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BERGSON : une « mémoire-habitude » et un « souvenir-image »

Publié le 30/09/2013

Extrait du document

bergson

« Quand je récite, on peut bien dire que je reconnais le texte, et par conséquent que je me reconnais moi-même. Mais ma pensée ne se dirige pas par là. L'intérêt n'est pas de savoir si c'est bien moi qui ai appris cela et à quelle époque ... Un chimiste ne se reconnaît pas lui-même, même explicitement en ses « souvenirs « de chimie, pour autant qu'il les utilise; toutefois il se reconnaîtra en un procédé qu'il a inventé; mais alors, par ce mouvement, il s'éloigne de la science, il revient à lui et à cette sorte de rêverie biographique qui plaît à tous. Tous nos souvenirs ont deux faces. Par un côté, ils s'accordent à nous-mêmes et nous restituent un moment de notre vie. J eau-Christophe sait la musique; mais il peut penser aussi à ses premières admirations, à ses désespoirs. On remarquera à ce sujet que les souvenirs explicitement reconnus ne consistent jamais dans un acte de mémoire limité, mais se rapportent à une vue du monde, à un moment de l'histoire du monde. Notre rêverie biographique cherche toujours à étendre chaque souvenir et c'est par ce moyen qu'il prend Je sens de quelque chose de passé, qui ne fut qu'une fois. La sonate est toujours la même sonate, mais les lieux, les personnes, non. Et nos sentiments non plus. Je ne suis plus celui qui croyait ... , qui pensait ... , qui espérait. «

ALAIN

 

Y a-t-il, dans ce texte, un problème? Ce texte est non pas problématique, mais dogmatique; il expose une distinction importante entre deux formes de mémoire, distinction peu différente d'ailleurs de celle dont on attribue volontiers la paternité à BERGSON, entre une « mémoire-habitude « et un « souvenir-image «; et il décrit en termes variés, en se plaçant à différents points de vue, les caractères propres à chacune d'elles. Il est vrai - nous l'avons vu à propos des« énoncés-citations« - qu'une assertion peut être considérée comme la réponse à une question, la solution d'un problème. Il appartient alors à l'élève de reconstituer les termes du problème dont on lui offre la solution.

bergson

« La septième phrase contient une opposition, indiquée par« mais».

Une opposition du même ordre se rencontre dans la huitième et dans la dixième, qui contiennent toutes deux la conjonction « mais ».

Les dixième et onzième phrases sont les seules à être liées par une conjonction, la plus simple de toutes,« et», indiquant une coordination et peut-être un enchérissement.

Toutes ces oppositions, nous aurons à leur donner un sens dans un instant lorsque nous examinerons non plus simplement les procédés formels, mais les concepts.

La première partie du texte (les sept premières phrases) renferme trois exemples : un exemple personnel, ou plutôt universel, anonyme : «je récite ...

»; l'exemple du chimiste, exemple général, et l'exemple précis de Jean-Christophe, Un exemple, dans un texte, est toujours une chose importante; gardez-vous de n'y voir qu'une simple illustration, une image pour distraire le lecteur ou pour aider ceux qui ont quelque peine à penser « abs­ traitement ».

Un exemple est un fait que l'auteur soumet au lecteur pour qu'il y réfléchisse lui-même et qu'il en tire tout l 'ensei­ gnement possible.

Un exemple peut donc être plus instructif qu'un développement abstrait.

Et surtout un fait justifie une assertion; il éclaire au lieu de persuader.

Outre ces exemples, que nous aurons à examiner un à un et à comparer l'un à l'autre, deux phrases, et deux seulement -et encore, nous l'avons vu, forment-elles un tout -énoncent une proposition générale, une sorte de loi tirée de ces exemples ou justifiée par eux.

Tel est donc le schéma de notre texte; deux parties; l'une, essentielle, contient une proposition générale appuyée sur trois exemples; l'autre présente une remarque, greffée d'ailleurs sur le troisième exemple, qui sera rappelé par l'allusion à une « sonate ».

B - Analyse des concepts.

Le recensement de tous les concepts contenus dans le texte et leur mise en ordre -nous les supposons achevés -nous conduisent aux constatations suivantes : 1 ° La grande majorité des mots utilisés se rapportent à la mémoire; d'abord les termes généraux (mémoire, souvenir); - ensuite, en fonction d'une distinction qui est faite tout au long du texte, explicitement ou implicitement, les termes qui se rap­ portent plus spécialement d'une part à cette « face » de nos souve­ nirs par laquelle ils s'accordent aux choses (réciter, apprendre, savoir, science, utiliser), d'autre part à celle par laquelle ils s'accor­ dent à nous (moi, moi-même, lui-même) (reconnaître, se recon­ naître, rêverie biographique, restituer un moment de notre vie).

2° Faisons une place à part à la « remarque » qui constitue la deuxième partie du texte où est introduite la notion de « passé » comme un « sens » que prend chaque souvenir explicitement reconnu, c'est-à-dire situé en un moment de l'histoire du monde.

II - INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU PROBLÈME Y a-t-il, dans ce texte, un problème? Ce texte est non pas problématique, mais dogmatique; il expose une distinction importante entre deux formes de. »

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