Certitude, mauvaise marque de vérité ?
Publié le 09/09/2005
Extrait du document
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distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que cequi paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut.
» (« Principes », I, 45).
La certitude dérive d'un rapport juste entre l'esprit et la chose conçueUne idée ne serait donc pas qualifiée de « vraie » ou « fausse » en elle-même par ses caractéristiquesintrinsèques, mais seulement par sa conformité ou non à la réalité.
Les scolastiques disaient : « La vérité c'estla conformité de notre pensée aux choses » (« adeaquatio rerum et intellectus »).
L'idée vraie est celle quiest fidèle à la réalité.
De là résulte la certitude: ce que je pense ne peut pas être pensé autrement.
Si jecomprends les lois de la perspective, je ne croirai plus en la réalité de ce que je vois: la lune, qui me sembleavoir la taille d'un ballon, le bâton plongé dans l'eau, qui m'apparaît courbe.
La certitude est l'absence de doute.
Une méthode peut m'aider à atteindre le vraiL'essentiel pour atteindre la certitude d'avoir raison réside dans la méthode.
« Méthode » est un mot qui vientdu grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pass'égarer.
Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes quecertains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.
Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas seperdre.
Pour un savant ou un philosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rienne saurait être plus important que de ne pas s'égarer dans les terres inconnues à découvrir.Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode :« Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observentexactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles,mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.»« Règles pour la direction de l'esprit » (IV).
La méthode garantit donc :
ï?± La certitude (l'élimination de l'erreur) ;ï?± La facilité et l'économie d'efforts ;ï?± La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;ï?± La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peuthumainement savoir.
Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets deconnaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.
La première partie du « Discours » enfournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.
Descartes y expose ce qui l'a pousséà sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.Bon élève dans un excellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose,quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».
Le doute s'immiscedans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.
Ilcherchait, et l'éducation lui promettait « la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie »,mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, entâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance ».L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et laméthode qui y conduit.
Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système depensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d'Aristote repensé par le christianisme.
Lecartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de laraison.
En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne.
[On peut être complètement dans l'erreur tout en étant persuadé de détenir la vérité.
La certitude n'estqu'un simple état psychologique.
Elle n'est pas un indice de vérité et n'entretient avec elle aucun liennécessaire.
Il n'y a de vérité que dans les règles de construction d'un objet, que dans l'efficacité d'une idée.]
La certitude est bien souvent trompeuseLa conception de la vérité comme certitude d'avoir raison peut être dangereuse.
Car l'évidence est maldéfinie.
Nous éprouvons un sentiment d'évidence, une impression.
Mais devons-nous accorder à cetteimpression une valeur absolu ? Descartes a senti la difficulté puisque après avoir affirmé que nos idées claires& distinctes sont vraies il reconnaît « qu'il y a quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous.
»
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