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Christologie patristique

Publié le 29/04/2014

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INTRODUCTION  GENERALE 0.1. Argument La question de la personne et de l’œuvre du Christ, dans l’histoire de l’Eglise a longtemps nourri débats et réflexions au cours de la pensée théologique tout au long des siècles. Les Pères, tout comme les théologiens de notre temps n’ont cessé d’étendre leur génie, leur intellect afin de saisir la quiddité, l’intelligence du mystère de notre rédemption, celle de l’humanité toute entière, partant du mystère de l’Incarnation : ‟le Christ s’est réellement fait homme, conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie” comme professé dans le credo où « l’on rappelle avec force l’origine divine du Fils »1. Et dans cet effort de fides quaerens intellectum, visant à une meilleure compréhension et à une présentation toujours plus pertinente du message de Dieu2, nous nous proposons d’y amorcer notre investigation épistémique dans le cadre de notre cours de séminaire de Dogmatique ayant pour thème la christologie et qui se veut pour tâche d’élaborer une christologie opératoire pour l’Afrique. Et notre champ d’action sera la pensée patristique.             Cependant cela suscite à nous quelques préoccupations qui devraient être élucidées tout au long de notre travail : la pensée patristique mérite t-elle encore son pesant d’or devant le tournant paradigmatique herméneutique de la théologie fondamentale ? Quelle devra être la place de l’homme, du monde, de la culture  dans cette intelligence de la foi, à partir de cette  théologie des Pères ?             Ces questions nous aideront à étayer l’argumentation de notre réflexion. C’est dans cette optique que nous nous proposons de nous baser sur la christologie des Pères et spécialement d’Athanase d’Alexandrie à travers son ouvrage « Λόγος περι της ενανθρωπήσεως τοΰ Λόγου » ou « Discours sur l’incarnation du Verbe », ou encore « De Incarnatione Verbi ». Il s’agira de penser la question du salut à partir de la christologie d’Athanase d’Alexandrie. D’où l’intitulé : « De la réception christologique athanasienne à la question christo-sotériologique en Afrique. Une herméneutique de «De Inarnatione Verbi» d’Athanase d’Alexandrie ».         0.2. Intérêt du sujet             L’étude des Pères de l’Eglise, nous semble t-il, s’avère importante dans l’aujourd’hui de la recherche et du discours théologiques. Et ce, pour bien des raisons que nous limitons à deux. Premièrement, le fait qu’elle est toujours d’actualité dans le nouveau paradigme de la théologie qui se propose d’être herméneutique et contextuelle. Car la Révélation s’inscrit dans l’histoire des Homme.  Aussi, en second lieu, trouvons-nous que ce champs épistémique, qui regorge par ailleurs de riches réflexions théologiques, n’est souvent pas exploité de fond en comble dans l’univers théologique, particulièrement africain.             C’est ainsi que nous nous proposons d’emprunter ce chemin, qui n’est pas des plus facile, en nous risquant d’apporter notre part de contribution dans le domaine des recherches en Patrologie, dans le contexte proprement africain. Ce, dans un souci non seulement de contextualisation mais aussi d’inculturation du discours théologique dans l’optique de la théologie de l’invention « celle qui prend en compte la façon dont les hommes et les femmes de ce continent s’approprient le message révélé et tentent d’inventer une nouvelle manière d’être Eglise »4. 0.3. Méthode de travail Nous inscrivant ici dans le domaine des « théologies contextuelles qui partent de l’analyse et la lecture de la réalité afin de répondre à la lumière des données révélées »5, nous nous sommes engagé sur la voie interprétative, c’est-à-dire la méthode herméneutique. En effet, l’herméneutique, sous l’angle théologique, n’a pas seulement comme tâche d’exposer la vérité objective de la Révélation divine, mais de comprendre ce qui peut être dit et communiqué à l’homme d’aujourd’hui sur base de cette Révélation6. Car, comment parler de Dieu si cela n’a aucune implication sur l’homme ?   0.4. Division du travail             Notre réflexion consistera en une tentative de réponse à trois principales questions : qui est l’auteur, que dit l’auteur, quel est le sens de son discours dans l’aujourd’hui christologique en Afrique ?  