sous un autre mode, irréductibleau domaine de la naturalité ? Comment s'opère la perception de mon prochain ? L'intitulé m'engage dans un questionnement : mon prochain se donne-t-il à moi essentiellement à partir de phénomènes « naturels » ? Désigne-t-il, pour moi, quand je l'appréhende, la sphère de la nature et du biologique ? Faut-il, au contraire, s'en tenir à une conception» sur-naturelle » d'autrui ? Au-delà de ces diverses questions, le problème fondamental est de savoir si l'homme est une partie de l'univers ou bien « un empire dans un empire », un ensemble spécifique et irréductible à la simple naturalité ou phénoménalité. Discussion A) Autrui, un vivant parmi d'autres. Comment se fait l'expérience de l'Autre ? Comment puis-je saisir Autrui et sous quelle forme ? En d'autres termes, que puis-je appréhender dans la sphère de l'intersubjectivité ? Que désigne l'autre pour moi ? C'est bien un vivant, c'est-à-dire un système organisé, qui se présente à moi.

Sous un certain angle, nous dirons, en paraphrasant Jean-Jacques Rousseau, que nous voyons un animal moins fort queles uns, moins agile que les autres, mais, à tout prendre, organisé avantageusement.

Je saisis, en cette expérience,un être participant du monde vivant et animal, gouverné, nous le savons maintenant, par les lois de l'hérédité et dela sélection naturelle.

Autrui m'apparaît bel et bien comme un système vivant, une organisation particulière de lamatière physico-chimique. Pour quelle raison, d'ailleurs, ne saisirais-je pas autrui comme un vivant parmi d'autres ? Le vivant, et, en particulier, le vivant animal, est très proche du vivant humain.

Dire qu'autrui est un vivant parmi d'autres, ce n'est pas ramener autrui à une sphère d'organisation biologique simple.

Tout au contraire, nous savons que les vivants sont des systèmes complexes, que nos « frères inférieurs » désignent des ensembles vivants d'une complexité organisationnelle tout à fait remarquable ! Si autrui est, pour moi, un vivant parmi d'autres, rappelons que les vivants évolués (les sociétés de macaques, etc.) sont très divers, très complexes et que ce n'est pas rabaisser autrui que de voir en lui un vivant et un animal.

Le vivant est multidimensionnel, il est régipar des règles et des normes.

Partout où il existe de la matière vivante, il existe des phénomènes sociaux et uneorganisation collective.

En d'autres termes, dire qu'autrui est, pour moi, un vivant parmi d'autres, ce n'est nullementle déprécier.

C'est, au contraire, le rattacher à des structures diversifiées déjà présentes dans la nature.

Toutes lesrecherches éthologiques ou anthropologiques actuelles nous incitent à mettre fin à la vision d'une nature nonhumaine et d'un homme non naturel.

Les sociétés de chimpanzés présentent, par exemple, des caractères dehiérarchie et des systèmes de castes.

Ainsi, mon prochain m'apparaît comme un vivant organisé de manière variée,comme toutes les formes vivantes. Dès lors, autrui est, pour moi, analogue à un vivant parmi d'autres, saisi comme un organisme apte à l'autoconstruction et l'au toconservation, plongé dans un ensemble de normes complexes, comme le sont tous lesvivants.

Néanmoins, cette reconnaissance de la dimension organique et biologique d'autrui, pour pleine et entièrequ'elle apparaisse, y compris dans ses dimensions riches et élaborées, nous laisse quelque peu insatisfaits.

Quand je suis en face de mon prochain, je l'appréhende sous la forme d'un vivant, mais aussi au sein d'une interaction trèssubtile qu'il faut maintenant expliciter, car elle se révèle, peut-être, riche de nouveaux sens.

Et si mon prochainn'était pas seulement une forme organique parmi d'autres, un vivant parmi les vivants ? B) Autrui est un désir et un regard, irréductibles à une simple forme vivante. Quand autrui se présente à moi, dans l'extériorité de son existence sensible, je ne saisis pas uniquement unorganisme, mais une totalité complexe, une existence surgissant dans son originalité et sa spécificité, irréductible àd'autres formes du vivant.

Qu'est-ce que j'appréhende exactement ? Je découvre le monde de l'intersubjectivité,une pluralité de consciences et non point seulement de formes vivantes.

Je sais, de manière immédiate et sans nulleambiguïté, qu'autrui est une conscience, une subjectivité, et non point seulement un vivant organisé, soudé àd'autres vivants organisés.

Telle est cette expérience de la subjectivité et de l'intersubjectivité, où je saisis uneprésence, au sens fort de ce terme, présence que nul ne saurait confondre avec un phénomène empirique et vivant,avec une structure vouée à la reproduction. Autrui est-il, pour moi, un vivant parmi d'autres ? Pas seulement.

Il surgit, pour moi, comme désir et regard.

Comme« désir » : je saisis, dans l'intersubjectivité, une conscience inquiétante, qui veut se faire « reconnaître » par moi, une réalité humaine se maintenant dans l'existence en tant que réalité reconnue.

L'Autre m'annonce l'affrontement,le risque, le cruel combat pour la reconnaissance.

Quand je suis en face du vivant, cette expérience ne se donnejamais à moi sous cet angle.

Je domestique l'animal, mais ne perçois point en lui cette conscience avide de. »

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