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Ce que l'on est est-il plus important que ce que l'on a ?

Publié le 17/05/2010

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Ce que l’on est semble définir le propre, l’essence même de notre être, comme une racine intérieure, ce qui ne serait pas soumis au changement ni de fortune ni de hasard. Ce serait donc ce qui serait hors du changement, non soumis à l’altération et à la corruption. « Ce que l’on a « définit ce que l’on possède, ce qui semble se rajouter à notre être. Cela peut être la richesse, une propriété, une maison voire une certaine marque distinctive que l’on aurait sur le corps ; bref, c’est le domaine de la possession. Or de ce point de vue, il semble que « ce que l’on est « et « ce que l’on a « s’opposent à plus titre. En effet, si l’être semble définir l’essentiel d’un individu, l’avoir est ce qui se rajoute à lui notamment de manière accidentelle, c’est-à-dire que si l’être est nécessaire, donc ce qui ne peut pas ne pas être, l’avoir est ce qui est contingent, ce qui aurait pu être autrement. Ainsi l’être est inaltérable immuable, tandis que de l’avoir peut aller et venir sans que change fondamentalement le sujet. De ce point de vue, il semble alors que ce soit ce que l’on est qui soit le plus fondamental, le plus important et non ce que l’on a. Pourtant, du point de vue de l’individuation, le rapport hiérarchique ne semble pas si tranché, si l’être est nécessairement premier, il apparaît que le « ce que j’ai « détermine ma spécificité, comme une propriété me définit dans le champ social. Or ne peut-on pas renverser le rapport d’importance si l’on considère nos sociétés actuelle comme des sociétés de consommation, c’est-à-dire où règne l’apparence, l’avoir ou l’effet de mode ? C’est donc à l’aune d’un triple champ, celui de la logique, de l’individuation et du jeu social que prend sens alors l’interrogation : « ce que l’on est est-il plus important que ce que l’on a ? « Le problème essentiel semble être alors celui de l’identité.

« que Socrate est Socrate.

Plus clairement, le problème porte sur l'individuation, c'est-à-dire sur la spécification d'unêtre par rapport à un autre.

Or de ce point de vue, il semble que le fait que Socrate « a » un nez camus soit d'uneréelle importance, bien que cela soit contingent et accidentel.

Si Socrate est Socrate, c'est non seulement par sonâme, mais aussi par ce qu'il possède, c'est-à-dire par les prédicats qui le compose et qui font qu'il est unique.

En cesens, si chez Aristote, la forme, donc l'âme, est tout de même plus importante que la matière, c'est-à-dire ce quel'on a, force est de constater que l'importance est mince et non exclusive.b) Mais on peut aller encore plus loin dans l'analyse de cette relation avec la notion de propriété chez Locke dans le Second traité du gouvernement civil .

En effet, bien loin de parler simplement de propriété privée au sens d'appropriation, il faut remarquer que le concept a une extension plus large.

La propriété, le bien matériel, esteffectivement, comme une extension de l'être, c'est-à-dire et spécifie l'être d'une personne autant que d'avoir lenez camus.

Et c'est en ce sens que la propriété est alors essentielle et inaliénable.

Dès lors il n'y a plusnécessairement de distinction entre « ce que l'on est » et « ce que l'on a ».c) Or si l'on envisage notre société comme un spectacle tel qu'il paraît possible de le faire, suivant le modèle duthéâtre il faut bien voir que l'important est plus ce que l'on a que ce que l'on est.

Et c'est en effet ce que met enexergue par Goffman par la mise en scène de soi dans le jeu social dans La mis en scène de la vie quotidienne , t.1 « la présentation de soi ».

En effet, ce dernier propose comme interprétation du fonctionnement social de construirela représentation sociale sur le mode et la structure du théâtre.

Cette analyse a pour but de comprendre la manièredont chaque individu met en scène sa fonction.

En ce sens, nous jouons tous notre rôle avec un masque.

Ensommes, nous sommes tous des illusionnistes, des faussaires.

Il s'agit d'un jeu fantasmagorique.

On peut transposersur le terrain social les conventions théâtrales : il s'agit de faire vrai.

Nous avons donc tendance à classer lesindividus selon les classes de possession auxquels ils appartiennent pour le montre très bien la sociologie de Bourdieuou de Durkheim par exemple.

L'importance est de bien paraître, donc que faire montre de ce que l'on a et c'est ence sens que l'on passe à une société de consommation c'est-à-dire où l'enjeu social de l'avoir détermine les relationsavec autrui et nous donne une place dans la société.

