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Bac 2010: Durkheim: L'Education morale

Publié le 19/06/2010

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durkheim

« La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu'elle subit au cours d'une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu'une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n'est donc jamais qu'un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est oeuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu'active. Nous sommes agis plus que nous n'agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l'axiome fondamental, c'est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c'est qu'elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c'est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l'idée d'humanité la fin et la raison d'être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d'empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c'est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd'hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d'une autorité morale «.

 Cet extrait de l'Education morale de Durkheim nous présente l'une des clés de compréhension du rapport entre l'individu, la société et la morale au sein d'un paradoxe qui se saisit à l'aune de cette volonté ou de cette croyance en une libre détermination de notre conscience morale par notre volonté et l'existence avérée d'une morale qui parcourt le temps et une société donnée et en fournie les codes et les traditions du vivre ensemble. L'enjeu est donc de saisir le rôle que joue cette morale dans son rapport à l'individualité. L'une des thèses fondamentale de l'auteur de ce texte étant que la conscience morale n'est rien d'autre que la société parlant à travers moi. Ainsi, on peut saisir deux moments principaux dans l'organisation argumentative du texte : la définition de cette morale sociétale (1ère partie : du début de l'extrait à « Notre attitude est beaucoup plus passive qu'active. Nous sommes agis plus que nous n'agissons «) puis la mise en exergue du paradoxe dont relève son rapport à la conscience de la liberté individuelle (2nd partie : de « Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle à la fin du texte). C'est suivant ces deux moments que nous entendons rendre compte du texte.

durkheim

« b) Nous venons au monde dans un milieu, dans une société, qui est déjà régi par des règles et des codes.

Le but del'éducation est justement de permet aux jeunes enfants de prendre le sens et le but de ces règles.

L'éducationmorale a pour objectif d'apprendre aux individus le vivre-ensemble et ses règles inhérentes.

Il s'agit alors de fairecomprendre un code qui a priori n'a rien d'évident.

Nous sommes donc formés ou formatés selon un code qui est àl'origine même de l'édifice de notre société.

Cela ne signifie pas qu'aucune évolution ne serait possible ce qui feraitalors de toute éducation un conservatisme, mais l'on peut saisir alors que toute évolution ne se comprendra qu'àpartir de ces éléments sources données au sein d'une éducation qui justement un dressage ou une disciplinepermettant d'acquérir les us et coutumes d'une société donnée afin d'y vivre.

Cette morale connaît donc des lamesde fond qui dépassent de loin la vie d'un individu.

Il n'y a alors de possibilité de la transformer en profondeur outotalement ce qui ne serait que vanité ou aurait pour but de ruiner et de détruire cette société.

Toute évolution decette morale ne peut se faire que par une évolution générale du groupe et encore, ces changements ne remettronsjamais en cause pleinement les fondamentaux de la société dans la mesure où ils ont été éprouvés par le temps.Une évolution en peut donc se comprendre que sur la longue durée.

C'est bien ce que nous pourrions observer sur laplace des femmes actuelles dans nos sociétés qui connaît une lente évolution qui prend place à travers plusieursgénérations.

En d'autres termes une révolution n'est pas un moyen de transformer véritablement une société sur lalongue durée.

Elle sera un épiphénomène. c) Ainsi, il est vain de croire qu'un individu seul et isolé puisse être à l'origine d'une réelle révolution.

Un individu seulne peut en aucun transformer l'ensemble d'une société.

Une transformation ne peut se comprendre que suivant unprincipe des unités organiques c'est-à-dire que c'est à partir de l'ensemble dans leur association que peut se saisircette transformation qui sera toujours limitée.

C'est donc l'association des individus qui peut induire une réelletransformation et non un acteur isolé.

L'évolution que nous pouvons rechercher à titre personnel dans notre manièrede voir et saisir le monde et dans son rapport à lui, dans l'éducation que nous pourrons fournir ne sera qu'une toutepetite pierre dans l'ensemble de l'édifice ce qui ne nie en rien la possibilité à long terme d'une évolutionconséquente.

Ce n'est qu'à travers la masse de ces petites évolutions qu'un moment de fond peut se développer etremettre en cause une ligne directrice de cette morale traditionnelle.

Dès lors une règle morale ne peut secomprendre qu'en tant que construction collective c'est-à-dire que l'éducation que nous développons sembleindividuelle et le fruit de notre morale, c'est-à-dire celle que nous nous sommes forgés ; mais il n'en demeure pasmoins que toute morale est une voix de la société qui prend son essor à travers l'individu.

Nous sommes donc lesréceptacles de cette morale et nous nous en faisons les porteurs dans nos agissements et dans notre manièred'éduquer les plus jeunes.

Dans toute éducation, nous ne sommes que le truchement de ce passage de témoin del'ensemble de ces règles.

L'éducation parentale et morale a un but sociétal clairement défini.

Nous ne sommes pasles véritables acteurs.

A travers toute éducation, c'est la société qui parle à travers moi.

Nous sommes façonnéspar la société dans laquelle nous vivons et quand bien même nous développerions des modèles comportementauxanti-sociaux, ce serait encore en réaction face à cette morale de la société que nous refusons ce qui n'en ensommes rien d'autre que d'être agi par cette même société en définitive. Transition : Ainsi notre morale est le fruit de l'ensemble des règles et des codes inhérents à notre société, que cela s'exprime demanière consciente ou inconsciente.

Individuellement nous sommes pris dans cette tendance qui nous dépasse etnous transcende.

Mais paradoxalement, nous revendiquons une autonomie de notre conscience morale comme si ellepouvait s'affranchir de cette morale totalisante. II – Paradoxe d'une autodétermination actuelle de la conscience morale a) En effet, Durkheim met en bien en exergue cette différence qui constitue un paradoxe au sein de cette contradiction dont nous sommes l'objet entre cette morale sociétale que nous subissons et la volonté que nousavons de nous déterminer qui se retrouve dans notre conscience morale c'est-à-dire dans cette individualisation denotre rapport à la morale.

Nous voulons disposer d'une libre détermination pour fixer ce qui nous paraît juste, bon etdigne d'être suivi ce qui pourtant relève de ces tendances profondes de la morale.

Il s'agirait alors de se rendrecompte de l'illusion que nous avons d'une possible détermination ad hoc de notre conscience morale c'est-à-diredans notre « vivre-cette-morale ».

Cette conscience morale connaît une évolution plus claire de nos jours par cetteréelle volonté de faire sienne cette morale en la mettant en doute, en la jugeant et en voulant le remettre encause.

Il s'agit alors de juger notre morale de voir les évolutions qui nous semblent nécessaires. b) Le terme d'axiome évoqué par Durkheim, s'il renvoie au vocabulaire mathématique, n'en indique pas moins unecertaine règle immuable qui peut se concevoir comme l'élément le plus essentiel, ce qui n'est rien de moins que ladéfinition aristotélicienne de l'axiome.

Or le paradoxe réside justement dans cette compréhension de la place del'individu.

Nous faisons de l'homme un objet de sainteté, c'est-à-dire la base, l'origine et le fondement de cettemorale.

D'une certaine manière, Durkheim évoque, s'il en est, éthique sans doute kantienne plaçant l'homme au cœurde son système de morale et faisant de lui la fin de toute chose.

La sainteté indique alors un rapport presque. »

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