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Claude-Adrien Helvétius

Publié le 17/10/2009

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Au siècle des Lumières, le philosophe Helvétius s'attira les foudres de l'Église et du pouvoir politique. Il ne faisait pourtant que mettre en système des idées largement admises dans les milieux intellectuels, et qui transparaissaient dans bien des œuvres littéraires de l'époque.    Un ouvrage scandaleux. Helvétius semblait destiné à une existence de luxe et de plaisirs. Fils d'un médecin de Louis XV, d'origine allemande, il obtint très jeune la charge de fermier général, dotée de revenus considérables. Il était féru de littérature et de philosophie et, tout en menant une vie mondaine, il fréquentait les Encyclopédistes. Généreux, il venait discrètement en aide à des écrivains pauvres (Marivaux). En 1751, il renonça à sa charge, se maria et se retira à la campagne, se consacrant à la philosophie après quelques tentatives littéraires sans grand intérêt.

« HELVETIUS 1758 De l'Esprit.1772 De l'Homme. « Helvétius, disait Stendhal, m'a ouvert la porte de l'homme à deux battants.

» Un Beccaria, un Bentham sont ausside ceux qui ont reçu l'influence d'un auteur qui ne fut pourtant pas un des plus originaux du siècle.

Avec lui lecombat contre innéisme et révélation se porte aux extrêmes.

Mais il arrive que des penseurs qui occupent uneposition-limite dans l'histoire des idées suscitent de féconds débats.Fils du premier médecin de la reine, Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) rêvait d'une brillante carrière littéraire c'estla philosophie qui lui valut la célébrité.

Descendant d'une riche famille du Palatinat persécutée au temps de laRéforme, il est d'abord un grand bourgeois anticlérical.

Son rang, — fermier général jusqu'en 1751, propriétaire devastes domaines, — lui donne accès aux milieux qui connaissent de près les voies et les moyens de l'exploitationféodale.

Disciple de Locke, de Fontenelle (dont il reçoit une influence cartésienne) , ami de Voltaire, deMontesquieu, de Buffon, du baron d'Holbach, de Quesnay, il publie en 1758 son livre De l'Esprit.

Oeuvre inégale, oùles meilleures pages sont d'une écriture limpide et vive.

Bien en cour, l'auteur, qui avait obtenu, moyennant quelquescoupures, le visa du censeur royal, ne pensait pas que son livre allait faire éclater l'orage.

En fait.

à traversHelvétius, c'est tout le mouvement encyclopédique qu'on voulait briser, et les philosophes n'avaient pas tort, touten défendant Helvétius contre la répression, de lui reprocher d'avoir attiré la foudre I.

Les circonstances sontfavorables à cette contre-offensive du pouvoir.

Lorsque, en janvier 1757, Damiens tente de tuer le roi, les bien-pensants ne manquent pas d'accuser les philosophes d'armer le bras des régicides.

de porter atteinte au moral del'armée qui se fait battre au Canada comme en Europe (guerre de Sept ans) .

En avril 1757 une Déclaration royaleporte peine de mort contre les auteurs, les éditeurs et colporteurs d'écrits séditieux.

C'est dans ces conditions que,de 1758 à 1759, tombe sur Helvétius une pluie de condamnations (Roi, Parlement, Sorbonne, Archevêque de Paris,Rome) .

Le livre, accusé de saper l'autorité de la religion chrétienne et de la monarchie, est condamné au feu.Jésuites et jansénistes rivalisent de zèle contre l'imprudent auteur.

Les premiers, parce que, se sachant menacéspar le Parlement, ils veulent montrer à quel point le pouvoir a besoin d'eux contre les philosophes ; les seconds,parce qu'ils veulent montrer combien les Jésuites, pactisant avec le siècle, ont encouragé l'irréligion.Helvétius, affolé, se rétracte il croit sauver ainsi le censeur royal qui a laissé passer son livre, et qui sera révoqué.Toute sa vie est assombrie par ce drame.

Amertume et tristesse imprègnent la préface de son livre De l'Hommeauquel il travaille dans le silence et qu'il ne laissera paraître qu'après sa mort.Les théologiens de Sorbonne caractérisent le livre qu'ils condamnent comme une synthèse des plus dangereusesidées du siècle, et Joly de Fleury.

prononçant son réquisitoire devant le Parlement, l'amalgame à l'Encyclopédie.Aussi bien, le projet d'Helvétius n'est pas spéculatif, mais pratique.

Posant en principe que l'objet de la philosophieest le bonheur du genre humain, Helvétius se donne pour programme de construire une science de l'homme enemployant les méthodes de la physique positive.

Comme Locke, Condillac, La Mettrie, il part de la sensibilitéorganique dont toute vie mentale dérive par extension et composition.

Pour Helvétius l'innéisme est le frère jumeaude la révélation qu'il entend combattre sans pactiser : il faut donc que le jugement lui-même, perdant touteautonomie, se réduise au « sentir ».

Diderot le critiquera à bon droit.

Mais ni Diderot ni Helvétius ne pouvaientélaborer une dialectique du sensible et du conceptuel comme formesqualitativement distinctes, quoique solidaires, d'adaptation au réel.Pour Helvétius, tout étant « explicable par la sensibilité physique, il est inutiled'admettre en nous d'autres facultés ».C'est pourquoi « nous sommes uniquement ce que nous font les objets qui nous environnents». La science de l'homme sera donc science des passions qui naissent en nous decette perpétuelle action du milieu.

Le discours moralisateur est impuissantcontre la loi passionnelle de nos comportements.

Seule la passion peutéquilibrer la passion.

Comme le physicien étudie les forces qui se conjuguent ous'opposent dans l'univers, Helvétius dresse l'inventaire des forces quiconduisent l'homme 3.

Les rapports sociaux sont dans leur vérité des rapportsentre forces qui se combattent ou se composent.

Comme Locke, Condillac, etplus tard Stuart Mill et les économistes bourgeois, Helvétius va de l'individu à lasociété.

On se donne un individu, — besoins, passions, intérêts, —et l'onadmet que les lois qui règlent les rapports sociaux reflètent les loispsychophysiques de l'individualité.

Puisque tout individu fuit la douleur,recherche le plaisir, le problème social se pose ainsi : créer des conditions propres à faire que tout individu trouve son plaisir à concourir au plaisir d'autrui, c'est-à-dire au bonheur commun.La pierre angulaire d'une telle construction est donc la notion d'intérêt, qui sera plus tard au centre de l'utilitarismeanglais.Pour Helvétius les jugements moraux eux-mêmes se fondent sur l'intérêt.

La « vertu » peut bien proclamer sondésintéressement, nulle conduite humaine n'échappe à la loi d'intérêt.

La seule question, pour le philosophe et le. »

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