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Bergson: Les philosophes qui ont specule sur la signification de la vie et sur la destinee de l'homme

Publié le 19/04/2005

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bergson
Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur la destinée de l'homme n'ont pas assez remarqué que la nature a pris la peine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n'est qu'un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l'être vivant la conservation de la vie ; il n'indique pas la direction où la vie est lancée. Mais la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu'elle a gagné du terrain, qu'elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. La mère qui regarde son enfant est joyeuse, parce qu'elle a conscience de l'avoir créé, physiquement et moralement... celui qui est sûr, absolument sûr, d'avoir produit une oeuvre viable et durable, celui-là n'a plus que faire de l'éloge et se sent au-dessus de la gloire, parce qu'il est créateur, parce qu'il le sait, et parce que la joie qu'il éprouve est une joie divine. Bergson
bergson

« réservé.

Quelle est la signification de ce quelque chose qui est réservé à l'homme ?Or, nous dit Bergson, les philosophes n'ont pas pris garde au fait qu'il y a un révélateur en ce domaine : lanature, c'est-à-dire, ici, l'ensemble de tout ce qui existe, l'ensemble des choses visibles, en tant que milieuoù vit l'homme, nous renseigne spontanément en ce qui concerne cette destinée, c'est-à-dire nous éclaireet nous informe elle-même.

Elle nous avertit, nous donne des renseignements par un signe précis.

Un signe,c'est, nous le savons, une chose perçue permettant de conclure à la vérité d'une autre chose, à laquelle elleest liée.

Un signe est donc l'indice, la manifestation et la marque d'autre chose.

En d'autres termes, c'est unsymptôme, une annonce et une promesse.

C'est un élément permettant de reconnaître une autre réalité.Nous possédons, par conséquent, dit Bergson, un indice qui représente, en quelque sorte, l'annonce que cepour quoi nous sommes faits est atteint, que ce qui nous est donné est réalisé (destination = destinée, dansle cas précis).

Ce signe n'a généralement pas été remarqué par les philosophes (ici, Bergson n'a pas vraimentraison.

Avant lui, Spinoza avait noté la signification ontologique de la joie).

L'indice permettant de dire quenous avons atteint ce à quoi nous sommes promis est la joie.Mais que désigne ce terme de joie ? La joie peut être définie comme une émotion agréable, mais surtoutprofonde, et, sans doute davantage encore comme un sentiment, sentiment exaltant ressenti par toute laconscience.

Cet état affectif global, de caractère agréable, est un sentiment total de satisfaction du sujet,sentiment,qui peut se manifester par l'exubérance, mais, plus profondément aussi, par la paix intérieure et lasérénité de l'esprit.

Il y a, dans cet état caractéristique, une idée de perfection : quelque chose de parfaitest atteint.

Aussi, Bergson nous dit-il que cette agréable émotion de l'âme est l'indice que notre destinéeest atteinte : la joie est un symptôme, la joie est un indice. b.

Seconde sous-partie : «Je dis...

lancée.» La formule «Je dis» marque véritablement une transition.

En appuyant ainsi sur les termes, Bergson va noussignaler, en effet, la vraie signification de la joie.

Ici, la formule va accentuer le mot, va permettre de faireune pause et de bien préciser.

Elle joue donc un rôle dynamique tout à fait particulier, et ce d'autant plusqu'il y a une sorte de parallélisme : je dis...

je ne dis pas.

Bergson marque, de manière très ramassée, que lajoie, sentiment de plénitude, se distingue du plaisir.

Qu'est-ce, en effet, que le plaisir ? Cet état affectifagréable, ce sentiment de satisfaction, ce bien-être essentiellement d'ordre sensible, est d'une qualité etd'une densité ontologiques bien inférieures à celles que détient et possède la joie.Qu'est-ce, en effet, que le plaisir ? Bergson nous l'indique dans les lignes qui suivent.

Ce n'est qu'un moyenhabile et ingénieux inventé par la nature (remarquons que, pour la seconde fois, ce mot intervient dans letexte), c'est-à-dire l'ensemble de tout ce qui existe, pour que l'être organisé puisse conserver et perpétuerl'ensemble des forces qui résistent à la mort.

Expliquons-nous : quand l'être humain mange ou boit, cesactes sont accompagnés de bien-être, d'un sentiment de satisfaction, moyens ingénieux pour perpétuerainsi la force vitale et l'élan créateur puisque, s'il n'y avait pas bien-être et agrément, l'être vivant etorganisé ne boirait peut-être pas.

A ce caractère restreint du plaisir s'opposent la fonction globale et lafinalité de la joie.

Et, en effet, le plaisir ne donne pas à voir un but ou une intention ; il manifesteuniquement la réalisation d'un acte vital.

Il possède donc un sens plus «mécanique» que la joie, quicorrespond à une orientation et à une finalité.

Il n'indique pas le mouvement, le dynamisme de l'élan vitalcréateur, il est étranger à la vie conçue comme impulsion originelle de création.

Il est statique.

La joie est,au contraire, dynamique.

Elle correspond à une explosion, à un élan vers quelque allons le voir dans lanouvelles et plus hautes, comme nous seconde grande partie. B.

Seconde grande partie : «Mais...

joie divine.» Si le début de cette seconde grande partie pouvait, à la limite, être rangé dans la première, néanmoins le«Mais» indique une opposition si forte et nous met sur la voie de notions si nouvelles (idée de création) quenous avons préféré introduire ici une césure dans le texte.

La première sous-partie («Mais...

triomphal»)souligne, dans la joie, un succès.

La seconde approfondit la création sous une dimension encore plus globaleet, peut-être, mystique.! a.

Première sous-partie : «Mais...

triomphal.»! A la limitation du plaisir s'opposent la globalité de la joie et sa profonde signification.

La joie ne s'expérimentepas et ne se donne pas n'importe comment et de n'importe quelle façon.

Elle annonce quelque chose, ditBergson.

Elle est l'indice et le signe d'une réalité, à savoir que les forces dynamiques qui résistent à la mortet vont de l'avant (comment mieux définir la vie ?) l'emportent, dans le réel, qu'elles gagnent du terrain etprogressent (le bon combattant, la Vie, repousse alors la mort).

Les forces dynamiques, dans leur lutte sanscesse renouvelée contre l'inerte et la mort, connaissent le succès et l'heureuse issue.

En somme, joie etélan vital créateur sont liés.

Ils sont consubstantiels : la grande joie, conçue comme sentiment de plénitude,signale une victoire éclatante des puissances de vie (et de création).

Cela signifie que, quand nous sommesjoyeux, l'élan créateur, en nous, l'a emporté.

C'est la liberté pure, sans cesse créatrice, qui a vaincu.

Notrejoie est le signe d'un puissant élan vital, d'une invention de vie.

Si nous triomphons, c'est parce que lapoussée de vie s'est accrue.

C'est pour cela que nous sommes joyeux.

Quelle réussite de la vie ? Ce peutêtre la création d'un enfant, celle d'un livre, d'un écrit, etc.

: tout cela représente le triomphe de la vie, paropposition aux forces de mort.

La joie signale que l'élan vital l'emporte, contre la mort et l'inertie.. »

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