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Bergson: Conscience et Inconscience

Publié le 18/04/2009

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bergson
«Mais il faut signaler ici une différence, trop peu remarquée, entre deux espèces d'inconscience, celle qui consiste en une conscience e et celle qui provient d'une conscience annulée. Conscience e et conscience annulée sont toutes deux égales a zéro ; mais le premier zéro exprime qu'il n'y a rien, le second qu'on a affaire à deux quantités égales et de sens contraire qui se compensent et se neutralisent. L'inconscience d'une pierre qui tombe est une conscience e : la pierre n'a aucun sentiment de sa chute. En est-il de même de l'inconscience de l'instinct dans les cas extrêmes où l'instinct est inconscient ? Quand nous accomplissons machinalement une action habituelle, quand le somnambule joue automatiquement son rêve, l'inconscience peut être absolue ; mais elle tient, cette fois, à ce que la représentation de l'acte est tenue en échec par l'exécution de l'acte lui-même, lequel est si parfaitement semblable à la représentation et s'y insère si exactement qu'aucune conscience ne peut plus déborder. La représentation est bouchée par l'action. La preuve en est que, si l'accomplissement de l'acte est arrêté ou entravé par un obstacle, la conscience peut surgir. Elle était donc là, mais neutralisée par l'action qui remplissait la représentation. L'obstacle n'a rien créé de positif ; il a simplement fait un vide, il a pratiqué un débouchage. Cette inadéquation de l'acte à la représentation est précisément ici ce que nous appelons conscience. En approfondissant ce point, on trouverait que la conscience est la lumière immanente à la zone d'actions possibles ou d'activité virtuelle qui entoure l'action effectivement accomplie par l'être vivant. Elle signifie hésitation ou choix. Là où beaucoup d'actions également possibles se dessinent sans aucune action réelle (comme dans une délibération qui n'aboutit pas), la conscience est intense. Là où l'action réelle est la seule action possible (comme dans l'activité du genre somnambulique ou plus généralement automatique), la conscience devient e. Représentation et connaissance n'en existent pas moins dans ce dernier cas, s'il est avéré qu'on y trouve un ensemble de mouvements systématisés dont le dernier est déjà préformé dans le premier, et que la conscience pourra d'ailleurs en jaillir au choc d'un obstacle. De ce point de vue, on définirait la conscience de l'être vivant une différence arithmétique entre l'activité virtuelle et l'activité réelle. Elle mesure l'écart entre la représentation et l'action. Henri Bergson, L'Evolution créatrice, © PUF, coll. « Quadrige », 10e éd., 2003, p. 144-145.» Bergson, L'Evolution créatrice, pp 144-145, PUF, coll.

En ce début de XX° siècle, Henri Bergson concentre ses recherches sur la conscience. Après la publication, en 1889, de sa thèse intitulée "Essai sur les données immédiates de la conscience", il publie alors en 1907 "L'Evolution Créatrice", marquant en certains de ses passages la continuité avec son oeuvre de 1889, essayant cette fois-ci d'aller plus loin dans la définition de la conscience, d'approfondir ses travaux tout en essayant de surmonter la notion de dualité entre la matière et l'esprit.    Henri Bergson pose alors le problème de définir qu'est-ce que réellement la conscience?    Ainsi il pense que cette conscience tisse un lien avec l'inconscience, qu'elle résulte de l'écart entre deux fonctions parallèles et fondamentales agissant au sein-même de l'inconscience.  C'est ainsi que, dans l'extrait proposé, l'auteur va arriver à déterminer ce qu'est la conscience en définissant, dans une première partie, l'inconscience et son lien avec la conscience, permettant au final, dans une seconde partie, de mieux se recentrer sur la définition même de la conscience, sur sa raison d'exister.  

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« Henri Bergson en vient d'abord à diviser l'inconscience pour mieux la cerner, et ainsi établir une approche avec laconscience. En effet, il affirme une distinction, qu'il considère comme trop peu connue, entre une inconscience dûe à uneconscience nulle, et une inconscience provenant d'une conscience annulée.

Dans le premier cas, l'inconscience n'estrévélée que parce que l'objet de cette inconscience n'est pas à même de pouvoir un jour exprimer sa conscience.Cet objet est voué à stagner dans cet état d'inconscience, celle-ci étant par nature nulle est irréversible.

L'auteurdécrit cette conscience nulle à l'aide d'un exemple: celui de la pierre qui tombe.

Ce qui va distinguer la chute de lapierre avec celle d'un Homme, ou tout autre animal, c'est la notion de sentiment.

En effet, une absence de ces"sentiments" empêche un objet de se délivrer de son inconscience, étant donné qu'il n'y a nul rempart deconscience donnant alors la possibilité à ce sujet de ressentir sa chute.

Henri Bergson compare alors cet exemple àl'approche d'une situation extrême, telle une chute, mais cette fois-ci par un sujet possédant un instinct, et doncune conscience.

Cet exemple est mis en forme de la manière d'un questionnement, probablement rhétorique etvisant sa propre personne, sa propre pensée.

C'est justement cette interrogation qui va conduire la démarche del'auteur vers la seconde forme d'inconscience: celle fondée sur une conscience annulée [[Expliquez la question]]. La définition, à proprement parlée, de cette seconde perception de l'inconscience, et donc de la conscience,commence par une réponse à sa question, réponse alors imagée par un exemple: celui du somnambule, et paranalogie celui de l'action habituelle accomplie machinalement.

On admettra alors que l'inconscience sera totale.C'est alors, basé sur cette situation initiale, que l'on va établir les limites de l'inconscience, c'est-à-dire le momentoù la conscience reprendra petit à petit le dessus.

C'est ainsi qu'Henri Bergson donne une première hypothèse del'origine même de l'apparition de la conscience.

Il définit un acte exécuté, et sa représentation, c'est-à-dire enquelque sorte le mode d'emploi de l'exécution qu'on se fait dans sa tête pour ainsi pouvoir correctement réaliserl'acte, qui est alors, comme le précise Henri Bergson "parfaitement semblable à la représentation".

C'est grâce à ceparallélisme entre la représentation et l'exécution que va apparaître la première contrainte empêchant la conscienced'être présente.

En effet, l'auteur définit la conscience annulée comme étant la "compensation de deux quantitéségales et de sens contraire", d'où l'origine d'une neutralité.

Ainsi, avec l'exemple du somnambule, il établit que lareprésentation est une de ces deux quantités, et l'exécution de l'acte l'autre.

Donc un sujet restera dansl'inconscience tant qu'une quantité sera "tenue en échec" par l'autre.

Ainsi tout résulte, selon Henri Bergson, dansl'équilibre entre la représentation et l'exécution, entre l'esprit et la matière.

Pour lui, un lien existe entre l'âme et lecorps, réfutant tout notion de dualité [[Justifiez]].

Or, même si, pour reprendre les mots de l'auteur, "lareprésentation est bouchée par l'action", la vie est faite de telle sorte que la voie de l'inconscience, fondé par cetéquilibre des matières, est parsemé d'"obstacles", d'embuches.

Ainsi, chacun de ces obstacles va empêcher l'actionde s'accomplir correctement.

Ainsi, le parallélisme entre représentation et action sera conservé, mais l'action aurasubit un décalage, laissant alors un "vide" permettant à la conscience de s'y infiltrer.

On peut imager cela commedeux camions côte à côte sur une route: l'un est l'action, l'autre la représentation.

A eux deux ils formentl'inconscience, empêchant le camion de la conscience de s'insérer.

Mais un obstacle oblige le camion de l'action às'arrêter, ou du moins à fortement ralentir.

Un espace de plus en plus grand sépare alors les deux camions del'inconscience, et permet alors à la conscience de prendre le dessus, profitant du déséquilibre.

Ainsi donc on peutimager ce qu'est l'inconscience, et donc aussi ce qui est nécessaire [[A préciser]] pour que la conscience surgisse,jusqu'alors présente mais masquée par la complémentarité de la représentation et de l'action.

Lorsque l'actionn'arrive plus à suivre la représentation, l'adéquation devient inadéquation de l'inconscience devient conscience. Nous allons donc à présent approfondie le thème de la conscience afin de mieux pouvoir la définir. Henri Bergson le considère comme la "lumière immanente à la zone d'actions possibles ou d'activité virtuelle quientoure l'action effectivement accomplie par l'être vivant".

Autrement dit, la conscience est une faculté propre àchaque être vivant l'éclairant dans son périple, lui révélant les différents chemins qui lui est possible d'emprunter.Ainsi donc il n'y aura pas qu'une représentation possible.

Cela complète ce qui a été dit précédemment: un obstacleentrave la route du sujet, l'inconscience n'est donc plus en mesure d'agir seule, par habitude, l'action physique nepeut plus se résumer en un mouvement habituel, un rituel.

L'être vivant a besoin de poursuivre sa route, mais il"hésite"; il doit faire un "choix" pour parer l'obstacle.

C'est alors que la conscience intervient, éclairant lesdifférentes possibilités offertes, élargissant le champ d'action du sujet.

Certes elle mène cet être vivant au doute,l'obligeant à user de sa réflexion afin de continuer sa route, mais ce passage est nécessaire.

Comme le confirmel'auteur, la conscience est intense à partir du moment où le sujet se voit proposé un nombre conséquentd'alternatives, mais il n'arrive cependant pas à se décider.

La réflexion est alors intense, à l'image de sa conscienceet permet alors de définir que toute conscience casse les habitudes, la routine.

Elle offre un panel de choix divers etvariés auquel le sujet est confronté.

Que choisir? Que faire? sont autant de questions menant l'individu à uneréflexion dont l'acte final résultera au préalable d'une décision prise par la pensée.

Ainsi donc la dualité est là encorecontroversées car lorsque l'action physique est entravée, elle ne pourra continuer son chemin que lorsque la penséesera parvenue à prendre une initiative et aura décidé comment contourner la faiblesse physique.

C'est justement àcela que l'auteur oppose l'exemple du somnambule et des actions automatiques.

En effet, imaginons une route ayantpour seule direction une unique ligne droite, pas de virages, pas d'intersections.

Tout sujet n'aura comme solutionque de continuer sa route, allant encore et toujours tout droit.

Il sait pertinament qu'il n'a pas d'autres alternatives.. »

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