Pour risquer une quelconque réplique à la première question, nous essaierons de présenter l’auteur ainsi que ses œuvres. En deuxième lieu, nous essaierons de pénétrer la chose même de notre ouvrage de base afin d’y relever l’articulation de la pensée de son auteur. Enfin, dans notre troisième et dernière tentative de réponse, viendra l’effort de la contextualisation de la doctrine de notre auteur par rapport à la question christologique en Afrique. Une conclusion sera le terminus de notre randonnée épistémique.                                           ATHANASE D’ALEXANDRIE : PRESENTATION ET SITZ IM LEBEN             Afin de mieux entrer dans le bain de notre travail, nous avons jugé bon de cerner la personne de notre auteur, son milieu de vie ainsi que ses œuvres.       I.1. Biographie de l’auteur Nous sommes vers la fin du IIIe siècle, période de l’Antiquité marquée par la tribulation de l’Eglise chrétienne dans l’empire romain sous le règne de Dioclétien (284-305). Toutefois les chrétiens vivent un temps de clémence et de sympathie de la part de l’empereur. Et comme le signale Mgr Mapwar, « pendant les quinze premières années du règne de Dioclétien, les chrétiens n’ont pas été inquiétés »7. C’est aussi l’époque d’une remarquable expansion du christianisme dans le monde. Alexandrie, Carthage, et autres villes en Italie, Espagne, bref en Occident sont touchées par l’Evangile. Du côté oriental, Syrie, Egypte, Perse, Asie Mineure se voient gagnées à l’Evangile. Et Trocmé de souligner que « La diffusion du christianisme dans l'empire romain est un phénomène essentiellement urbain où les esclaves, les artisans forment la grande masse et même la haute administration et la cour impériale commencent à se tourner vers la foi chrétienne »8. Toutefois cette paix dont jouissaient les chrétiens n’était qu’une bribe car une série de persécutions verra le jour à partir de 298 jusqu’au 14 février 303 avec quatre édits de représailles (publiés respectivement en février 302, été, automne, printemps 303). Ce, durant la tétrarchie de Dioclétien Jupiter à Nicomédie, Galère à Sirmium, pour la partie orientale ; Maximin Hercule à Milan, Constance à Trèves9. C’est donc vers cette période mouvementée, vers l’an 295 (de notre ère) que naquit Athanase à Alexandrie où il reçut une solide formation intellectuelle et théologique. Nous pouvons répartir sa vie en trois grandes périodes10 : la vie sous Constantin (306-337), vie sous Constance II (337-361), et ses dernières années.       I.1.1. Sous le règne de Constantin (306-337) Il sied de notre le rôle primordial et éminemment salutaire pour le christianisme qu’a joué l’empereur Constantin11. Nous nous souviendrons évidemment de sa fameuse victoire sur Maxence au pont Milvius en 312 grâce à l’invocation du Christ et la vision de la croix lumineuse. Nous pensons également au précieux « Edit de milan » ou « Accord global et inclusif » publié par Licinius à Nicomédie le 15 juin 313. Celui-ci octroyait à l’Eglise la liberté officielle du culte et la restitution immédiate des biens. La politique de Constant sera plutôt courtoise à l’égard de l’Eglise jusqu’à en faire une religion d’état. Avec la « paix constantinienne », c’est pratiquement les temps de la nationalisation du christianisme et même la christianisation de la ‘nation-empire’. Et comme l’a encore attesté Mgr Mapwar, « la période des Tempora christiana verra aussi surgir schisme et hérésies au sein de l’Eglise, notamment le schisme donatiste en Afrique et l’hérésie arienne12. Cette dernière marquera toute la vie de saint Athanase. Fliche et Martin l’attesteront en affirmant que « La défense de la foi sera son seul but »13.  Ainsi arrivé à l’âge de la majorité, Athanase est institué lecteur (312). Vers l’an 318/319, il est ordonné diacre. Il exerça un brillant diaconat qui fera de lui le secrétaire d’Alexandre, évêque d’Alexandrie, l’accompagnant même jusqu’au au concile de Nicée (325) où il fera preuve d’une orthodoxie et d’une érudition sans pareilles. Plus tard, ayant reçu l’acclamation de la foule en ces termes : « c’est un homme vertueux, un bon chrétien, un ascète, un véritable », il se voit consacré évêque d’Alexandrie le 07 juin 328. Il succéda ainsi à l’évêque Alexandre,  décédé cette  même année. Son épiscopat qui dura 45 ans (328-373) fut marqué par des démêlés avec les méléciens et les ariens entre 331-335. Ce qui conduira le saint d’Alexandrie à un quintuple exil. L’on notera la convocation de deux synodes animés par les partisans ariens d’Eusèbe de Nicomédie, à Césarée (333-334) et à Tyr (335). C’est à l’issue de ce dernier que l’empereur Constantin embobiné par les intrigues ariennes contre Athanase, se verra obligé de l’exiler à Trèves (335). Cela durera environ deux ans jusqu’à son retour le 23 novembre 337.   