Plus que jamais alors « ce que l'on a » nous détermine, d'où lanécessité d'être dans la mode et de suivre ses codes, et est d'une plus grande importance que ce que l'on est.

Transition : Ainsi si l'on considère la notion même de propriété du point de vue logique aussi bien que du point de vue pratique,on peut se rendre compte qu'« avoir » est l'une des déterminations essentiels de l'être.

Il ne faut donc pas négligerce que l'on a, et cela notamment parce que cela a une résurgence sur ce que l'on est.

Et cela est d'autant plusdans une société du spectacle, de l'apparence.

Mais surtout, comme le notera Aristote dans les Topiques mais aussidans l'Ethique à Nicomaque, par exemple pour être un sage, il faut ne plus avoir à se soucier du matériel et desbesoins.

Il faut donc d'abord chercher à avoir même si pour l'importance de l'être est supérieur.

Mais l'essentiel estque l'un ne va pas sans l'autre.

Dès lors, nous sommes arrivés à un point de tension, à une opposition radicale ettranchée entre une apologie de l'être et l'importance de l'avoir et il semble que les deux points de vue soientirréconciliable.

Pourtant, on peut se demander, si pour être, il ne faut pas avoir comme le montrait déjà laprédication ? Mais surtout, on pourrait se demander si cette opposition entre être et avoir n'est pas purementlangagière, c'est-à-dire si elle est effectivement opération ; autrement dit si elle ne se réduit pas à l'oppositionentre être et paraître ? Or c'est bien de cela qu'il est question.

Et c'est donc la formulation même de la question qu'ilconvient de critiquer notamment par les présupposition ontologique qu'elle nécessité en amont de son interrogation.

III – Remise de la distinction sous-jacente de sujet a) En effet, une réduction de la dichotomie entre être et avoir recoupe celle d'être et paraître dans la mesure oùl'on suppose toujours une structure ontologique première et immuable non soumise au changement, c'est-à-dire uneessence, ou une quiddité, à laquelle viendrait s'ajouter quelque chose comme une addition supplémentaire et nonnécessaire à l'être.

Et c'est bien contre une telle conception que Sartre conduit tout son projet dans l'Etre et le Néant comme on peut le voir notamment dans son introduction.

Il n'y a donc pas d'être sous-jacent qui se cache et qui définirait l'homme comme un tasse est une tasse qu'elle est sur elle une incrustation de diamant et une couleuropaline ou pas.

L'important pour la tasse est bien qu'elle corresponde à son concept comme on pourrait le dire enprenant un vocabulaire hégélien.

Autrement dit, ce qui est important pour la tasse c'est ce qu'elle est c'est-à-diresa fonction de tasse nous permettant de prendre le café.

Or dans l'homme, il n'y a nul par cet être : il s'agit d'unefiction ; et c'est ce qui conduira à la célèbre formule de l'Existentialisme est-il un humainsme ? : « l'existence précède l'essence ».b) Pour bien mettre cela en exergue, reprenons l'exemple fameux du garçon de café qu'étudie Sartre dans l'Etre et le Néant : « i l a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d'un pas un peu trop vif, il s'incline avec un peu trop d'empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu tropplein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voila qui revient, en essayant d'imiter dans sa démarche larigueur inflexible d'on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule[...].

Toute sa conduite nous semble un jeu [...].

Il joue, il s'amuse.

Mais à quoi joue-t-il ? Il ne faut pas l'observerlongtemps pour s'en rendre compte : il joue à être garçon de café.

» En ce sens, le jeu montre bien que le garçonde café n'est pas un garçon de café comme une table est une table.

Il agit en conséquence de sa fonction, c'est-à-dire qu'il accomplit des actes tel qu'il soit ou plus exactement paraisse être un garçon de café.

Et c'est bientoute la question que pose Sartre puisque l'interrogation guidant ce passage est bien « Mais que sommes-nous donc si nous avons l'obligation constante de nous faire être ce que nous sommes, si nous sommes sur le mode d'êtredu devoir être ce que nous sommes ? ».

En ce sens, il ne faut pas confondre l'être du garçon de café et sonparaître en tant que garçon de café.

Cela signifie que cette personne a bien la fonction de garçon de café mais qu'ilpeut bien être autre chose.

C'est pourquoi il joue et que Sartre ajoute : « ce serait confondre mon « être-dans-le-. »

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