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Caractère, personnalité et liberté ?

Publié le 12/02/2004

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Les morts y sont invités à choisir librement un nouveau destin pour leur prochaine réincarnation. Après avoir choisi, ils boivent au fleuve d'oubli et reviennent sur terre vivre leur nouveau destin. Ils ont oublié qu'ils l'ont choisi eux-mêmes et ne manqueront pas, à l'occasion, d'accuser les Dieux de l'injustice de leur sort. Le mythe signifie qu'on choisit soi-même la vie qu'on veut, même quand on se refuse à le reconnaître.De même pour Kant, le déterminisme n'est qu'une apparence. Les états du moi semblent être, dans le temps, déterminés les uns par les autres. Mais ce moi phénoménal, ce moi déterminé n'est pas le vrai moi. Plus profondément, le moi nouménal serait posé, en dehors du temps, par une pure liberté.Vous êtes, dit Alain, ce que profondément vous avez décidé, ce que vous avez juré d'être : «Le caractère d'un homme n'est que son serment.» De même Sartre paraît convaincu que notre destinée est seulement l'expression de nos libres projets.

« pourrais-je choisir librement cette timidité que je déplore et qui me fait souffrir, cette sensibilité excessive, ou cettemaladresse qui me handicape? 2° THÈSE DU DÉTERMINISME ABSOLU C'est la thèse de Schopenhauer, en particulier, pour lequel notre destinée est déterminée d'emblée par notrecaractère immuable.

Ne refuse-t-on pas toute confiance aux gens qui nous ont trompés une fois? Ils sont ce qu'ilssont et nous n'avons pas l'impression qu'ils peuvent changer.

D'ailleurs, si le caractère était modifiable, ajouteSchopenhauer, on trouverait plus de vertu chez les personnes âgées que chez les jeunes et d'après lui ce n'est pasle cas ! Le caractère, comme le disait Démocrite, imposerait à chacun de nous son destin. 3° SOLUTION PROPOSÉE Le fatalisme schopenhauerien nous semble aussi peu acceptable que la thèse du libre arbitre absolu.

Nous pensonsd'une part que le caractère est un donné, que nous ne choisissons pas notre caractère.

Mais d'autre part, nouscroyons que le caractère ne nous impose pas un destin tracé d'avance; il dépend de notre liberté de tirer ou nonparti de notre caractère.

Le caractère, dit Le Senne, «ne définit qu'un cercle de conditions qui situent le moi».Tout d'abord je prends conscience (plus ou moins clairement) de mon caractère.

Je me dis : je suis ainsi.

C'estaccorder au je conscient un certain pouvoir de réflexion, quelque indépendance par rapport au moi objet.

Évoquantces traits innés ou acquis de ma personnalité que je considère comme un objet et que Husserl nommait mes «appartenances», Berger déclare : «Les reconnaître pour miennes c'est m'endistinguer»'.

En face de cet «avoir», je me pose comme «être» libre.

Moncaractère est ce qu'il est.

Mon «Moi» est, par exemple, émotif.

Mais «je» m'enrends compte et cette prise de conscience qui me met en garde me restitue,semble-t-il, quelque liberté.

Mon caractère m'apparaît à la fois comme unobstacle que j'essaierai de contourner, comme un instrument que je puisutiliser plus ou moins adroitement.

La science caractérologique, en mepermettant de me connaître d'une façon beaucoup plus claire et plus précise,augmente ma liberté.

Mieux je me connais, plus je suis libre.

Cet homme estun scrupuleux, il se tourmente pour des motifs dérisoires, éprouve de terriblesremords pour des peccadilles.

Supposons que la caractérologie l'éclaire surson cas.

Il apprend que ses scrupules excessifs sont un trait du caractèresentimental.

Dès lors il cesse de respecter tous ses scrupules, il prendquelque distance à leur égard et de ce fait est beaucoup moins leur victime.Notre liberté est limitée par les ressources de notre caractère.

Connaître ceslimites, c'est précisément éviter de nous engager dans les voies qui nous sontinterdites.

«Beaucoup d'hommes, écrit Le Senne, manquent leur vie parcequ'ils se sont égarés dans des directions qui ne convenaient pas à leur natureprofonde» .

Mais l'oeuvre de la liberté consiste à nous élever le plus hautpossible dans la direction qui nous est ouverte par notre caractère.

«Deviensce que tu es» disait Nietzsche.

C'est ici que Le Senne introduit la notion devocation qu'il définit comme «le mariage du caractère et de la valeur», comme«un compromis entre ce que le caractère permet à un homme de devenir et ce que l'idéal lui fait pressentir ».Chaque caractère a sa vocation propre.

Tout nerveux porte en lui un artiste possible, le colérique peut devenirorateur, meneur d'hommes; le sentimental peut s'orienter vers l'analyse de la vie intérieure,l'amorphe même n'est pas dépourvu de ressources : sa personnalité peu accusée mais par là même très plastique leprédispose par exemple aux carrières du théâtre.

«A la cime où les caractères atteindraient à leur sommet deplénitude et de pureté, ils seraient chacun une expression transparente de l'Esprit universel, ils manifesteraient unde ses pouvoirs ».

Tout homme peut aussi, en quelque mesure, remédier aux inconvénients de son caractère.

C'estainsi, dit Le Senne, que «le sentimental peut s'appuyer sur son émotivité et sa secondarité pour compenser soninactivité ».On voit quelles peuvent être les applications fécondes de la caractérologie.

Le Gall a su analyser dans un très beaulivre l'usage que la pédagogie peut faire des analyses caractérologiques.

L'éducation des enfants devrait, pour êtreefficace, diversifier ses modalités selon les caractères.

L'éducation morale d'un sentimental ne saurait être analogueà celle d'un sanguin.

L'éducation raisonnable d'un amorphe ne ressemblera pas à celle d'un passionné.

Si la morale,dit Le Gall, «est une dans ses principes, la moralité est multiple dans ses moyens».

Ce jeune «flegmatique»supportera très bien un travail assidu et un peu monotone.

Mais gardons-nous de l'imposer à un petit «nerveux» !Ce caractère a un besoin de distraction, d'évasion, dont nous ne pouvons faire abstraction.

Plutôt que de priver cenerveux de distractions (cette contrainte ne manquerait pas d'entraîner une dangereuse révolte), choisissons avecsoin pour lui des évasions profitables, enrichissantes.

Ici comme ailleurs, la liberté, bien loin d'ignorer ledéterminisme, doit s'appuyer sur lui pour en tirer le meilleur parti.

Le Senne compare le caractère à un instrument,par exemple un piano.

La personnalité achevée sera le morceau de musique exécuté.

Le sujet libre, c'est le musicientenu de jouer sa partition sur cet instrument et non sur un autre.

Le choix de l'instrument ne lui appartient pas, maisil dépend de lui de l'utiliser le mieux possible.. »

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