I.1.2. Sous le règne de Constant II (337-361) Dès son retour en 337 au lendemain de la mort de Constantin et à l’avènement du règne de Constant II, il poursuivit combat de la fidélité à l’orthodoxie. Une fois encore, il rencontra une opposition farouche des pro-Eusèbe de Nicomédie et se voit de nouveau contraint à l’exil le 19 mars 340 pour être réhabilité au concile de Sardique en 343 et regagner triomphalement Alexandrie le 28 octobre 346. Ce, après la mort de l’usurpateur Grégoire de Cappadoce.   Pendant ce temps, il entreprit de confirmer les décrets du concile de Sardique et mis à l’œuvre les écrits tels que Apologie contre les Ariens, traité sur les Décrets de Nicée, Apologie de Constance, etc. Cependant les décès de son protecteur et ami Constant II (350) et du pape Jules Ier (352), Athanase connut encore les intrigues des homéens cette fois-là soutenus et encouragés par le nouvel empereur Constance hostile à la politique du successeur d’Alexandre. Résultat, un troisième exil d’Athanase le 09 février 356 pendant six ans. Le 21 février 362 marque la date de son retour à Alexandrie après la mort de Constance en 360. I.1.3. Au soir de sa vie (362-373) Ses dernières années connaîtront encore deux exils, un concile à Alexandrie et une fin plutôt paisible. Déjà à son retour du troisième exil, « Il entreprit également de réconcilier les semi-ariens avec le parti orthodoxe, et réunit un synode à Alexandrie »14 appelé « le synode des Confesseurs » qui se distingua par une remarquable synthèse doctrinale de la foi nicéenne. Cet effort ne plut guère à l’empereur julien l’Apostolat qui l’envoya en exil pour la quatrième fois le 24 octobre 362 au désert de Thébaïde. Il signe son retour quelque mois plus tard en juin 363 mais pour y repartir de nouveau sous Valens du 05 octobre 365 au 01er février 366. Depuis lors, Athanase vécut paisiblement ses derniers moments jusqu’au jour où il rendit gloire à Dieu le 02 mai 373. Athanase fut donc l’une des sommités de la foi orthodoxe. Infatigable défenseur de fides ecclesiae, il a combattu le bon combat qui lui a valu tant d’intriques, de complots, d’antipathie mais aussi tant de succès et de prouesse.  Cayré note à son propos qu’il « fut l’un des premiers évêques non martyrs qui reçut un culte public ». Eminent homme de l’Eglise, il fut également homme de science mais aussi homme de lé société, de son peuple. « Par sa personnalité et son intelligence, il contribua alors qu’il était diacre à faire condamner au concile de Nicée (325) l’hérésie arienne »15. Athanase a laissé une ouvre obélisque et monumentale que nous nous proposons de relever sans être pour autant exhaustif.       I.2. Œuvres16  Le nombre d’écrits du saint alexandrin est tellement immense que nous nous limiterons à quelques-uns. Nous pouvons, quant à nous, répartir l’ensemble de ses œuvres à six : les écrits apologétiques et doctrinaux, les écrits exégétiques, les écrits historiques et polémiques, les œuvres épistolaires, les traités ascétiques et spirituels, et enfin les autres écrits (apocryphes). I.2.1. Ecrits apologétiques et doctrinaux Nous comptons parmi les écrits apologétiques : Apologie contre les Ariens (348), Apologie à l’empereur Constance (350-357), Apologie pour la fuite (357). Dans la première ; il s’adresse à ceux qui niaient la légitimité de son retour après son second exil. Dans la deuxième, il rejette l’accusation d’avoir favorisé l’usurpateur Magnence. Et dans la troisième, il démasque les intrigues de ses détracteurs principalement Georges de Cappadoce et fonde la raison de sa cachette non par peur mais par devoir afin de poursuivre sa lutte pour l’orthodoxie. Au sujet des œuvres doctrinales, nous pouvons considérer le Discours contre les Païens (Gresc) ou Λόγος κατα Ελλήνων (318-320), le Discours sur l’Incarnation du Verbe ou Λόγος  περι της ενανθρωπήσεως του Λόγου (318-320), le Discours contre les Ariens, le Traité des Synodes.    Contre les Grecs, il réfute directement d’une pa...

« ενανθρωπήσεως τοΰ Λόγου » ou « Discours sur l'incarnation du Verbe », ou encore « De Incarnatione Verbi ».

Il s'agira de penser la question du salut à partir de la christologie d'Athanase d'Alexandrie.

D'où l'intitulé : « De la réception christologique athanasienne à la question christo-sotériologique en Afrique.

Une herméneutique de «De Inarnatione Verbi» d'Athanase d'Alexandrie ».         0.2.

Intérêt du sujet             L'étude des Pères de l'Eglise, nous semble t-il, s'avère importante dans l'aujourd'hui de la recherche et du discours théologiques.

Et ce, pour bien des raisons que nous limitons à deux.

Premièrement, le fait qu'elle est toujours d'actualité dans le nouveau paradigme de la théologie qui se propose d'être herméneutique et contextuelle.

Car la Révélation s'inscrit dans l'histoire des Homme.  Aussi, en second lieu, trouvons-nous que ce champs épistémique, qui regorge par ailleurs de riches réflexions théologiques, n'est souvent pas exploité de fond en comble dans l'univers théologique, particulièrement africain.             C'est ainsi que nous nous proposons d'emprunter ce chemin, qui n'est pas des plus facile, en nous risquant d'apporter notre part de contribution dans le domaine des recherches en Patrologie, dans le contexte proprement africain.

Ce, dans un souci non seulement de contextualisation mais aussi d'inculturation du discours théologique dans l'optique de la théologie de l'invention « celle qui prend en compte la façon dont les hommes et les femmes de ce continent s'approprient le message révélé et tentent d'inventer une nouvelle manière d'être Eglise »4. 0.3.

Méthode de travail Nous inscrivant ici dans le domaine des « théologies contextuelles qui partent de l'analyse et la lecture de la réalité afin de répondre à la lumière des données révélées »5, nous nous sommes engagé sur la voie interprétative, c'est-à-dire la méthode herméneutique.

En effet, l'herméneutique, sous l'angle théologique, n'a pas seulement comme tâche d'exposer la vérité objective de la Révélation divine, mais de comprendre ce qui peut être dit et communiqué à l'homme d'aujourd'hui sur base de cette Révélation6.

Car, comment parler de. »

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