Devoir de Philosophie

Bertrand RUSSELL, Problèmes de philosophie.

Publié le 01/07/2015

Extrait du document

russell

Expliquer le texte suivant:

La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'exis¬tence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habi¬tuelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.

Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons [...] que même les choses les plus ordi¬naires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l'habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau.

Bertrand RUSSELL, Problèmes de philosophie.

Avant de commencer

·   Principales notions abordées

La conscience; l'inconscient; le langage (L et ES); théorie et expérience (L);

l'interprétation (L et ES); la vérité; la liberté.

·   Repères utilisés

Contingent/nécessaire/possible; essentiel/accidentel; en fait/en droit; médiat/

immédiat; objectif/subjectif ; universel/général/particulier/singulier.

·   Analyse du sujet

— Bien comprendre que la « philosophie « et sa pratique, dans ce texte, ne ren­voient pas aux philosophes « professionnels « (enseignants, chercheurs, écri­vains) mais à tout homme qui adopte une certaine attitude et une certaine manière de voir, qui a « l'esprit philosophique «.

 

—Toujours s'attacher à rechercher plusieurs exemples précis et concrets qui illus­trent les différentes situations évoquées dans le texte.

La notion de « valeur « est difficile à déterminer avec précision. On peut partir de la distinction classique entre « valeur d'usage « et « valeur d'échange «: la première désigne la valeur que l'on attribue à un objet à travers le besoin que nous en avons pour remplir une certaine utilité (l'eau pour boire, les chaussures pour marcher, la selle pour monter à cheval, etc.). C'est alors la qualité de l'objet qui nous préoccupe, c'est-à-dire l'ensemble de ses caractéris¬tiques et leur aptitude à remplir l'objectif visé. En revanche, les objets ou services peuvent s'échanger sur un « marché « (réel ou virtuel — comme la Bourse ou le marché des matières premières). On parle alors de « valeur d'échange «, à laquelle on peut associer un prix ou une quantité d'autres biens ou services (troc). Mais comment se calcule le prix ? Par la loi de l'offre et de la demande ? Par le coût du travail incorporé ? Par le coût de revient? Et la pression des pays les plus riches (marché des matières premières) ou des agents économiques les plus forts (hypermarchés par rapport aux producteurs, notamment agricoles) n'a-t-elle pas d'inci¬dence? Enfin, certaines choses sont inestimables, tout en ayant de la « valeur «: des bijoux de famille, des objets aux¬quels on attribue une valeur sentimentale, une oeuvre d'art, etc. Comment estimer ce qui est inestimable ? Ce que nous apporte la philosophie n'est-il pas de cet ordre-là et pour¬quoi ?

Le « sens commun « renvoie à l'opinion, à ce qui est le plus couramment pensé et affirmé dans une société sans que cela soit réfléchi ni soumis à l'épreuve de la critique; c'est l'état d'esprit qui règne dans « les discussions de café «.

La « conviction « présente un aspect positif et un aspect négatif. Quand on parle d'un « homme de convictions «, on indique qu'il s'agit de quelqu'un qui a des principes clairs et déterminés, et qu'il agit ouvertement en accord avec ses principes: c'est donc plutôt positif. Mais dans ce texte, c'est le sens négatif qui l'emporte : le terme « convictions « ren¬voie à des idées toutes faites qu'on s'acharne à tenir pour vraies simplement parce qu'elles sont habituelles et répan¬dues dans notre milieu social ou notre pays d'origine, et non parce qu'elles sont vraies et qu'on serait capable de les prouver. Le mot « certitude « est employé dans un sens voi¬sin et désigne des certitudes subjectives: des idées dont on est « sûr «, dont on est « convaincu «, simplement parce qu'elles nous paraissent vraies mais pas parce qu'elles le sont réellement. La certitude (subjective) s'oppose alors à la connaissance (objective). Enfin, associé à ces deux mots, le

russell

« [iBI~OSOPHIE :; LA VÉRITÉ Se préparer Cette partie vous permet de réaliser toutes les étapes du sujet.

L'étude de texte est à rédiger sur des feuilles à part.

1.

Analyser le texte.

SUjET 21 SÉRIES • MARTINIQUE ·•· SEPTEMBRE 20021 a.

Qu'est-ce qui fait la« valeur» d'une chose? Définissez:>,>,>, , « possibilités >>.

Que signifie>? b.

Repérez et soulignez les autres éléments essentiels du texte.

2.

Dégager méthodiquement la structure argumentative.

(Quel est lE thème du texte? Quelle est la thèse de Russell? Quel est le plan?) 3.

Déterminer la problématique.

(Outre votre cours ae philosophie, vous pouvez utiliser, pour réfléchir aux problèmes posés, d'autres textes de Platon, Aristote, Descartes, /v!erleau-Ponty.) Il --------------------------------------------. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles