Devoir de Philosophie

Bergson: la mesure de la durée

Publié le 19/04/2005

Extrait du document

bergson
Quand je suis des yeux, sur le cadran d'une horloge, le mouvement de l'aiguille qui correspond aux oscillations du pendule, je ne mesure pas de la durée, comme on paraît le croire ; je me borne à compter des simultanéités, ce qui est bien différent. En dehors de moi, dans l'espace, il n'y a jamais qu'une position unique de l'aiguille et du pendule, car des positions passées, il ne reste rien. Au-dedans de moi, un processus d'organisation ou de pénétration mutuelle des faits de conscience se poursuit, qui constitue la durée vraie. C'est parce que je dure de cette manière que je me représente ce que j'appelle les oscillations passées du pendule, en même temps que je perçois l'oscillation actuelle. Or, supprimons pour un instant le moi qui pense ces oscillations du pendule, une seule position même de ce pendule, point de durée par conséquent. Supprimons, d'autre part, le pendule et ses oscillations ; il n'y aura plus que la durée hétérogène du moi, sans moments extérieurs les uns aux autres, sans rapport avec le nombre. Ainsi, dans notre moi, il y a succession sans extériorité réciproque ; en dehors du moi, extériorité réciproque sans succession. Bergson

Bergson emploie dans ce texte un vocabulaire très rigoureux qu'il faut veiller à traiter de façon précis en montrant l'articulation des principaux concepts comme cet de simultanéité, de durée (hétérogène), de pénétration mutuelle, de succession ou d'extériorité réciproque.

Thème : la mesure de la durée. La durée, propre au moi, ne se mesure pas parce qu'en dehors de moi, il n'y a pas de durée.

bergson

« durée.

Que se passe-t-il dans ma conscience ? Un mouvement continu se poursuit par lequel les faits deconscience se pénètrent mutuellement au fur et à mesure qu'ils sont vécus.

C'est cette continuité où lepassé se conserve et se prolonge dans le présent qui constitue "la vraie durée".

Seule la conscience mesureune durée parce que seule elle conserve la représentation des positions passées de l'aiguille tout enconstatant sa position actuelle, et cela parce qu'elle est durée.L'auteur tire alors les conséquences de son analyse en supposant deux hypothèses.

Si l'on supprime pour uninstant le moi et la conscience, alors il n'y a qu'une position, c'est-à-dire une situation stable, de l'aiguille ;donc il n'y a pas durée.

Si l'on supprime l'horloge et les positions de l'aiguille - on peut d'ailleurs étendre lasupposition à toutes les choses qui occupent l'espace -, il n'y a que de la durée.

Cette durée, Bergson enprécise les propriétés grâce à plusieurs expressions.

Elle est "hétérogène", cela signifie que les moments quila constituent ne sont pas identiques les uns aux autres.

Ainsi les moments vides semblent longs ; lesmoments riches en action passent vite.

Ce caractère s'oppose à l'homogénéité du temps que l'on mesure carses unités sont identiques : une minute d'horloge égale une autre minute ! Bergson dit aussi de la durée queses moments ne sont pas "extérieurs les uns aux autres" pour insister sur la continuité de la vie de laconscience.

On passe d'un état de joie à un état de tristesse, mais séparer l'un de l'autre serait détruire laconscience elle-même.

Enfin la durée est "sans rapport avec le nombre".

Ceci est la conséquence de lacontinuité où chaque état pénètre dans l'autre sans qu'on puisse l'en séparer.

Or, on ne peut nombrer ouadditionner que des éléments séparés les uns des autres.Le texte s'achève sur une conclusion qui ramasse les idées qui ont été développées en reprenant l'oppositiondu moi et de l'en dehors.

D'un côté, une succession sans extériorité, c'est-à-dire une continuité depénétration.

De l'autre, des éléments séparés sans succession, qui ont en chaque instant une position. Revenir sur l'opinion commune et sur sa critique.On croit saisir le temps à partir de l'observation du mouvement ou du changement des choses.

Le tempsserait perçu comme la succession des positions d'un mobile ou des états d'un changement.

On croit qu'onl'observe comme une réalité objective à travers la succession des événements.

Or la réflexion s'impose quece qui est dans le monde, comme ce qui est vécu intérieurement, est au présent : la position d'un mobile àtel instant ou le sentiment que l'on éprouve.Prolonger la question dans l'une ou l'autre de ses conséquences.Si tout est présent, deux questions se posent : comment mesurer une durée ? Qu'est-ce que le présent ?Mesurer une durée suppose que le temps ne se réduise pas à l'instant présent.

Or, si seul l'instant présentest observable, la saisie du temps ne relève pas de l'observation des choses.

Ici entre en jeu le rôle de laconscience, comme le démontre le texte.Mais dès qu'on introduit la conscience, le présent ne peut plus être défini comme instant, il a une élasticité,retenant ce qui est passé et déjà se prolongeant dans le futur.

C'est cette unité qui constitue le présent dela conscience, unité où se confondent succession et continuité.

La question se pose alors de la mesure decette durée, car mesurer consiste à additionner des unités successives mais distinctes.

La mesure n'estpossible qu'en projetant dans l'espace, sous forme d'instants, ce qui est vécu comme une continuité.

C'estpourquoi il ne faut pas confondre le temps mesuré et le temps réel.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles