Devoir de Philosophie

Bergson, l'âme et le corps (1912), in l'Energie spirituelle

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

bergson
Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu’on l’abandonne, il retombe. Mais, à coté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieur, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appellent « volontaires ». Quelle en est la cause ? C’est ce que chacun de nous désigne par les mots « je » ou « moi ». Et qu’est ce que le moi ? quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui est joint, le dépasser dans l’espace aussi bien que dans le temps. Dans l’espace d’abord, car le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu’aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s’il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce quel aperçoit à la lumière de ce quelle ce remémore. : la conscience, elle, retient ce passé, l’enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu’elle contribuera à créer.[…] cette chose, qui déborde le corps de tous cotés et qui crée des actes en se créant à nouveau elle-même, c’est le « moi », c’est « l’ âme », c’est l’esprit,- l’esprit étant précisément une force qui peut tirer d’elle même plus qu’elle ne contient, rendre plus qu’elle ne reçoit, donner plus qu’elle n’a. Voilà ce que nous croyons voir. Telle est l’apparence Bergson, l’âme et le corps (1912), in l’Energie spirituelle
bergson

« soumis à la loi de gravitation universelle notamment, tombant lorsqu'ils sont lâchés, ainsi qu'à toutesles lois concernant le mouvement, étant mis en mouvement par un choc avec un autre corps estcontinuant ce mouvement tant qu'aucun corps ne se met en travers de leur chemin.

Tout corps semeut mécaniquement est ce fait cause du mouvement d'un autre corps ou effet d'une cause qui lemeut à son tour. § Aussi le corps est-il pure extériorité, ne se mouvant que par l'action et le choc d'autres corps qui luisont extérieurs et n'ayant en lui-même aucun principe de son action propre.

C'est notamment enréférence aux lois de Newton que l'explication déterministe du mouvement des corps est ainsi mise enévidence, ce dernier ayant, dans ses Principia, énoncé les grandes lois qui régissent la nature, dont la loi de gravitation universelle. § Tout mouvement de corps dans la nature est alors appréhendable par la science au sens où cesmouvements, en tant que totalement déterminés, sont totalement prévisibles.

Et c'est bien la thèseque Bergson émet sur la matière dans ses autres ouvrages et notamment dans la première partie del'Evolution créatrice où il énonce que la matière (dont les corps font partie) est totalement prévisible, immuable, le temps ne mordant pas sur elle, et pouvant être isolée par la science. Face à cette définition des corps matériels, Bergson place un second « mouvement », intérieur celui là, qui estcaractérisé à l'inverse par son imprévisibilité.

Se dresse alors une définition de l'homme selon la distinctiontraditionnelle entre l'âme et le corps.

II) L'âme comme mouvement imprévisible. § En regard du mouvement tout extérieur auquel sont soumis les corps, Bergon place un secondmouvement, celui du moi, dont le principe d'action est au contraire interne, le moi pouvant agir de lui-même et n'étant soumis à aucune cause extérieure, du moins en apparence.

Ce texte se place bienen effet du côté de l'apparence, cette thèse étant manifestée par exemple par l'expression « à tortou à raison » qui met en évidence le fait que Bergson semble se placer ici du point de vue de l'hommeet non pas de son propre point de vue, l'homme sentent en lui-même son moi comme étant ce qui esttotalement libre et comme ce qui déborde totalement son corps. § Le moi apparaît alors à l'homme comme ce qui est libre, par opposition à son corps, soumis audéterminisme des lois de la nature.

Contrairement au corps qui est toujours contraint d'agir par descauses extérieures et différentes de lui, le moi semble pouvait commencer de lui-même une série decause, se faisant alors l'acteur libre pouvant choisir son action dans le monde.

Aussi le moi apparaît-ilalors comme ce qui est totalement imprévisible, non soumis aux lois de la nature et comme tel nonappréhendable et isolable par la science. § Le moi semble alors déborder le corps de deux manières : * selon l'espace : notre perception, voirenotre faculté de voir plus largement, c'est-à-dire plus largement ce que notre mémoire ou notreimagination peut nous permettre de visualiser, même si cela est de l'ordre de la fiction, dépassel'ancrage du corps dans un espace matériel restreint et clairement déterminé (nous pouvons parexemple par notre imagination visualiser des images qui dépassent de bien loin de cadre de la pièce oùnous sommes au moment où nous imaginons).

* Selon le temps : les corps sont soumis au présentdans lequel ils sont mus, ainsi qu'au passé dont il reste des traces que la conscience peut interpréter dans la seule mesure où elle peut se les remémorer.

L'espace dans lequel se meuvent les corps estdonc restreint.

Au contraire le moi, l'esprit, la conscience, se place sur une line qui va du passé aufutur, pouvant se souvenir des choses du passer, les interpréter et par elles former des idées endirection de l'avenir.

Par cette capacité à se tourner vers l'avenir, capacité qui suppose d'être libéréde tout déterminisme, l'esprit se fait alors créateur au sens où il est capable de créer son propreavenir grâce à ce qu'il sait du présent et à ce qu'il se remémore du passé.

Le temps de la conscienceexcède donc le temps scientifique qui régit la nature et qui se borne au présent. De là suit une définition de l'esprit comme pure liberté comme jaillissement de nouveauté et création.

III) L'esprit est pure liberté. § De tout cela naît une définition de l'homme comme composé d'âme et de corps.

Du côté de son corps,l'homme est alors ancré profondément dans la matière et dans le déterminisme des lois naturelles quila régit.

Il est alors soumis à ces lois, contraint de leur obéir.

Du côté de l'âme l'homme est une duréepure, capable de commencer une série de phénomènes et d'action par elle-même, etfondamentalement libre.

L'esprit est invention, création, nouveauté et imprévisibilité. § Néanmoins cette définition de l'âme est dite par Bergson, « apparence », elle est « ce que nous. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles