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Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale

Publié le 12/04/2012

Extrait du document

« Quand nous faisons une théorie générale dans nos sciences, la seule chose dont nous soyons certains, c'est que toutes nos théories sont fausses absolument parlant. Elles ne sont que des vérités partielles et provisoires qui nous sont nécessaires, comme des degrés sur lesquels nous reposons pour avancer dans l'investigation; elles ne représentent que l'état actuel de nos connaissances, et, par conséquent, elles devront se modifier avec l'accroissement de la Science, et d'autant plus souvent que les sciences sont moins avancées dans leur évolution. [ ... ] Dans l'éducation scientifique, il importait beaucoup de distinguer le déterminisme, qui est le principe absolu de la science, d'avec les théories qui ne sont que des principes relatifs auxquels on ne doit accorder qu'w1e valeur provisoire dans la recherche de la vérité. En un mot, il ne faut point enseigner les théories comme des dogmes ou des articles de foi. [ ... ] Les théories qui représentent l'ensemble de nos idées scientifiques sont sans doute indispensables pour représenter la science. Elles doivent aussi servir de point d'appui à des idées investigatrices nouvelles. Mais, ces théories et ces idées n'étant point la vérité in1muable, il faut toujours être prêt à les abandonner, à les modifier ou à les changer dès qu'elles ne nous représentent plus la réalité. En un mot, il faut modifier la théorie pour l'adapter à la nature et non la nature pour l'adapter à la théorie.«

« Thèse centrale Il faut éviter toute« dogmatisation »de la science, aussi bien dans le travail du savant que dans sa présentation didactique.

Il s'agit de présenter et de situer le thème du texte en sensibilisant le lecteur à l'intérêt qu'il présente pour la réflexion.

Trois démarches pos­ sibles sont proposées ici à titre d'exemples: • Première suggestion : prendre pour point de départ de l'introduction le rôle de l'enseignement scientifique à l'école.

Comment interpréter l'impor­ tance de cette place qui lui est reconnue? Quelle peut en être la justification, la légitimité, et à quelles conditions? S'agit-il de sensibiliser à un type de démarche, en en restituant le mode d'élaboration et les conditions origi­ nelles, ou bien de présenter des « acquis » non problématisés valant comme référence obligée dans toute conception rationnelle du monde? En bref, peut-on concevoir la didactique des sciences sans rappeler le statut des théories qu ' elles proposent et souligner ainsi leurs limites éventuelles dans le cadre d'une histoire qui tend à les relativiser? On comprend, à partir de ces questions, la nécessité de définir précisément l'esprit de la démarche scientifique, et son rapport avec les théories produites successivement.

• Deuxième suggestion : prendre pour point de départ une réflexion sur l'histoire des sciences.

Celle-ci, en effet, permet de mettre en évidence le caractère provisoire des théories scientifiques, qui sont périodiquement remaniées ou dépassées.

Il y a une sorte de contraste entre les phases où l'on applique les théories admises et celles où on les bouleverse.

Bachelard y voit une manifestation très symptomatique de deux tendances contra­ dictoires de l'homme: se reposer sur des« acquis » (cf la notion d'induration des théories admises) ou dépasser ceux-ci (dynamisme de l'esprit scienti­ fique, saisi à sa source, et se manifestant dans les différentes crises de la pensée scientifique).

L'enjeu épistémologique d'une telle conception était déjà envisagé par Claude Bernard, dont le texte nous permettra d'étudier le statut des théories admises au cours de l'histoire d' une science.

• Troisième suggestion: partir d'un exemple concret permettant d'expliciter le rôle des crises de la pensée scientifique dans son développement progressif.

Ainsi , pour illustrer l'évolution de la physique (passage de la mécanique clas­ sique de Newton et Galilée à la mécanique relativiste d'Einstein), on peut évo­ quer la mutation qui s'est produite dans la conception de la masse des corps, qui était une constant e pour les cla ssiques, et qu'Einstein a définie comme une variable.

On sait qu'une thématisation sceptique assez répandue prétend invalider l'idée même de vérité scientifique en tirant argument de la mobilité des théories, hâtivement assimilée à l'inconstance et à l'incertitude des opinions.

L'approche critique d' une telle analogie requiert une réflexion approfondie permettant d'interpréter la relativité des théories, manifestée par l'histoire des sciences elle-m ê me , sans renoncer pour autant à l'idée de vérité scientifique.

Claude Bernard aborde dire ctement cette question, et l' étude de son texte devrait pouvoir nous écl air e r.. »

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