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Bergson: Science et Intelligence

Publié le 13/05/2010

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Expliquez le texte suivant:   Notre intelligence, telle que l'évolution de la vie l'a modelée, a pour fonction essentielle d'éclairer notre conduite, de préparer notre action sur les choses, de prévoir, pour une situation donnée, les événements favorables ou défavorables qui pourront s'ensuivre. Elle isole donc instinctivement, dans une situation, ce qui ressemble au déjà connu : elle cherche le même, afin de pouvoir appliquer son principe que « le même produit le même «. En cela consiste la prévision de l'avenir par le sens commun. La science porte cette opération au plus haut degré possible d'exactitude et de précision, mais elle n'en altère pas le caractère essentiel. Comme la connaissance usuelle, la science ne retient des choses que l'aspect « répétition «. Si le tout est original, elle s'arrange pour l'analyser en éléments ou en aspects qui soient « à peu près « la reproduction du passé. Elle ne peut opérer que sur ce qui est censé se répéter, c'est-à-dire sur ce qui est soustrait, par hypothèse, à l'action de la durée. Ce qu'il y a d'irréductible et d'irréversible dans les moments successifs d'une histoire lui échappe. Il faut, pour se représenter cette irréductibilité et cette irréversibilité, rompre avec des habitudes scientifiques qui répondent aux exigences fondamentales de la pensée, faire violence à l'esprit, remonter la pente naturelle de l'intelligence. Mais là est précisément le rôle de la philosophie.   Henri Bergson, L'évolution créatrice.

Dans le présent extrait Bergson souligne la continuité entre les procédés de l'intelligence pratique d'une part et de la connaissance scientifique d'autre part : orientée tout comme la connaissance usuelle vers l'action, la science n'en altèrerait guère le principe, se contentant d'en prolonger la démarche et d'en systématiser les conclusions ; là où la connaissance usuelle s'accommoderait d'un constat empirique de ressemblances, la science scruterait le divers afin de toujours davantage le réduire pour l'inscrire sous des lois sinon universelles, du moins générales.

Or les prétentions de la science à la précision et à l'exactitude sont-elles légitimes ou revêtent-elles, par le coup de force imposé aux phénomènes, le caractère d'une mystification (d'un « arrangement «, ligne 11) ? Les propositions scientifiques issues d'un raisonnement inductif aboutissent-elles à d'authentiques certitudes, frappées du sceau cartésien de l'indubitabilité, ou à de simples probabilités ? En d'autres termes : la connaissance scientifique prétend-elle à la vérité ou à la seule vraisemblance ? 

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« INTRODUCTION Premier exemple (problématisation sous forme de questions) Dans le présent extrait Bergson souligne la continuité entre les procédés de l'intelligence pratique d'une part et de la connaissance scientifique d'autre part : orientée tout comme la connaissance usuelle vers l'action, lascience n'en altèrerait guère le principe, se contentant d'en prolonger la démarche et d'en systématiser lesconclusions ; là où la connaissance usuelle s'accommoderait d'un constat empirique de ressemblances, la sciencescruterait le divers afin de toujours davantage le réduire pour l'inscrire sous des lois sinon universelles, du moinsgénérales. Or les prétentions de la science à la précision et à l'exactitude sont-elles légitimes ou revêtent-elles, par le coup de force imposé aux phénomènes, le caractère d'une mystification (d'un « arrangement », ligne 11) ? Lespropositions scientifiques issues d'un raisonnement inductif aboutissent-elles à d'authentiques certitudes, frappéesdu sceau cartésien de l'indubitabilité, ou à de simples probabilités ? En d'autres termes : la connaissance scientifiqueprétend-elle à la vérité ou à la seule vraisemblance ? Enfin, par delà les succès de la science, peut-on opposer à l'approche quantitative du scientifique une vision qui conserverait du réel sa dimension durative, s'attardant sur la singularité des événements qui le constituent ? Cediscours dont la finalité romprait avec la volonté scientifique de prédiction et d'action et qui trouverait son objetpropre dans la durée, l'irréductibilité et l'irréversibilité des phénomènes, Bergson l'identifie à la philosophie. Deuxième exemple Faculté à vocation pratique, l'intelligence se doit d'opérer des découpages, de repérer dans les phénomènes de la nature ce qui est susceptible de répétition.

