Caractéristique de l'événement historique

« 2/ L'événement historique est au contraire ce qui nous arrache au cours ordinaire de l'existence privée pour nous jeter dans l'histoire.

B/ En quel sens l'événement est-il historique ? 1/ Est historique non pas ce qui vient prendre place dans le cours de l'histoire, mais au contraire ce qui ouvre une histoire, ce par quoi il y a histoire.

•Ex.

: la fondation de Rome, la découverte de l'Amérique.

L'événement authentique est toujours fondateur d'une histo ire.

2/ L'événement le plus décisif est donc par nature celui qui passe tout d'abord le plus inaperçu.

•« Je ne crois pas à la grandeur de vos "grands événements".» (Nietzsche) III Quelle est la place de l'événement dans l'histoire ? A/ L'événement comme origine.

1/ L'histoire n'est pas un processus mais un surgissement.

(H.

Arendt) • L'idée que les hommes feraient l'histoire, que l'histoire aurait un but et une fin auxquels nous pourrions sacrifier le présent est donc une illusion.

2/ L'origine de l'histoire n'est pas située au commencement des temps mais chaque fois que surgit la nouveauté: l'origine est le présent lui-même comme lieu de surgissement de l'événement.

• Dans la nature, il n'y a ni nouveauté, ni commencement.

Tous les phénomènes naturels sont des processus.

B/ La structure de l'événement: l'événement comme centre.

(Pierre Thévenaz) 1/ L'événement est l'articulation du passé et de l'avenir .

• L'événement en ce sens est une coupure, celle du présent, qui organise tout son passé en lui donnant sens et intelligibilité, et pose l'avenir comme tout ce que l'événement rend possible.

2/ L'événement est à la fois une ouverture et une fermeture • L'événement tranche dans le chaos des tendances antagonistes qui coexistent à un moment donné en fermant certaines voies qui seraient restées possibles sans cet événement (La révolution russe ferme la voie aux possibilités d'évolutions réformistes de la société russe) tout en ouvrant d'autres voies qui n'eussent jamais été possibles sans cet événement.

Cl L'événement comme contingence.

1/ La conscience ne peut découvrir l'entière contingence de l'événement qu'en découvrant par là même sa propre contingence, c'est-à-dire en se découvrant, en tant que conscience historique, entièrement exposée aux événements .

2/ L'histoire cesse ainsi d'être la science du passé pour devenir une certaine sensibilité au présent.

• « La conscience se reconnaît exposée à l'événement, à découvert par rapport à lui, incapable de le survoler: elle prend conscience de sa propre contingence en découvrant ainsi sa propre historicité.

» (Pierre Thévenaz) En conclusion Toute tentative de compréhension de l'histoire (qu'elle soit historique ou philosophique) est tentée de relativiser le caractère abrupt de l'événement.

N'est-il passim­ plement l'écume de l'histoire, la tâche de l'historien ne consiste-t-elle pas, sous l'événement qui frappe le profane, à déchiffrer en profondeur la continuité des processus historiques ? Mais est­ il vrai que l'événement soit purement accidentel en histoire ? N'est-il pas superficiel de voir en lui une simple manifestation de la contingence que le souci de compréhension devrait dénon­ cer comme simple apparence ? Et d'ailleurs, cette part de contingence n'est-elle pas essentielle au domaine de l'histoire, n'est-elle pas précisément ce qui caractérise son objet par opposition à celui des autres sciences ? En voulant résorber la contingence de l'événement, ne cherchons­ nous pas à nous masquer la contingence de notre propre existence exposée, précisément, aux morsures de l'événement? • • • 29 :. »