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Claude Bernard

Publié le 22/02/2012

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claude bernard
Né à Villefranche, Claude Bernard devint préparateur en pharmacie à l'âge de dix neuf ans. Il voulait écrire pour le théâtre mais, suivant les conseils dissuasifs du célèbre critique Saint Marc Girardon, il opta pour l'étude de la médecine. Il n'exerça jamais et se consacra entièrement à la physiologie en travaillant avec Magendie, à qui il succéda en 1855 à la chaire de médecine expérimentale du Collège de France. Bernard montra que les principaux processus de digestion se produisent dans le petit intestin et qu'en cassant les molécules grasses, les sécrétions pancréatiques sont un agent de la digestion. Sa femme révoltée par ses expériences sur les animaux adhéra à la société contre la vivisection à laquelle elle fit d'importants dons. En se livrant à des expériences sur le curare, Bernard établit la contractilité autonome des muscles. En 1847, l'Académie des sciences lui décerna le prix de physiologie expérimentale. Bernard découvrit les importantes fonctions glycogéniques du foie ; il montra également que le suc pancréatique transforme l'amidon en maltose. Il formula la théorie de l'environnement interne, de la régularité duquel dépend la vie. Il découvrit également les nerfs vasomoteurs et leur effet sur le contrôle de la circulation sanguine. Il reçut la Médaille Copley deux ans avant sa mort. Claude Bernard fut le premier scientifique à bénéficier de funérailles nationales en France. Son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale est un classique de la littérature scientifique.

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« n'avoir pas voulu devenir un médecin riche et mondain. Les découvertes de Bernard, aujourd'hui dépassées, illustrent la méthode qu'il inventa et qui insuffla un espritnouveau dans la physiologie puis dans la médecine.

Le premier, il introduisit cette conception fécondante : pourexpérimenter, il faut partir d'une hypothèse, d'une intuition.

Si l'expérience "pour voir" dit le contraire de ce qu'on enattendait, elle suggérera du moins un raisonnement nouveau qui donnera lieu à de nouvelles expériences ; et ainside suite jusqu'au succès.

Mais elle doit toujours s'incliner devant les faits. Tel est l'enseignement essentiel du plus beau livre de Claude Bernard : l'Introduction à l'étude de la médecineexpérimentale, qui lui ouvrit les portes de l'Académie française : belle revanche pour l'admirable écrivain déçu danssa jeunesse ! Beaucoup d'autres honneurs auxquels il ne tenait guère vinrent le chercher dans le froid laboratoire où il contractal'affection rénale qui, achevant l'Oeuvre déprimante de plusieurs autres misères physiques, emporta Claude Bernardle 16 février 1878.

Il avait été appelé à siéger au Sénat impérial par Napoléon III peu de temps avant le désastre de1870 qu'il ressentit profondément, comme le prouvent ses lettres à une brillante et admirable amie de ses dernièresannées, Mme Raffalovich. Autour de sa tombe (qui est au Père-Lachaise), une dispute parfois se ranime encore entre athées et croyants :aux approches de la mort, inclina-t-il vers la religion, comme l'a fait penser un entretien qu'il eut avec le père Didon? Le fameux "déterminisme" de Claude Bernard interdit à la physiologie de faire intervenir dans ses recherches ou sesexplications des arguments d'ordre religieux ou métaphysique et par conséquent incontrôlables par l'expérience.Néanmoins, Claude Bernard, surtout vers la fin de sa carrière, s'est élevé aussi bien contre les doctrinesmatérialistes que contre les doctrines spiritualistes.

Il a même écrit qu'il admettait une cause initiale du monde.

Iltenait le sentiment religieux pour inaliénable, voire indispensable, et ne l'a jamais combattu.

Il nie que la sciencepuisse venir au secours de la religion, mais aussi qu'elle puisse conduire à contester l'existence de l'âme et celle deDieu.

En fait, il a probablement envié les croyants.

Peut-être a-t-il frôlé et même trouvé la foi. Il a frôlé aussi, mais sans la faire, la grande découverte qui allait illustrer Pasteur, plus jeune que lui de dix ans. S'il eût vécu plus longtemps, il aurait vu la médecine demeurer, plus qu'il ne le souhaitait, un art, mais devenirchaque jour davantage ce qu'il avait voulu de toutes ses forces : une science, une science expérimentale. Introduction à la médecine expérimentale - Claude Bernard L'Expérience des petits lapins On apporta un jour dans mon laboratoire des lapins venant du marché.

On les plaça sur une table, où ils urinèrent,et j'observai par hasard que leur urine était claire et acide.

Ce fait me frappa parce que les lapins ont ordinairementl'urine trouble et alcaline, en leur qualité d'herbivores, tandis que les carnivores, ainsi qu'on le sait, ont, au contraire,les urines claires et acides.

Cette observation d'acidité de l'urine chez les lapins me fit venir la pensée que cesanimaux devaient être dans la condition alimentaire des carnivores.

Je supposai qu'ils n'avaient probablement pasmangé depuis longtemps et qu'ils se trouvaient ainsi transformés par l'abstinence en véritables animaux carnivores,vivant de leur propre sang.

Rien n'était plus facile que de vérifier par l'expérience cette idée préconçue ou cettehypothèse.

Je donnai à manger de l'herbe aux lapins, et quelques heures après leurs urines étaient devenuestroubles et alcalines.

On soumit ensuite les mêmes lapins à l'abstinence, et après vingt-quatre ou trente-six heuresau plus, leurs urines étaient redevenues claires et fortement acides ; puis elles devenaient de nouveau alcalines enleur donnant de l'herbe, etc.

Je répétai cette expérience si simple un grand nombre de fois sur les lapins, et toujoursavec le même résultat.

Je la répétai ensuite chez le cheval, animal herbivore qui a également l'urine trouble etalcaline.

Je trouvai que l'abstinence produit, comme chez le lapin, une prompte acidité de l'urine, avec unaccroissement relativement très considérable de l'urée, au point qu'elle cristallise parfois spontanément dans l'urinerefroidie.

J'arrivai ainsi, à la suite de mes expériences, à cette proposition générale qui alors n'était pas connue, àsavoir qu'à jeun tous les animaux se nourrissent de viande, de sorte que les herbivores ont alors des urinessemblables à celles des carnivores. Il s'agit ici d'un fait particulier bien simple qui permet de suivre facilement l'évolution du raisonnement expérimental.Quand on voit un phénomène qu'on n'a pas l'habitude de voir, il faut toujours se demander à quoi il peut tenir, ou,autrement dit, quelle en est la cause prochaine ; alors il se présente à l'esprit une réponse ou une idée qu'il s'agit desoumettre à l'expérience.

En voyant l'urine acide chez les lapins, je me suis demandé instinctivement quelle pouvaiten être la cause.

L'idée expérimentale a consisté dans le rapprochement que mon esprit a fait spontanément entrel'acidité de l'urine chez le lapin et l'état d'abstinence, que je considérai comme une vraie alimentation de carnassier.Le raisonnement inductif que j'ai fait implicitement est le syllogisme suivant : les urines des carnivores sont acides ;or les lapins que j'ai sous les yeux ont les urines acides ; donc ils sont carnivores, c'est-à-dire à jeun.

C'est ce qu'ilfallait établir par l'expérience. Mais, pour prouver que mes lapins à jeun étaient bien des carnivores, il y avait une contre-épreuve à faire.

Il fallaitréaliser expérimentalement un lapin carnivore en le nourrissant avec de la viande, afin de voir si ses urines seraient. »

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