C'est à une critique des procédés de l'intelligence, tels que lascience les a radicalisés que se livre Bergson.

Loin de renier tout succès à la science, il en dénonce une certainedémarche : la science, forte de principes aux fondements ancrés dans les nécessités de l'action, les applique sanssouci de leur limite éventuelle.

Ce qui par essence lui échappe, en d'autres termes : ce qui s'affirme dans sasingularité propre et dès lors résiste à toute entreprise de généralisation, l'intelligence, et avec elle la science, le nieen tentant d'y appliquer envers et contre tout ses principes.

Bergson expose ici les voies qu'emprunte l'intelligencedans cette négation.

Il montre, après avoir retracé le lien généalogique qu'elles entretiennent, comment intelligenceet science « s'arrangent » pour décomposer systématiquement le réel en éléments reconnaissables.

A la suite dusens commun, la science s'efforce de réduire le cours des choses à une suite d'événement répétables et par là même prévisibles.

Enfin, Bergson propose, afin d'en décourager les éventuelles velléités hégémoniques, unealternative à la pensée scientifique : la philosophie.

Or, science et philosophie n'entretiennent guère un rapport deconcurrence ; c'est précisément là où la science échoue que la philosophie trouve son objet. DÉVELOPPEMENT 1- Fonction et procédés de l'intelligence pratique (lignes 1 à 7) Essentiellement prédictive, l'intelligence a pour fonction d'établir les bases de notre action.

Elle observe puis recense les circonstances favorables au succès de cette dernière.

Il s'agit pour l'intelligence d'autoriser ces succèsgrâce à l'application d'un procédé très simple : elle cherche, à partir de diverses situations, à en isoler les élémentscommuns susceptibles d'une occurrence ultérieure dans une situation analogue.

Elle découpe ainsi le réel en éléments connus, autrement dit reconnaissables.

Telle est la démarche propre au sens commun.

Or, cettedémarche, nous dit Bergson, est appliquée « instinctivement ».

Elle semble être naturelle à l'intelligence et dictéepar les impératifs de l'action efficace.

L'intelligence n'est pas dans son essence la faculté d'êtres voués à une béatecontemplation ou encore à la spéculation pure, mais d'êtres appelés à agir.

Constater le souci de prévision propre àl'intelligence, c'est donc en reconnaître la finalité pratique. C'est parce qu'elle est soumise aux exigences de l'action que l'intelligence a été « modelée » par« l'évolution de la vie ».

De par sa fonction pratique, l'intelligence s'est vue assignée une tâche allant de la simpleconservation de la vie à son amélioration (par l'inventivité technique notamment).

La réalisation de cette tâche nese limite par à la vie de chaque homme mais se déploie sur celle de l'espèce (« l'évolution de la vie », ligne 1).

Desruses de l'homme primitif pour conserver la vie sauve aux pratiques scientifiques les plus développées, il s'agittoujours de la même intelligence, considérée tantôt sous l'aspect du sens commun, tantôt sous celui – plusrigoureux et méthodique – de la science. Ainsi, considérée sous tous ces aspects, l'intelligence orientée vers l'action procède toujours de la mêmefaçon : grâce à l'observation empirique et à la méthode inductive, elle isole le reconnaissable et l'érige en modèle duphénomène à venir.

Elle voue en cela le présent et l'avenir à n'être que la répétition d'un passé connu.

Rien nesaurait intervenir qui ne soit réductible à des éléments familiers.

L'intelligence est à même de prévoir parce qu'elle. »

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